La Méditerranée ne séduit plus les croisiéristes. C’est du moins ce qu’il ressort du bilan brossé par l’association MedCruise dans son dernier rapport annuel. Selon cette étude, le volume de croisiéristes a plongé de 4,1 % en 2017 par rapport à l’année précédente. Traduit en chiffres, cela veut dire 1,1 million de passagers en moins sur les 27 millions enregistrés en 2016, soit 25,9 millions en 2017. Autre constat important: le volume de trafic de croisiéristes a augmenté de 18,3 % durant les dix dernières années.
Alors comment expliquer cette tendance à la baisse enregistrée sur les trois dernières années par les experts? Selon plusieurs politologues, l’instabilité et la crainte des attentats seraient à l’origine du changement de destination. Pour les opérateurs, tous les scénarios restent ouverts même si, en coulisses, certains s’alignent sur les déclarations des politologues. Par ailleurs, cette diminution ne serait que temporaire, ajoutent les opérateurs du secteur interrogés par MedCruise, les prévisions pour 2018 évoquant un retour à la normalité, c’est-à-dire un volume de trafic identique à celui de 2016. Toutefois, pour stabiliser la situation et éviter l’effet yoyo, « il faut renforcer le rôle des ports méditerranéens dans le secteur de l’industrie croisiériste mondiale », estime Airam Diaz Pastor, président de MedCruise. Cela veut dire organiser une campagne de visibilité coup de poing, monter de nouveaux parcours et éventuellement retoquer la gamme des tarifs selon les saisons et les compagnies. « Il faut aussi agir tous ensemble, les ports, les membres des associations au nom de la croissance sur le long terme des activités croisiéristes », ajoute Airam Diaz Pastor.
Une situation inégale
Dans les détails, le rapport de MedCruise fait état d’une situation inégale, 25 des ports membres de l’association ayant enregistré une hausse de leur volume de trafic l’an dernier, 7 n’ayant remarqué aucun changement et 42 sites ayant en revanche souligné un recul important. Au hit-parade des ports croisiéristes en pleine forme, Barcelone, Civitavecchia et les îles Baléares sont en tête de peloton avec un volume de trafic supérieur aux 2 millions de passagers. Du côté des ports en perte de vitesse, Marseille enregistre une baisse de ses activités croisiéristes de 6,9 %, Venise de 11,1 % et, en Grèce, le port du Pirée de 3,5 % et aussi Naples, Gênes et Savone. Aux Canaries, l’île de Tenerife a le vent très en poupe, le rapport soulignant une progression de 9 % de son chiffre croisiéristes.
Selon les prévisions, la situation des ports en difficulté devrait se stabiliser d’ici la fin de l’année notamment en ce qui concerne la partie italienne avec Civitavecchia, Venise, Naples et Gênes qui devraient renouer avec la croissance. Un autre rapport assure que la tendance 2018 dans les ports de la Méditerranée pourrait relever carrément du paradoxe avec certes un retour en grâce de ces destinations et un trafic égal à celui de 2016 mais une quote-part nettement plus faible en ce qui concerne le volume mondial, c’est-à-dire à peu près 15,2 % soit l’équivalent de 2008.