Malgré le succès remporté aux élections législatives du 4 mars dernier, le Mouvement 5 étoiles qui a effectué un score de 32 % n’a pas obtenu la majorité requise au Parlement pour gouverner seul, le seuil étant fixé à plus de 40 %. La Ligue du Nord, proche des 18 %, est légèrement plus près du but, c’est-à-dire la présidence du Conseil puisqu’elle fait partie de la coalition de centre-droit qui a séduit 37 % des électeurs. Il suffirait d’un accord avec les démocrates, par exemple, pour que le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, puisse tenter de former un gouvernement. Selon la Constitution, le chef de l’État, qui joue le rôle d’arbitre, doit entamer des consultations avec les partis. Puis, il doit indiquer une personnalité et lui confier un mandat d’exploration. Ce candidat devra sonder le Parlement afin de tenter de trouver une majorité et former un gouvernement. A priori, un accord entre les deux vainqueurs, membres du courant populiste et souverainiste, est quasiment impossible. Car, si leur ligne est quasiment identique sur les thèmes de l’immigration et de la fiscalité, elle diverge en revanche sur la question des transports et du maritime.
Pour améliorer le potentiel du système portuaire, la Ligue du Nord propose la création d’un ministère de la Mer chargé des questions portuaires, de la pêche et des infrastructures. Ce parti veut aussi retoquer la réforme portuaire entrée en vigueur l’an dernier. Autre point important: la relance des ports du Sud de la péninsule, laissés à l’abandon. L’idée est de « saturer Gênes et Trieste puis d’engager les ports du Sud de la botte dans la voie de la compétitivité », a récemment affirmé Matteo Salvini en présentant son programme à la pointe de la botte. Il a ajouté que ces ports, désormais spécialisés dans le transbordement « et rien d’autre, sont pénalisés en termes de développement durable, il faut donc investir pour leur permettre de devenir de véritables passerelles ». Cela veut dire, pour le ligueur, investir chaque année quelque 3 Md€, une enveloppe qui ne serait pas inscrite dans la loi de stabilité, par exemple dans les ports de la Sicile ou de Gioia Tauro (Calabre), pour leur donner la possibilité d’augmenter leur trafic de conteneurs après une remise en ordre de leurs infrastructures. Un programme vaste mais surtout confus d’autant que Matteo Salvini n’indique pas comment cette enveloppe sera financée.
Le Mouvement 5 étoiles encore plus ambitieux
Le Mouvement 5 étoiles (M5s) est encore plus ambitieux, la partie de son programme concernant le maritime étant articulé en une dizaine de points. Globalement, l’idée est de relancer le fer en remaniant les réseaux dans les ports. Puis, d’évaluer les liaisons via les voies d’eau internes. Au chapitre Venise et paquebots, le mouvement propose d’interdire le passage des grands navires, de soutenir et mettre en valeur « les croisières de qualité, dimension et cabotage ne dépassant pas les normes ». Proche des politiques de sauvegarde de l’environnement des verts, le M5s veut renforcer les contrôles sur les navires au niveau des carburants. Pour la logistique, il veut favoriser le passage du transport routier sur le fer, pour les passagers et les marchandises toujours afin de réduire la pollution environnementale et acoustique. Et aussi, rationaliser et réglementer les complexes industriels de l’hinterland afin d’éviter la prolifération incontrôlable. Dernier point: revoir le système de nomination des présidents des autorités portuaires et augmenter les primes aux transporteurs qui abandonneront la route au profit des voies d’eau pour le transport des marchandises.