Les navires grandissent et le port de La Rochelle met tout en œuvre pour les accueillir. « Le transport maritime est en pleine évolution », a rappelé Philippe Guillard, directeur des opérations, lors de la présentation du programme « Port Horizon 2025 ». 90 % du transport mondial de marchandises se fait par voie maritime et la croissance du trafic jusqu’en 2040 devrait tourner en moyenne autour de + 3,6 % par an. « Les armateurs ont déjà anticipé cette évolution en augmentant la taille des navires, de plus en plus larges et de plus en plus profonds, et en s’orientant vers une massification des flux. La Rochelle doit pouvoir accueillir ces navires de nouvelle génération. La place est aujourd’hui reconnue comme un port en eaux profondes. Nous devons rester dynamiques et compétitifs. »
Le programme est ambitieux et concerne plusieurs sites du port: déroctage du chenal d’accès, aménagement du plan d’eau et des quais de Chef de Baie, construction du quai de l’Anse Saint-Marc 3 et achèvement de La Repentie. Là où le port innove, c’est dans son choix de porter ses orientations sur la place publique.
Il lance en effet une vaste concertation pour faire connaître ses projets pour les huit prochaines années. Une nouvelle loi, votée à l’été 2016 et appliquée depuis le 1er janvier 2017, a changé la donne en ce qui concerne la participation du public. Pour les projets portant sur des investissements de 75 à 150 M€, le maître d’ouvrage a désormais la possibilité de lancer cette démarche de concertation. Au-delà de 150 M€, il en a même l’obligation.
Un projet de 88 M€
Les projets du port de La Rochelle portent sur « seulement » 88 M€. Mais sa gouvernance a quand même décidé de jouer la transparence. Il est vrai que le Grand Port maritime a dû affronter, ces dernières années, plusieurs organisations de riverains ou de protecteurs de l’environnement. Dans leur collimateur, l’implantation d’Holcim, devenu depuis Eqiom, le stockage des produits pétroliers, une première opération de déroctage, l’implantation d’une unité de traitement des sédiments marins…
Déjà, le port rencontrait ses détracteurs, discutait, échangeait, écoutait remarques et critiques. Mais souvent, le projet était déjà lancé. Avec la concertation publique, les mêmes échanges se font donc très en amont du projet et permettent de mieux prendre en compte les éventuelles doléances des habitants ou les conseils avisés des protecteurs de l’environnement.
Pour mener à bien cette concertation, le port a saisi la commission nationale du débat public, dont le rôle a été renforcé et les compétences élargies par la loi du 3 août 2016. Un garant a été désigné en la personne de Claude Renoux. Son rôle: « Donner la parole et la faire entendre ».
Le port a aussi publié un livret qui récapitule l’ensemble de ses projets. Il est distribué depuis le début février et jusqu’à la mi-mars. Il sert de base de discussion lors des rencontres que multiplient les agents du port en différents lieux de l’agglomération.