La Rochelle tient à conserver sont statut de port en eaux profondes, et donc s’adapter à l’accroissement de la taille des navires. « Les navires de pâte à papier actuellement en construction ont jusqu’à 14 mètres, 14,50 mètres de tirant d’eau », rappelle Philippe Guillard, directeur des opérations. « On ne pourrait les accueillir que quatre jours par mois. Mais en approfondissant le chenal d’accès, le rapport s’inverse, ce ne sera plus que quatre jours par mois que nous ne pourrons plus les accueillir ».
Le programme est ambitieux et concerne plusieurs sites du port: déroctage du chenal d’accès, aménagement du plan d’eau et des quais de Chef de Baie, construction du quai de l’Anse Saint-Marc 3 et achèvement de La Repentie. Là où le port innove, c’est dans son choix de porter ses orientations sur la place publique.
Le chenal d’accès va donc être dérocté pour gagner 1 mètre supplémentaire de profondeur. Il ne s’agit pas de creuser sur un mètre, mais d’aplanir le relief et d’écrêter les bosses signalées par les pilotes pour obtenir un tirant d’eau uniforme et sécuriser les manœuvres. L’aire comprise entre Chef de Baie et le quai Lombard va subir la même opération pour gagner 0,5 à 1 mètre. Toujours pour recevoir les très grands navires, les souilles des quais de Chef de Baie et du quai Lombard vont elles aussi être agrandies. Enfin, le déroctage portera aussi sur l’aire d’évitage sur l’anse Saint-Marc 3, dans le but de gagner là encore 1 mètre.
Le dragage devrait produire 550 000 m3 de sédiments qui seront relargués au large. Quant aux 750 000 m3 de matériaux obtenus par le déroctage, ils seront valorisés en remblais et versés dans le casier de l’anse Saint-Marc 3 et de La Repentie.
Prêt pour un hub pâte à papier
Après les fonds marins, le port s’attaque également aux quais de Chef de Baie. L’activité sablière qui occupe actuellement le bout de cette zone va être transféré sur l’anse Saint-Marc. L’espace ainsi libéré va servir à l’aménagement d’un nouveau terminal qui viendra compléter les trois déjà en fonctionnement. Il sera doté un quai de 250 mètres de long, perpendiculaire à ceux existants, et une souille à 14 mètres.
Sur ses arrières, sera aménagé un terre-plein de 6 hectares destiné à recevoir des conteneurs. Les trois premiers quais de Chef de Baie vont être eux aussi adaptés à l’accueil des post-Panamax. Leur souille va être élargie pour atteindre 45 mètres. Le quai de Chef de Baie 3, actuellement à 9 mètres de profondeur, passera lui aussi à 14 mètres, comme les deux premiers quais.
L’ensemble sera embranché pour amener les céréales qu’exporte le groupe Soufflet, dont les silos ont pris place à l’extrémité ouest du site, et expédier la pâte à papier débarquée sur Chef de Baie.
50 % d’autofinancement
Plus au nord, un troisième quai est prévu sur l’anse Saint-Marc. Les deux quais déjà aménagés au cours des dernières années, longs respectivement de 150 et 200 mètres, vont être prolongés par un troisième, de 250 mètres cette fois, complété d’un nouveau terre-plein de 4 ha. Ce troisième terminal sera spécialisé dans la manutention des colis lourds. Il vise notamment l’activité liée à l’éolien offshore que souhaite développer le port.
Dans ce même objectif, il faudra aussi faciliter la circulation entre l’anse Saint-Marc et la plateforme de 35 ha de La Repentie, voisines l’une de l’autre mais aujourd’hui séparées par le viaduc menant au môle d’escale. Le premier tronçon de celui-ci, qui reposera alors sur la terre ferme, sera donc démantelé. Avec cette difficulté supplémentaire qu’il sert aussi de support aux pipes amenant les produits pétroliers jusqu’à leur stockage. Ces pipes seront donc descendus et enterrés pour laisser la surface aux voies terrestres.