Les trafics ont mis les gaz

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Les trafics portuaires des vracs liquides sont à la croisée des chemins. Les grands centres pétroliers de l’Europe commencent leur mutation énergétique. Une tendance qui commence à se faire jour dans certains ports même si le pétrole conserve encore son intérêt. Dans son analyse de marché mensuelle, l’Ufip (Union française des industries pétrolières) indique que la consommation de carburants routiers sur l’année 2017 a augmenté de 0,5 %. « Les supercarburants poursuivent leur croissance, tirés par les achats de véhicules neufs essence en forte croissance cette année. Néanmoins, le gasoil reste prépondérant avec une part de 80,2 % ». Quant aux produits pétroliers, ils continuent de croître, et ce « malgré les gains d’efficacité énergétique, compte tenu de la forte augmentation du nombre de véhicules et de la hausse du trafic aérien ».

Ainsi, au nord, Rotterdam a vu son trafic de pétrole brut en entrée augmenter du fait des bonnes marges opérationnelles du raffinage national. La même chose se constate dans le cluster portuaire de Haropa. La combinaison entre la hausse de la consommation de carburants et l’activité des raffineries de la Seine à plein a dynamisé le trafic portuaire de vracs liquides. Ce retour en grâce du raffinage européen, après avoir été vilipendé au début de la décennie comme étant trop cher par rapport aux raffineries des pays émergents, se répercute immédiatement dans les trafics des centres pétroliers du Vieux Continent. À Anvers, le trafic de vracs liquides a connu un sommet en 2017, indique l’autorité portuaire qui affiche une hausse de 49,9 % en entrée de pétrole brut. Sur la Loire, dans le Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire, le pétrole brut est revenu en force. La raffinerie de Donges a tourné à plein régime nécessitant la réception de nombreux tonnages. Ces augmentations de pétrole brut se répercutent sur l’ensemble des façades maritimes européennes. Ainsi, Bilbao voit ses trafics de brut augmenter tout comme le gasoil. Une raffinerie qui fonctionne à plein régime et les trafics de brut augmentent.

Les marges opérationnelles du raffinage

À l’inverse, dès lors que la raffinerie qui s’alimente par le port connaît des soucis, ce sont les trafics portuaires qui subissent en première ligne les conséquences. Ainsi, à Marseille-Fos, l’arrêt de la raffinerie de La Mède a lourdement touché les produits de vracs liquides. Le port phocéen affiche une baisse de 5 % de ces courants. Un événement du même type est survenu sur le Grand Port maritime de La Rochelle. Les incidents intervenus en début d’année 2017 pour un exploitant du site portuaire et les travaux d’aménagement sur le terminal ont eu pour effet de réduire le volume traité de produits pétroliers. Un épisode qui ne fait pas entrer le port dans une baisse structurelle mais plutôt dans des événements conjoncturels. L’augmentation des trafics destinés aux raffineries a aussi un effet « pervers » pour les autres vracs liquides. En effet, le fonctionnement de ces raffineries limite, pour certains ports, les importations de produits raffinés qui se consomment localement, voire nationalement. Ce qui était exporté hier est plus tourné vers la consommation locale et, par voie de conséquence, agit sur les exportations maritimes de produits raffinés.

D’autres ports sont plus inquiets sur la filière. Ainsi, le Grand Port maritime de Bordeaux affiche une baisse de ses hydrocarbures de 200 000 t. Une diminution qui est conjoncturelle pour la direction du port. C’est sur l’avenir de la filière que le port se dit attentiste. Les déclarations du gouvernement pour l’arrêt de toute recherche et exploitation de nouveaux puits en France pourrait mettre à mal le futur de ce secteur dans le port girondin. La société Vermilion a dans ses cartons plusieurs projets qui pourraient être arrêtés si les nouvelles mesures gouvernementales devaient s’appliquer.

Des flux gaziers vers le Nord et l’Ouest

Si le pétrole et les produits pétroliers participent dans une large mesure aux trafics de vracs liquides, il devient indéniable que le trafic de GNL (gaz naturel liquéfié) prend une importance grandissante. Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire et Marseille constituent désormais les trois principaux points d’entrée du gaz en France. Si, à Nantes et à Marseille, les terminaux méthaniers sont implantés depuis quelques années, celui de Dunkerque a connu, en 2017, sa première année d’exercice. Il a accueilli au cours de l’année 866 000 t de gaz, notamment en provenance de Russie. Et les perspectives pour les prochains mois sont bonnes, selon la direction du port septentrional. Le port ligérien est dans la même situation avec un trafic en hausse de son gaz et des opérations de transbordement de navire à navire qui amènent la direction générale du port à parler de hub méthanier pour le port ligérien. La situation gazière est plus compliquée dans le Sud. Le Grand Port maritime de Marseille-Fos affiche une baisse de ses trafics de GNL de 6 % à 5,1 Mt. « La reprise du GNL se fait attendre », a indiqué Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du GPM de Marseille-Fos lors de la présentation des résultats. À Rotterdam, le port voit ses trafics de GNL progresser de 16,5 %. La consommation nationale de GNL est en hausse mais aussi celle des navires. La demande en GNL pour la propulsion devient un élément déterminant désormais, avec les nouvelles normes imposées par la convention Marpol VI. Dans le Nord de l’Europe, Dunkerque et Haropa se positionnent aussi sur ce segment pour alimenter les navires qui entrent dans la zone Seca, qui va de la Manche jusqu’en Baltique. Dans le Sud, Barcelone voit son trafic de gaz en forte hausse avec une augmentation de 64 % à 4 Mt.

La croissance des produits chimiques

Les autres vracs liquides dans les ports européens ont connu des sorts divergents. Les biocarburants tendent à se développer. Sur le port de Sète, les biocarburants affichent une hausse de 1 % à 412 037 t. À Brest, les entrées de ces produits EHMV, le diester, sont en baisse. Dans les autres secteurs des vracs liquides, et notamment sur les produits chimiques, les moteurs de la croissance étant au vert, les trafics suivent la tendance. À Haropa, ces trafics de produits chimiques sont en hausse de 3,8 % sur les neuf premiers mois de l’année et devraient finir dans les mêmes proportions sur les douze mois de l’année. Une situation analogue dans le port de Bayonne qui a vu ses trafics de produits chimiques croître en 2017. Et, en fin d’année, une hausse des engrais a permis à cette filière de se maintenir à la deuxième place des trafics du port basque.

Les dérivés de pétrole ont aussi profité de la croissance. Ainsi, à Anvers, les produits dérivés ont augmenté de 3,1 % pour atteindre 52,9 Mt. Ils entrent pour 75 % du trafic des vracs liquides du port.

Bilan des ports européens

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