L’Europe de la conteneurisation est dominée par trois grands ports: Rotterdam, Anvers et Hambourg. Les autres viennent loin derrière. En 2017, ils sont deux, Anvers et Rotterdam, à avoir dépassé la barre des 10 MEVP traités sur leurs quais. Rotterdam, premier port européen et 9e port mondial, caracole en tête avec 13,7 MEVP. Il affiche une croissance de 10,7 %. Une croissance de son trafic qui s’est principalement fait remarquer dans le courant du second semestre. En effet, sur les six derniers mois de l’année, Rotterdam enregistre une hausse de son trafic conteneurisé de 14 %. Il a profité des relations commerciales en plein essor avec l’Extrême-Orient, l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord pour développer son trafic. Rotterdam est devenu aussi une plateforme de transbordement. Le trafic feeder du port a progressé de 21 %. Il est désormais un des principaux centres de redistribution des boîtes vers la Scandinavie et les pays de la Baltique. Son dauphin, Anvers, suit à trois longueurs avec un trafic de 10,4 MEVP, en hausse de 4,1 %. L’autorité portuaire fait le même constat que son concurrent néerlandais. La reprise économique s’est fait sentir dès la fin du premier semestre. Ainsi, en mai, puis en août et en octobre, le port d’Anvers a aligné des records de trafic mensuel en traitant plus de 900 000 EVP par mois. Si l’Extrême-Orient, l’Amérique du Nord et du Sud voient leurs volumes progresser, les liaisons avec l’Europe sont en net repli. Les feeders sur l’Europe ont perdu 3,6 %. Le troisième de ce tiercé de tête est l’exception qui confirme la règle. Le port de Hambourg a perdu 1 % de son trafic à 8,8 MEVP. Le port subit de plein fouet deux éléments qui le handicapent lourdement. D’une part, les travaux de dragage de l’Elbe sont englués dans des procédures judiciaires et ne se réalisent pas encore, bloquant ainsi la capacité du port de traiter les navires de dernière génération. Ensuite, Hambourg s’est fait, au cours des années précédentes, une spécialité du transbordement avec la Russie. Or, les sanctions européennes à l’égard de ce pays, dans le cadre du conflit avec l’Ukraine, ont sensiblement restreint les trafics avec Saint-Pétersbourg.
Haropa profite de l’arrivée des alliances
Le premier port français dans ce classement européen est Haropa. Avec 3 MEVP et une progression de 14 %, les ports de la Seine ont su tirer leur épingle du jeu. L’arrivée des alliances d’armateurs (2M, Ocean Alliance et ONE) a fait le choix de toucher le port du Havre. De plus, Haropa a développé un réseau de feeder sur les îles britanniques et sur l’Ouest de l’Europe. Avec 1,5 MEVP, Zeebrugge a repris des volumes en 2017. Si le port belge s’est largement fait distancer par ses concurrents en raison des choix des opérateurs de manutention, l’arrivée d’un service d’Ocean Alliance, le développement du trafic de P&O Ferries sur Hull avec un porte-conteneurs et l’entrée en service du service de Seatrade pour les trafics de Kiwi depuis la Nouvelle-Zélande ont bien aidé le port à rattraper une partie de son retard. Après la défection d’APM Terminals sur le port et l’arrivée de Cosco Ports, Zeebrugge souhaite revenir dans la course des principaux ports du Nord. Enfin, Dunkerque se débat face aux géants de la conteneurisation. Avec 374 000 EVP traités en 2017, le port a réalisé une belle performance en augmentant son trafic de 10 %. Un beau score pour le port du Nord qui a subi les effets des ouragans qui ont touché les Antilles en octobre. Les deux cyclones ont détruit la majorité des plantations de bananes dans les Antilles. Or, Dunkerque reçoit une grande partie de ses trafics conteneurisés depuis cette région. Face à ce contexte et pour assurer une consolidation de sa position sur les produits réfrigérés, le port a entrepris en fin d’année de rencontrer les producteurs sud-américains pour développer cette filière.
À l’ouest, les trafics sont moindres. Deux ports sortent du lot sur la côte atlantique. Bilbao, qui réalise un trafic de 604 870 EVP. Un trafic en hausse de 1,37 %. Une croissance que le port attribue surtout à l’augmentation des trafics sous température contrôlée qui ont progressé de 2 % en 2017. L’autre principal port atlantique est celui de Nantes-Saint-Nazaire. Avec 195 000 EVP, le port affiche une hausse de 3,2 % de son trafic. Un gain que la direction du port attribue à MSC qui a étoffé son service vers l’Europe du Sud et du Nord mais aussi à l’extension du service de CMA CGM qui touche le port ligérien et qui dessert désormais l’Égypte et le Liban. De plus, UASC, armement appartenant désormais à Hapag-Lloyd, a ouvert une ligne sur le Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire avec l’Aie, et Nile Dutch a développé son service sur l’Afrique de l’Ouest. Les autres ports de la côte atlantique ont des résultats conteneurisés plus modestes. Bordeaux accuse un nouveau retard avec une baisse de 6,1 % à 53 711 EVP. Le port girondin souffre de l’inactivité sur son terminal du Verdon. « Le terminal de Bassens n’est pas adapté. Nous avons besoin d’un grand terminal au Verdon », explique la direction du port. Les procédures sont actuellement en cours de négociation avec un opérateur. Selon le calendrier fixé par l’autorité portuaire, le trafic du terminal du Verdon devrait reprendre d’ici la fin de l’année. Sur le port de Brest, le trafic conteneurisé enregistre une croissance de 7 % à 46 695 EVP. Un trafic qui démontre de la performance du port finistérien puisque le trafic de viandes congelées pour l’entreprise Doux se tarit. L’avenir d’une exportation de ces produits vers l’international est remis en cause et des rumeurs courent sur un arrêt des exportations. De plus, le port de Brest, qui traite une partie de ses trafics de bois par conteneurs, voit ces trafics se réduire depuis l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation française obligeant les exportateurs à traiter lourdement les grumes avant exportation. Les épicéas qui sortent de Brest partent donc désormais par d’autres ports comme Anvers, où la réglementation est moins rigide. Quant au Grand Port maritime de La Rochelle, le trafic de conteneurs est en sensible recul. Avec 6 343 EVP manutentionnés, le port charentais enregistre une chute de 30 % de son trafic. Il est le reflet des trafics de produits forestiers largement déficitaires et qui sont acheminés par conteneurs. L’ouverture d’une nouvelle escale vers Le Havre, pour connecter le port avec les grandes lignes internationales, devrait permettre au Grand Port maritime de La Rochelle de redresser la barre en 2018.
Marseille-Fos progresse de 10 %
Au sud, les deux grands ports, Marseille-Fos et Barcelone, ont affiché des hausses importantes de leur trafic. Le port catalan a réalisé un trafic de 2,9 MEVP, avec une hausse de 32,3 %. L’Extrême-Orient et le cabotage européen emportent la majorité de ces flux. La particularité de ce port est d’avoir une majorité de conteneurs pleins dans son trafic. Avec 2,2 MEVP, en hausse de 37 %, Barcelone traite 75 % de son trafic avec des conteneurs pleins. De plus, 40 % de son trafic est réalisé sur le transbordement. Barcelone a réalisé en 2017 1,06 MEVP en transbordement, en progression de 136 %. Quant à Marseille, le trafic conteneurisé s’établit à 1,4 MEVP, en hausse de 10 %. L’ouverture de trois nouvelles lignes sur les quais de Marseille a dopé en partie ce trafic.