La reprise économique a boosté le conventionnel

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Les marchandises diverses sont au trafic portuaire ce que le poème de Prévert est à la poésie, un amalgame de différentes marchandises qui, ensemble, font un tout important. Dans cette catégorie de trafics, nous incluons toutes les marchandises qui ne sont pas transportées en vrac, à l’exception des conteneurs que nous avons décidé de traiter à part.

Une grande partie de ces trafics conventionnels sont réalisés en roulier. Deux types de trafic se distinguent dans cette filière. En premier lieu, il s’agit des chargements de poids lourds sur des ferries destinés à rejoindre un autre pays. Dans le Nord, le Transmanche vers la Grande-Bretagne et l’Irlande emporte une large partie de ces trafics. Depuis Rotterdam jusqu’à Roscoff, les trafics Transmanche ont connu en 1997 un nouveau regain d’activité. Sur le détroit du Pas-de-Calais, le port de Calais a enregistré une hausse de 4,2 % de son trafic vers la Grande-Bretagne à 1,9 million d’unités transportées. Le port de Boulogne-Calais se félicite de ce résultat. Néanmoins, l’autorité portuaire souhaite retrouver sa position d’avant 2015. En effet, à cette époque Calais a réalisé 50 % de parts de marché du Transmanche. En 2017, le port a réalisé 47 % du marché. Il est à quelques encablures de son niveau de 2015. À Zeebrugge, le trafic avec la Grande-Bretagne demeure stable. Un point positif puisque les opérateurs ont craint que le vote en faveur du Brexit ait déjà conséquences. Dans les ports de Ports Normands Associés, Caen et Cherbourg, le trafic fret avec la Grande-Bretagne a progressé de 3,2 % à 123 288 unités. Le trafic avec l’Irlande a été moins à la fête avec une baisse de 0,5 % à 33 007 unités de fret transportées. Cette bonne performance du trafic Transmanche s’est aussi répercutée dans le port de Rotterdam. La mise en service de navires de plus grande taille et l’augmentation du nombre de liaisons a amené une hausse de 6,2 % du trafic avec le Royaume-Uni. Seul le Grand Port maritime de Dunkerque affiche une baisse de son trafic avec l’Angleterre. Le port septentrional perd 11 % à 612 000 unités de fret. Pour la direction du port, il s’agit surtout d’un rééquilibrage des flux entre Dunkerque et Calais qui s’est opéré. Les problèmes de sûreté sur le port de Calais étant derrière, le trafic s’est reporté sur la liaison la plus courte avec les ports britanniques. Dans l’Ouest, le roulier se fait principalement au départ de Nantes-Saint-Nazaire vers l’Espagne. Après une hausse en 2016, l’année 2017 s’est achevée sur des chiffres encourageants avec une nouvelle progression de 7 %. En se positionnant comme une plateforme au cœur d’un système d’autoroutes de la mer, Nantes-Saint-Nazaire a su démontrer de la faisabilité de telles lignes. Depuis le mois d’octobre, la ligne a augmenté le nombre de touchées. Désormais, le port ligérien accueille cinq escales hebdomadaires. Outre cette ligne, la Milk Run North, dédiée aux éléments pour Airbus, a augmenté son nombre d’escales passant d’une à deux escales avec Hambourg par semaine. Dans le Sud, les ports de Marseille-Fos et de Barcelone assurent des trafics fret avec les îles méditerranéennes, Corse et Baléares. Dans le port phocéen, les trafics rouliers ont augmenté de 7 % et cela notamment grâce aux trafics sur la Corse. À Barcelone, les trafics avec les Baléares restent stables d’une année sur l’autre.

Le développement du GPM de Nantes-Saint-Nazaire

Parallèlement à ces trafics de poids lourds, les ports européens ont développé des exportations et importations de véhicules neufs. Cette activité est une part importante du trafic pour des ports comme Anvers, Zeebrugge, Haropa-Le Havre, Nantes-Saint-Nazaire, Barcelone, Sète et Marseille-Fos. Ce trafic est le reflet des achats de véhicules neufs par les citoyens européens. La mise à l’index en France des véhicules diesels dans un futur proche et les incitations à l’achat de véhicules plus « écologiques » ont pesé en 2017 en faveur d’un renouvellement du parc automobile. Dans les autres pays européens, si le diesel n’est pas autant décrié, après des années de crise, la nécessité de renouveler le parc automobile se fait sentir. Le nombre de véhicules neufs achetés en Europe a connu une progression l’an passé. Avec 2,8 millions de véhicules neufs transbordés sur ses quais, Zeebrugge fait office de premier de la classe avec le port de Bremerhaven. Les deux ports du Nord de l’Europe se partagent une large part de ces trafics. Les trafics du port de Bremerhaven, ni les résultats de son principal manutentionnaire roulier, BLG, ne sont disponibles à l’heure où nous mettons sous presse. Le trafic automobile s’est aussi développé à Anvers avec une hausse de 4 % de cette filière à 1,2 million d’unités. Haropa-Port du Havre continue de prendre des parts de marché dans ce secteur. Le port affiche une hausse de 18 % à 300 000 unités. Un trafic qui incite la direction du port à agrandir son terminal roulier pour accueillir de nouveaux trafics. Nantes reste dans la lignée des autres ports avec une progression de 7 % à 111 000 véhicules traités sur les quais ligériens. Quant à Marseille-Fos, avec 198 000 véhicules traités en 2017, il affiche une progression de 18 %. Le trafic automobile de Barcelone est pour sa part à la peine avec une baisse de 8,7 % à 837 273 unités. Les exportations et les véhicules en transit affichent des baisses quand les importations restent sur une tendance de hausse légère.

En marge de ces trafics rouliers, les marchandises conventionnelles donnent une image de l’activité industrielle du continent. Elles se composent des produits sidérurgiques avec des importations de fers et d’aciers mais aussi des exportations de bois ou de colis lourds. Le développement de champs d’éolien, on shore et offshore, est devenu ces dernières années une source de trafic pour les ports situés à proximité de ces champs. Ainsi, globalement les trafics de ces différents produits sont en hausse. À Rotterdam, le conventionnel affiche une hausse de 9,8 % et cela grâce aux exportations de pièces pour les éoliennes. À Anvers, la bonne progression des importations de fers et d’aciers depuis l’Asie, l’Inde et la Turquie ont boosté ce trafic. Les mesures anti-dumping sur l’acier chinois par les autorités européennes ont nettement diminué les importations depuis l’Empire du milieu. Anvers voit son trafic d’acier chinois perdre 44 % en 2017. Les acheteurs se tournent désormais plus vers l’Inde, dont le trafic d’acier a augmenté de 91 % en 2017, vers Taïwan, le Vietnam ou encore la Turquie.

Produits forestiers: des difficultés réglementaires

Autre flux important dans le trafic de conventionnels, les bois et produits forestiers ont gagné en volume sur les quais de Ports Normands Associés avec une hausse de 54 % quand ils ont baissé à Brest. Ils ont été stables à Bayonne. Les évolutions de ces trafics dépendent largement du type de flux. Ainsi, Caen accueille principalement des flux en importation venant du Nord de l’Europe, tout comme Anvers ou Zeebrugge. L’export est plus le fait de Brest et de Bayonne. Dans le port du Finistère, les trafics de bois, principalement de l’épicéa qui sert pour les échafaudages, ont connu une baisse en raison de la nouvelle réglementation mise en place par le gouvernement français, lors de la précédente législature, qui oblige à modifier le traitement de bois. En appliquant à la lettre ces textes, le coût du bois à l’export a largement augmenté, le rendant moins compétitif sur le marché international. Des normes qui ne sont pas appliquées dans les mêmes conditions à Anvers. Le port scaldien a pu ainsi récupérer nombre de trafics. À Bayonne, les trafics de produits forestiers sont stables, « mais sans perspectives de croissance pour les prochaines années », indique l’autorité portuaire. Quant aux pâtes à papier, elles sont en forte baisse dans le port de Sète, à – 17,5 % et à La Rochelle où ils accusent un repli de 10,4 %. Dans le port charentais, tant les sciages, les placages, la pâte à papier et les grumes enregistrent une baisse de leur trafic. Il faut se rendre dans le Morbihan, au port de Lorient, pour voir les trafics de produits forestiers augmenter fortement.

Dans ce courant de trafic des conventionnels, les colis lourds et de dimension exceptionnelle interviennent aussi pour une part non négligeable. Ils sont présents dans de nombreux ports pour accompagner l’industrie locale dans ses exportations. Ainsi, Bilbao a vu 5 514 colis quitter ses quais en 2017, soit une augmentation de 23 %. Dans les autres ports européens, ces trafics interviennent mais pour une part moindre des trafics conventionnels. Hambourg, qui sert de porte de sortie pour les pièces de chaudronnerie allemande, a vu son trafic baisser en 2017. Il faut surtout voir ici une cause qui tient aux travaux que le principal manutentionnaire a réalisé en 2017. Hansa Buss a amélioré son terminal et a donc dû dévier des trafics sur d’autres ports.

Bilan des ports européens

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