Le premier Ministre n’a pas mâché ses mots lors des dernières Assises de l’économie de la mer. Il prétend avoir dévoilé une ambition maritime pour la France mais semble oublier qu’il lui faut avant tout rattraper trois décennies d’inaction. Vous l’avez souligné dans votre article, lors du Cimer qui s’est tenu à Brest, beaucoup sont restés sur leur faim. Et dans la retranscription que vous faites des Assises de l’économie de la mer, il ne s’agit pas d’une ambition maritime pour la France mais plutôt une vision étriquée de ce que pourrait être notre système portuaire. Restreindre la France à trois ports en Manche, Méditerranée et mer du Nord n’a de sens que dans une vision élitiste de notre système portuaire. Ne lui a-t-on pas appris, au premier Ministre, que La Rochelle, Nantes-Saint-Nazaire ou Bordeaux sont parfois en concurrence avec Anvers sur des trafics destinés au centre de la France? Ignorer le caractère international des ports de la façade atlantique est une hérésie. L’hypothèse d’une régionalisation de ces ports semble être une porte de sortie, dès lors que les régions voudront admettre qu’ils sont des sources d’emploi et d’aménagement du territoire. Ces annonces sont dans le droit chemin de la réforme de 2008 qui a été surtout bâtie pour Le Havre et Marseille en oubliant la diversité économique du système portuaire français. C’est en mettant tous les ports de France sur un pied d’égalité sans perdre de vue la complémentarité que les chargeurs français retourneront vers les débouchés maritimes naturels de leurs industries. Avant de vouloir hiérarchiser les ports français entre eux, il faudrait commencer par combler le retard accumulé. Heureusement que François Ier n’a pas eu le même état d’esprit qu’Édouard Philippe sinon il aurait dynamisé La Rochelle sans jamais investir un denier au Havre. N’oubliez pas, Monsieur le premier Ministre que votre ville du Havre a été créée par un Charentais.
Tribune libre
La reconfiguration du système portuaire français
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