Le changement climatique est devenu au fil des ans une préoccupation majeure des armateurs. De Brittany Ferry à CMA CGM, les commandes de nouveaux navires intègrent la dimension environnementale. Le 7 décembre, le secrétaire général du Baltic International Maritime Council, Angus Frew, a annoncé le renouvellement de son contrat pour une durée de cinq ans. À l’occasion de cette annonce, il a déclaré que « le plus important point sur l’agenda du Bimco porte sur l’environnement. Nous avons l’objectif de réduction des émissions de soufre pour 2020 et nous voulons mettre en place une stratégie claire sur ce point ».
La mise en avant de cette préoccupation de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de particules est devenue constate au cours de l’année. D’abord, ce sont les nouvelles mesures appliquées au niveau européen en obligeant dès le 1er septembre, l’ensemble des opérateurs à pouvoir justifier de la mise en place d’un système de surveillance et de contrôle de chaque navire en matière d’émissions. Ce système doit être conforme au modèle du règlement 2016/1927. À compter du 1er janvier 2018, chaque navire devra transmettre sa consommation de soute, les marchandises transportées, le temps de mer et le temps dans les ports. Une réglementation régionale qui ne semble pas convenir à la communauté maritime arguant de son caractère international, elle a demandé à l’OMI de légiférer sur l’ensemble du globe. Le président de l’International Chamber of Shipping (ICS), Esben Poulsson, s’est dit confiant de voir l’OMI adopter une législation internationale en 2018 sur ce sujet. Mais, pour le représentant des armateurs britanniques, « il est préférable de mesurer les émissions de CO2 pour toute la filière plutôt que de voir les choses navire par navire ». Il a aussi souhaité que les objectifs que l’OMI mettra en place soient « réalistes. Les soutes alternatives ne sont pas toujours disponibles sur le marché même si nous sommes confiants que l’industrie saura les proposer dans un futur proche ».
Pour s’inscrire dans cette logique de la décarbonisation du transport maritime, des armateurs ont lancé le départ d’une course à des navires plus « propres ». Ainsi, le groupe CMA CGM a annoncé la commande auprès de chantiers chinois de dix porte-conteneurs de 20 000 EVP qui seront propulsés par des moteurs fonctionnant au GNL.
L’année 2017 a été celle de la révélation du gaz comme soute. En 2017, en France, la plateforme GNL carburant marin et fluvial a été créée. Présidée par Alain Giacosa, cette plateforme vise à fédérer l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique maritime autour de l’utilisation du GNL comme carburant marin et fluvial. La création cette année de cette plateforme est aussi un pari sur l’avenir. « Tout se joue actuellement! La limitation globale des émissions de soufre des navires de 3,5 à 0,5 % a été confirmée pour 2020. C’est donc maintenant que les armateurs doivent prendre des décisions. Le contexte politique est favorable et il est nécessaire que la France offre les services de soutage dans ses ports à la flotte mondiale », a déclaré Alain Giacosa, directeur de la plateforme GNL carburant marin et fluvial, lors d’un entretien avec la revue Gaz d’Aujourd’hui.
L’échéance arrive à grands pas et il faut maintenant passer à la vitesse supérieure. Lors du Congrès mondial du gaz qui s’est tenu à Paris le 19 septembre, Laurent Vivier, directeur gaz de Total, a rappelé l’avantage compétitif de ce produit. Une opinion que Jean-Marc Roué, président d’Armateurs de France et de Brittany Ferries, a partagée. Il a aussi rappelé que la volonté des armateurs ne suffit pas. Il faut pour cela que des investissements soient entrepris dans les ports pour permettre aux navires de s’approvisionner. Quant à la conversion des navires, le président d’Armateurs de France a demandé que des incitations à l’investissement dans la conversion des navires soient décidées au niveau français ou européen. En Allemagne, une plateforme de concertation de tous les acteurs de la chaîne logistique maritime a su travailler de concert pour devenir un interlocuteur de poids face au gouvernement. « Nous avons obtenu la mise en place d’un programme de soutien pour la conversion de navires existants ou la construction d’unités neuves au GNL après 18 mois de négociation avec le gouvernement », a souligné Tessa Rodewalt, directrice de Maritime LNG Plattform e.V.