En présence de Jean-François Tallec, conseiller du président de CMA CGM, et d’Alain Giacosa, directeur de la plateforme GNL carburant marin et fluvial, la filière maritimo-portuaire est venue en force soutenir les propositions de l’AFG détaillées mercredi 6 décembre à Paris. Dans le sens du Plan climat présenté le 6 juillet et à la veille du sommet international sur le climat le 12 décembre, l’association a précisé une série d’actions, peu gourmandes en dépenses publiques, en faveur de la production de biométhane et de l’emploi du gaz carburant dans les mobilités logistiques. Pour le maritime, son président, Patrick Corbin, rappelle ainsi l’engagement pris par l’État le 17 novembre à Brest via la mesure 18 du Cimer: « L’État soutient la transition énergétique vers le gaz naturel liquéfié (GNL). À cette fin, il accompagne les acteurs portuaires, maritimes et industriels dans la réalisation de projets d’installations fixes ou mobiles de GNL, et poursuit les travaux d’adaptation de la réglementation portuaire afin de faciliter le soutage GNL dans des conditions sûres et économiquement viables dans les ports ».
Adapter les conditions de soutage GNL
Telle est l’attente formulée par l’AFG commentée par Jean-François Tallec. Pour mémoire, CMA CGM a commandé neuf porte-conteneurs de 22 000 EVP propulsés au GNL, livrables à compter de 2020 à un rythme d’un navire tous les quatre mois. Équipés de réservoirs de 18 000 m3, « ces navires pourront faire une rotation complète entre l’Europe du Nord et la Chine sans avitaillement ». Confié à Total dans le cadre d’un contrat de dix ans, « le soutage GNL sera réalisé au moyen d’un navire avitailleur dans un port d’Europe du Nord. Il est essentiel que ces opérations puissent se faire pendant les opérations de chargement et de déchargement du navire pour limiter les pertes de temps. Cette future organisation suppose que la réglementation l’autorise ». Valable aussi pour Brittany Ferries qui a une commande en cours pour un navire GNL livrable en 2019, CMA CGM et l’AFG demandent donc à l’État d’anticiper la mise en œuvre d’une logistique et d’un cadre réglementaire adaptés au soutage GNL en France.
Soutien financier
Pour soutenir la filière GNL dans le maritime et le fluvial, Alain Giacosa suggère de son côté « la mise en œuvre d’aides financières ». Elles viseraient à compenser le surcoût des navires propulsés au GNL, évalué à 15 %, et à accompagner le déploiement d’infrastructures dans les ports maritimes et intérieurs dans leur phase de démarrage. « Pour la voie d’eau, il est nécessaire également de faire évoluer la réglementation pour autoriser les motorisations GNL ».
S’agissant du routier, l’AFG plaide pour « le maintien garanti, sur une durée d’au moins cinq ans, de l’écart fiscal entre le gaz et les carburants traditionnels ». Patrick Corbin appelle également le Parlement à adopter les amendements en faveur d’un dispositif de suramortissement de 40 % pour les poids lourds, et d’éviter de soumettre les gaz renouvelables à la fiscalité carbone. Pour financer ces mesures, l’association suggère « d’y affecter une partie des investissements d’avenir ».