Lien de cause à effet, l’annonce de la baisse du chiffre d’affaires et des résultats du groupe de construction navale Hyundai Heavy Industries a fait l’effet d’une bombe dès le lendemain à la bourse de Séoul. L’action du groupe a plongé de 30 %. S’affichant aujourd’hui comme le premier chantier naval au monde, Hyundai Heavy Industries doit faire face à un marché hautement concurrentiel. Il subit les effets de ces deux homologues coréens, Samsung et Daewoo, d’une part, mais aussi de la multitude de chantiers chinois dont la stratégie est de prendre des parts de marché sur des navires de haute technologie. Difficile de faire face dans un tel contexte. Ajouté à cela un marché maritime en surcapacité endémique depuis plusieurs années et la baisse des commandes, et les prévisions de résultat pour l’année 2017 sont en berne. Le groupe estime que le chiffre d’affaires de 2017 devrait s’élever aux environs de 15 300 M Wons (11,9 Md€), soit une baisse de 60 % de ses revenus. Lors de la présentation des comptes, le groupe a aussi annoncé une chute vertigineuse de ses bénéfices opérationnels. Ils devraient perdre 97 % à 46,9 Md Wons (36,7 M€).
Lors de la présentation de ces prévisions le groupe coréen a annoncé son projet de lever 1 300 Md Wons (1,01 Md€) au travers de l’émission de nouveaux titres. Une décision qui ne devrait pas manquer d’avoir un impact négatif sur l’action. En outre, le groupe prévoit d’introduire en bourse sa filiale de raffinage, Hyundai Oilbank. Avec l’introduction en bourse de la filiale et l’émission de nouvelles actions, le groupe pérvoit de couvrir ses coûts et d’investir dans la recherche et le développement.
Les difficultés du géant coréen n’est pas unique. Depuis 2016, les trois principaux chantiers du Pays du matin calme ont subit les effets de la crise. Tour à tour ils se sont séparés d’actifs et ont dû procéder à des licenciements en masse. Et en 2017, Daewoo a été sauvé de justesse grâce à une bouée de sauvetage de 2,6 Md$ en provenance d’organismes prêteurs de l’État. Outre les conditions économiques difficiles des armements qui rechignent à commander trop ces derniers mois, la hausse du prix de l’acier a pesé sur les bénéfices du groupe. Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, Yoo Seung-Woo, analyste financier chez SK Securities, « la dernière annonce de Hyundai a confirmé les inquiétudes croissantes des investisseurs. Il sera invétiable pour Hyundai d’afficher des pertes d’exploitation tout au long de l’année 2018 ».