À chaque fois c’est la même chose. Dès qu’une élection présidentielle pointe le bout de son nez, la galaxie maritime et portuaire française s’agite pour avoir un ministère qui lui est consacré. Et cela commence dès le mois de novembre quand les représentants du gouvernement en place viennent expliquer, pendant les Assises de l’économie de la mer, ce qu’il faudra faire lors du prochain quinquennat, oubliant que cela fait cinq ans qu’ils sont aux commandes du pays. Mais, au cours de ces Assises, nous croisons aussi l’opposition toute prête à faire entendre sa voix. Et puis viennent les élections et leur lot de surprise. Et la galaxie du cluster maritime et portuaire français, main dans la main avec les philosophes de la vie politique, se décide à s’engager dans un nouveau concert pour plaider en faveur d’un ministère de la Mer. « Et pourquoi pas un ministère de l’Air », nous a rétorqué Jean Chapon. Cette année, les choses ont été plus loin en mettant sur la table l’idée d’un ministère de l’Outre-Mer et de la Mer. Réunir les deux portefeuilles pour une gestion plus grande de l’espace maritime. Au fond pourquoi pas, mais à une condition: qu’un jour il existe au gouvernement français un organe qui soit en charge de la politique portuaire française. À chaque fois que nous rencontrons un port, il ne cesse de nous vanter ses projets d’agrandissement pour une plus grande compétitivité tout en nous rappelant que les travaux prévus chez son voisin n’ont pas d’intérêt. Faudra-t-il qu’un jour cesse cette bataille de clochers et qu’un véritable ministre de Clochemerle vienne enfin mettre un terme à ces débats stériles pour s’engager dans une véritable bataille contre les concurrents français qui sont au nord ou au sud. Il ne s’agit pas de saupoudrer les investissements (encore faudrait-il que les ports disposent de capacités à pouvoir investir lourdement dans des infrastructures) mais de réfléchir déjà à une stratégie nationale portuaire. Il faut trouver un juste milieu entre des investissements dispendieux et les besoins réels. Si l’économique est important dans ces décisions, le politique doit y jouer un rôle pour anticiper. Le gouvernement prévoit un Cimer au mois de novembre. Encore un, me direz-vous. Les Cimer des précédents gouvernements ont dévoilé des intentions. Les décisions attendent toujours le long des quais. En novembre, le Cimer et les Assises vont nous permettre d’assister à une nouvelle pièce de théâtre à la Feydeau. Le seul suspense de cette pièce sera de savoir qui fera l’amant caché dans le placard.
Édito
Un ministre de Clochemerle
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