Depuis Karachi jusqu’au Vietnam en passant par l’Inde et la Thaïlande, les ports du Sud-Est asiatique ont continué sur leur lancée de 2015. L’année 2016 se termine avec des hausses pour quasiment tout le monde. Seul Singapour se stabilise, en perdant 0,1 % de son trafic, mais conserve malgré tout sa place de premier port régional. Les progressions, en proportion, atteignent parfois des chiffres importants. Ainsi, Saïgon voit son trafic augmenter de 37 %, Chittagong de 25 % et Mundra de 17 %. Des chiffres impressionnants d’autant que ces ports capitalisent un trafic déjà élevé.
Et les différents gouvernements ne veulent pas en rester là et imaginent déjà ce que demain pourrait être pour le milieu portuaire local. En Inde, le gouvernement a mis sur pied son programme Sagarmala qui doit permettre de réduire les coûts logistiques de 10 % à terme, en offrant des infrastructures de meilleure qualité. Initié dès 2016, ce programme a recensé 415 projets à développer qu’il s’agisse de ports, de liens vers l’intérieur ou de développement du cabotage. Du côté portuaire, ce projet a identifié six projets qui devraient coûter à l’État indien la bagatelle de 11 Md$. Face à ce programme, vient celui du Sri Lanka qui a décidé de renforcer sa capacité portuaire en construisant un nouveau terminal à Hambatota. Le port viendrait en complément de celui de Colombo, qui reste la tête de liste du sous-continent indien. L’Inde devra aussi faire face à un concurrent sur son flanc Ouest. En prenant la concession du port de Gwadar, China Merchant joue un véritable jeu de go autour de l’Inde avec sa nouvelle Route de la Soie. La Chine veut ouvrir un corridor entre le port pakistanais et l’Ouest chinois, Kashgar et Urumqi. Pour l’Inde, ce projet est politiquement une prise de position chinoise en faveur du Pakistan dans la bataille du Cachemire.
Plus à l’est, les gouvernements ne sont pas en reste et dévoilent leurs plans de développement portuaire. Au cours du premier semestre 2017, la Malaisie a inauguré un nouveau terminal sur le port de Tanjung Priok et a programmé l’agrandissement de capacités à 160 km à l’est de Jakarta. La Malaisie est aussi sur les rangs pour créer des grands hubs régionaux et venir jouer dans la cour de Singapour. Cette volonté de nouveaux terminaux se développe aussi au Vietnam qui a, au cours de la décennie précédente, largement investi dans son outil portuaire. Ainsi, en 2016, le gouvernement a inauguré un nouveau terminal à Nha Be River. Il a aussi relancé son projet dans la région de Nha Trang. Lancé au début des années 2010, en 2013 le développement d’un port dans la région a été suspendu en raison des difficultés de l’armement Vinalines, qui faisait partie du projet. Les choses semblent être aujourd’hui revenues à la normale et la construction du Van Phong Bay International Transhipment revient et pourrait recevoir ses premiers coups de pioche dans les prochaines semaines.