Les sociétés chinoises continuent leur croissance externe en prenant de nouvelles concessions dans le monde. Cosco Ports, né de la fusion enter Cosco Pacific et China Port Development, accroît sa présence. Partenaires dans le cadre de la Route de la Soie (le projet One Belt One Road), Cosco Ports et China Merchants plantent leurs jalons sur le tracé de cette route. Dans son rapport annuel pour 2016, le vice-président de Cosco Ports, Zhang Wei, souligne l’intention du groupe de développer son réseau en 2017 vers des ports régionaux majeurs. En cela, il vise l’Asie, l’Amérique du Sud mais aussi l’Afrique. Même stratégie énoncée dans le rapport annuel de China Merchants Port. La stratégie à l’international vise à améliorer le réseau et notamment en Afrique. Quant à Hutchison Ports, le groupe perd du volume sur ses terminaux en Chine continentale et à Hong Kong. En Afrique et Australasie, le groupe compense partiellement les pertes avec une progression de 1 %.
En 2016, l’industrie de la manutention portuaire a continué à se développer sur l’ensemble des continents. Ainsi, le terminal de Limassol a été attribué à Eurogate et Sea Invest a pris position dans le bassin Delwaide à Anvers. En Amérique du Nord, DP World continue son expansion après avoir pris position à Rodney quand Ports America, nouveau nom de Stevedoring Services of America, s’est installé à Tampa, en Floride. En Afrique, DP World continue sa croissance. En 2016, le groupe de Dubaï a remporté l’appel d’offres pour le port de Berbera, en Somalie. Toujours en Afrique, le terminal C du port de Lagos a été concédé au groupe nigérian Sifax. Sur le territoire africain, les grands noms de la manutention continuent leur bataille pour se tailler la part du lion. Si aujourd’hui le groupe Bolloré reste un des acteurs majeurs sur la côte occidentale, Ictsi, DP World et APM Terminals cherchent aussi à se positionner. Ainsi, en 2016, le groupe philippin Ictsi a pris position à Matadi. Plus récemment, la tournée du président de DP World en Afrique a été l’occasion d’annoncer la stratégie du groupe localement. En septembre 2017, le sultan a annoncé les premiers coups de pioche pour le port du futur de Dakar. Ce projet, prévu dès la concession du terminal à conteneurs du port sénégalais, n’a eu de cesse d’être retardé de mois en mois. Or, le terminal dakarois semble aujourd’hui avoir un besoin important pour s’agrandir. Le projet du port du futur prévu à quelques tours de roue de l’actuel terminal sera couplé avec l’aéroport et une zone franche dédiée à la logistique. Un projet qui s’inscrit dans le programme du président de la République du Sénégal, le PSE (Plan Sénégal Émergent), dont le ministre de suivi est aujourd’hui Cheikh Kanté, précédemment, directeur général du Port autonome de Dakar.
L’année a été aussi riche en événement avec notamment l’acquisition par APM Terminals du groupe espagnol TCB. Une acquisition qui comprend six terminaux en Espagne, dont celui de Barcelone, quatre en Amérique latine et un en Turquie. Un rachat qui a permis au groupe néerlandais de croître en 2016. À périmètre constant, APM Terminals aurait enregistré une croissance de 1 %. Avec TCB, la progression de volume d’APMT atteint 3 %. Après cette acquisition, le groupe néerlandais a annoncé ne plus vouloir grandir par croissance externe mais plutôt miser sur la croissance organique. Il souhaite resserrer les liens avec Maersk Line. Dans cette stratégie, APM Terminals a cédé ses parts dans le terminal à conteneurs de Vado Ligure au groupe Cosco Ports et Qingdao Ports.
Derrière les grands groupes de manutention internationaux, d’autres commencent à se montrer. Yilport, filiale du groupe turc Yildirim, s’installe en Europe du Nord. Il a repris le terminal d’Oslo, en Norvège, et celui de Gälve, en Suède. Il est déjà partenaire dans le terminal maltais de Marsaxlokk après avoir racheté les parts au groupe CMA CGM. Et dans ce concert, le groupe Bolloré maintient le cap. Après s’être fait une spécialité de la gestion des ports en Afrique de l’Ouest, Bolloré Ports, division de Bolloré Transport & Logistic, continue de se tourner vers l’est. Le groupe français a déjà posé un pied en Inde et étend son réseau sur l’Asie du Sud-Est. Il a remporté la concession du terminal de Dilli, en Papouasie. La question demeure de savoir ce que feront les armateurs qui disposent de terminaux. Nous l’avons vu lors de la faillite de Hanjin. Ainsi, le terminal de Busan a été cédé au groupe Sinokor. Et demain, avec la cession de OOCL à Cosco, celle-ci intégrera-t-elle aussi les terminaux de Long Beach, Kaoshiung, Ningbo et Tianjin? Avec la constitution de l’alliance ONE, entre les trois majors japonais, qu’adviendra-t-il des terminaux? Seront-ils regroupés dans une structure commune ou conserveront-ils leur autonomie par rapport au nouveau groupe? Des questions qui feront des années à venir riches en évolution de ce secteur.