Landlinked et pas landlocked … connectivité terrestre et non enclavement terrestre! La conférence qui se tiendra en Zambie les 22 et 23 novembre prochain, l’un des pays émergents les plus promoteurs du cône sud-africain, apporte une nouvelle vision des relations terrestres en Afrique. Devenue un véritable carrefour logistique sous-régionale, la Zambie stimule les concurrences entre les différents corridors de transport de la RDC, de la Namibie, de l’Afrique du Sud, du Mozambique, de la Tanzanie et même du Kenya.
Ce que cela révèle peut se décliner en trois éléments centraux du développement économique et logistique du continent africain:
– les interfaces portuaires se projettent (enfin) jusqu’aux aires de marchés les plus enclavés pour fidéliser des volumétries via des services sur mesure dès leurs terminaux maritimes;
– la compétition entre les différentes options logistiques devrait (enfin) stimuler une saine concurrence entre les consolidateurs et organisateurs de transport qui deviennent par ailleurs des aménageurs de port secs et de zones logistiques intérieures;
– et la facilitation des échanges transfrontaliers ne devrait plus être (enfin) une confabulation politicienne pour devenir une réalité opérationnelle avec des enjeux de massification et de sécurisation des flux terrestres.
La représentation graphique vise à synthétiser en quelque sorte ces nouvelles réalités concurrentielles de la logistique maritime, portuaire et terrestre africaine. Toutes les autorités publiques cherchent à adosser à la modernisation portuaire des facilitations logistiques et multimodales pour qu’une vraie fluidité logistique soit proposée aux clients, qu’ils soient chargeurs ou armateurs. Les guichets uniques, qu’ils soient portuaires, douaniers ou du commerce extérieur concrétisent l’avancée de la dématérialisation sur le continent. La plupart des gouvernements engagent des réformes pour simplifier les procédures et accompagner le changement. Les paiements se dématérialisent. La gestion des passages transfrontaliers se simplifie. Les temps de transit se réduisent. Mais encore faut-il que les pratiques quotidiennes suivent et que le changement des habitudes soit accompagné d’une réelle politique de formation des usagers des systèmes communautaires et des professionnels sur le terrain. L’essentiel dans la conférence zambienne sera de rappeler que les coûts de transport demeurent la plupart du temps excessifs car ils reflètent des situations logistiques et terrestres encore très loin des standards internationaux. À l’instar de ce qu’on connaît ailleurs en Afrique de l’Ouest et du centre, le secteur informel reste trop prégnant dans l’organisation des transports.
Il ne faut pas oublier une réalité: malgré une croissance nette de 2,7 millions de conteneurs sur la dernière décennie, le total des trafics portuaires ne dépasse pas les 8 MEVP en 2015, soit moins que le total du seul port de Rotterdam ou moins encore qu’un trimestre du port de Shanghai. Le duo Mombassa/Dar-es-Salaam a connu la plus forte croissance avec un million de boîtes supplémentaires. L’intensification des relations commerciales avec le sous-continent indien et surtout la Chine ont drainé de nouveaux services maritimes directs. Cela impacte les transbordements stratégiques de l’océan Indien qui stagnent avec un gain total inférieur à 100 000 EVP sur la décennie. Les ports sud-africains avec son leader Durban restent les plus dominants avec près des trois quarts des manutentions totales mais une perte relative de parts de marché au profit de nouveaux venus dans la course comme Walvis-Bay, en Namibie, qui a multiplié par quatre ses manutentions pour atteindre près de 400 000 boîtes.
Et de conclure en annonçant que la conférence zambienne pourrait apporter un éclairage de la part des professionnels sur les impacts logistiques et portuaires de la diplomatie économique chinoise avec les investissements infrastructurels liés à One Belt One Road.