Le marché automobile n’est pas une série de mauvaises nouvelles, a commencé par souligner Justin Cox, directeur de LMC Automotive, lors de l’assemblée générale de European Car Group à Malte. « Nous observons une légère reprise sur le marché sud-américain et notamment brésilien, tout comme en Russie. » Opérant un tour du monde des principaux marchés automobile, Justin Cox constate la performance sur la Chine. Après la bonne progression du marché en 2015 et 2016, dopé par des mesures fiscales pour inciter à l’achat de véhicules de petites cylindrées, l’année 2017 devrait s’inscrire dans la même tendance. « Les mesures fiscales sur le marché chinois devraient être étendues à d’autres types de véhicules mais le gouvernement pourrait les réduire », a expliqué Justin Cox. Selon les incitations fiscales, le marché chinois devrait croître entre 1 % et 5 % et peut-être dépasser les 30 millions de véhicules vendus. Aux États-Unis, le marché enregistre un palier. Sur le premier trimestre de l’année, la demande en véhicules neufs a perdu 1,4 %. En 2016, le marché américain totalisait 17,5 millions de véhicules vendus, avec une progression moyenne de 4,5 % par an sur les huit dernières années. « Des crédits plus difficiles à obtenir et une politique fiscale plus lourde ont pesé sur l’Amérique du Nord. » En Europe, le marché des véhicules légers devrait croître de 2,2 % à 18,9 millions d’unités. Et ce, après une croissance de 6,2 % en 2016 à 18,5 millions de voitures. L’analyse détaillée par pays montre que les différents pays européens devraient enregistrer une croissance avec notamment une hausse de 9 % en Italie, « tout en restant prudents sur la fin de l’année puisque les premiers signes d’un tassement de la croissance se font sentir dans la péninsule ». Les prévisions du marché français font état d’une augmentation de 3 % du marché. C’est au Royaume-Uni et en Turquie que la situation se détériore. Outre-Manche, le marché devrait perdre 4,5 % pour atteindre les 20,5 millions d’unités vendues, quand en Turquie la baisse est prévue aux environs de 11,5 % pour se situer autour de 20,6 millions de ventes. Enfin, le marché russe montre toujours des signes de faiblesse. Même si le gouvernement tente d’aider le secteur automobile, la consommation reste faible, a indiqué Justin Cox. Après quatre années de baisse, de 2013 à 2016, le marché est passé de 2,8 millions de voitures vendues à 1,4 million. En 2017, le directeur de LMC Automotive prévoit une reprise sur le marché russe de 6 % à 1,5 million.
Les perspectives du marché automobile sur le plus long terme montre que les données actuelles devraient se renforcer. Ainsi, il apparaît que le marché européen devrait croître sur les cinq prochaines années de 2,2 % par an en moyenne. Justin Cox estime que le marché russe devrait augmenter de 8 %, celui des autres pays européens de 2,3 % et le Royaume-Uni devrait perdre 1,3 %.
S’adapter aux différents marchés
Fort de ces chiffres, le marché de la logistique automobile se mobilise pour s’adapter aux différents marchés et développer leurs affaires. Le marché de la logistique automobile doit aussi s’intégrer dans la nouvelle tendance du partage d’informations. « Auparavant, nous étions dans l’ère de celui qui détenait l’information. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une nouvelle époque avec le partage d’informations », a expliqué Pavel Haidai, directeur général d’Avtologistika, commissionnaire ukrainien spécialiste de la logistique automobile. Et pour franchir la première étape vers la digitalisation, le directeur général d’Autologistika préconise la création d’un système général de données qui permette de partager les informations dans un environnement sécurisé. « La digitalisation ne consiste pas uniquement à envoyer par mail un document en PDF, mais d’aller au-delà pour une plus grande efficacité de la chaîne logistique », a continué Hans Lip, responsable de Transfollow, un système informatique sécurisé de partage d’informations qui travaille avec des portails où tous les opérateurs sont connectés. Et cette volonté de développement de la digitalisation dans les transports est aussi portée au niveau européen.
« Connecter les navires, les ports et les hommes »
Lucienne Meillack, directrice générale au ministère des Transports et des Infrastructures de Malte, a inscrit dans la présidence maltaise de l’Union européenne trois priorités: compétitivité, décarbonisation et digitalisation pour assurer une connectivité et une efficacité du marché intérieur européen. Et pour aller plus loin dans la digitalisation, la directrice du ministère maltais souhaite au plus tôt une harmonisation du « e-manifeste » (manifeste électronique). Lamia Kerdjoudj-Belkaid, déléguée générale de la Feport, a rappelé que la nouvelle devise de l’OMI est « connecter les navires, les ports et les hommes. C’est une bonne nouvelle pour nous qui sommes les opérateurs privés des ports européens ». Dans ce contexte de la digitalisation, le maillon portuaire devient un élément essentiel. « Nous appelons cela l’effet domino. Dès lors qu’un des maillons de la chaîne logistique se rompt, c’est l’ensemble des acteurs qui est touché. » Et la déléguée générale de la Feport de citer l’effet de la faillite de Hanjin Shipping. Lors de la faillite de l’armement, la question de laisser partir les conteneurs de Hanjin chez les clients s’est posée pour les opérateurs de terminaux. Ceux-ci étaient remplis de pièces détachées automobile qui pouvaient suspendre les chaînes de production. « Nos membres ont décidé de permettre la sortie de ces conteneurs parce que nous ne voulions pas être le maillon faible de la chaîne logistique. » Dans ces conditions, la Feport a demandé que toutes les organisations des opérateurs de la chaîne logistique s’associent pour demander que soient accélérées les différentes phases de la digitalisation en Europe. Pour Costantino Baldissari, précédent président d’ECG, « la digitalisation est inévitable. Sur le long terme, elle signifie une économie pour l’ensemble de nos sociétés et une plus grande rapidité de nos opérations. Maintenant, il faut nous attacher à expliquer les bienfaits à l’ensemble de nos personnels ». Et Wolgang Göbel, président d’ECG de continuer dans cette veine: « La digitalisation signifie à court terme des investissements dans les entreprises, mais sur le long terme des économies de coûts. Nous devons créer une plate-forme d’échange entre nous pour devenir plus transparents et plus efficaces pour nos clients. »