Dans sa dernière analyse publiée le 4 septembre, le Shanghai International Shipping Institute explique que le premier trimestre de l’année montre les signes d’une reprise sur l’ensemble de l’économie mondiale. La croissance du PIB mondial enregistre une hausse de 2,7 % et l’indice manufacturier a augmenté de 0,37 point au premier trimestre de cette année par rapport au dernier trimestre 2016. « L’économie mondiale, continue l’institut chinois, montre une tendance de hausse. Grâce à la meilleure santé du marché financier, la montée des prix de première nécessité, les grands ports mondiaux voient leurs trafics augmenter. » Ainsi, avec 2,7 Mdt traitées sur le premier trimestre, les ports enregistrent une augmentation de 6,2 %. Quant à l’Europe, au cours du premier trimestre 2017, les ports voient leur croissance se confirmer avec une hausse de 3,1 % à 202 Mt traitées sur le Vieux Continent. « Le retour à la croissance des économies en développement et un début de croissance de la zone Euro participent à ce retournement de situation. »
Nouveaux relais de croissance
Globalement, en Europe du Nord, les ports actifs dans la conteneurisation voient leurs trafics retrouver de nouveaux relais de croissance. Rotterdam, Hambourg et Anvers voient ce courant augmenter. Anvers affiche même un nouveau record semestriel et espère voir l’année se terminer sur la même tendance. Et dans ce concert, Haropa tire aussi son épingle du jeu. Avec une progression de 10 % de son trafic conteneurisé, les ports de l’axe Seine s’affirment comme un concurrent avec lequel il faut compter. C’est à Zeebrugge que la situation est plus compliquée. Le port côtier belge a été victime de son rôle dans la logistique pour voir arriver des conteneurs vides, mais aussi de la cyberattaque qui a handicapé pendant plusieurs jours Mærsk.
Au sud, en Méditerranée, les ports espagnols, français et italiens font le même constat. C’est avec la conteneurisation qu’ils ont réussi à redresser leurs trafics. Ainsi, Barcelone gagne 27 % sur les six premiers mois de 2017. Les grèves liées à la réforme de la manutention n’ont guère eu d’impact sur les trafics du port catalan. Marseille-Fos n’est pas en reste. Après son record en avril, le port phocéen affiche une croissance de 10 % de son trafic conteneurisé en tonnage et de 7 % en nombre de boîtes. Et Gênes tire un feu d’artifice pour avoir réalisé un millésime digne d’un grand cru.
Certaines zones d’ombre
La performance de la conteneurisation en Europe ne doit pas cacher certaines zones d’ombre qui doivent encore être améliorées. Le bilan des ports européens montre que les trafics de vracs ont, pour leur part, souffert. Du côté des vracs solides, la mauvaise campagne céréalière 2016/2017 a encore lourdement pesé sur les ports européens. De Hambourg à l’Italie, les céréales ont connu un début d’année difficile. En France, les principaux ports céréaliers, Haropa-Rouen, La Rochelle, Caen et Marseille-Fos ont parfois lourdement souffert de la campagne passée. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les terminaux céréaliers des ports ukrainiens ont réussi à prendre des parts de marché sur les ports d’Europe de l’Ouest. Dopés par les céréales, les ports de l’Ukraine ont aussi eu leur lot de désolation avec la réduction de capacité de la principale usine sidérurgique. Un effet qui s’est aussi décliné en Europe du Nord et du Sud. En Irlande, les importations de matière première comme le zinc ou d’autres minerais ont pesé sur les trafics globaux.
À Marseille-Fos, la croissance de l’activité sidérurgique permet au port d’afficher la plupart de ses filières dans le vert.
Quant aux vracs liquides, et notamment le brut, ce sont les différentes réorganisations de la filière de raffinage en France et en Europe qui guident ces flux. Il s’avère que le déplacement depuis l’Europe de l’Ouest vers le centre du continent se confirme de plus en plus au fil des mois.
Parallèlement à ces filières, les trafics de conventionnels et de rouliers ont pour leur part su tirer leur épingle du jeu. Marseille-Fos, Toulon, Barcelone enregistrent un trafic en nette hausse sur le roulier. Trafics de véhicules neufs ou liaisons par ferry avec d’autres pays ou continent, les ports ont su retrouver leur positionnement. Il faut regarder en Europe du Nord, et surtout à Hambourg et Zeebrugge, pour voir que ce courant perd de sa teneur. Hambourg voit son trafic de véhicules neufs régresser. Pourtant, sur les premiers mois de l’année, les statistiques de vente et de production automobile en Europe montrent des chiffres plutôt encourageants. Quant aux ferries, et notamment les liaisons avec la Grande-Bretagne, l’effet « pré-Brexit » a joué mais, selon les analystes, devrait se tasser au cours de la seconde moitié de l’année.