Le flux transmanche se caractérise par sa rapidité avec un temps moyen d’embarquement ou de débarquement entre 45 mn et 120 mn, et un flux tendu avec une arrivée possible des camions et remorques jusqu’à 20 mn avant le départ du navire. Si des formalités sont établies suite au Brexit, ces temps pourraient fortement s’allonger. Environ 8 500 poids lourds font le voyage entre la France et le RU chaque jour, a rappelé un représentant de la FNTR.
Ce sont donc surtout les trafics ro-ro qui desservent uniquement ou principalement les ports de l’UE qui vont ressentir les effets du Brexit. Les marchandises transitant par ces ports ne sont aujourd’hui pas sujettes aux exigences de déclaration et aux contrôles. Les formalités déclaratives sont uniquement liées au navire et sont simplifiées dans la mesure où il s’agit de lignes régulières. Il existe des contrôles pour de la sécurité/sûreté et non dans une logique de passage de frontières pour les marchandises dangereuses.
Ainsi, contrairement aux autres secteurs, les opérateurs de ferry n’ont pas de système pour accéder facilement aux détails de la cargaison. Aussi, une probable congestion provoquée par le retour des contrôles pourrait affecter toute la logistique « juste à temps », qui constitue une part non négligeable des trafics avec les ports anglais. Du côté des ports britanniques, le souci est aussi la situation déjà saturée de Douvres. Les ports de Londres, Grimsby, Tyneside ou Forth pourraient en tirer profit.
Deux ans pour se préparer, c’est très court
Avec le Brexit, la gestion des flux à l’intérieur des ports pourrait devenir plus complexe, mais aussi à l’extérieur. Des parkings sécurisés supplémentaires pourraient être nécessaires. Cela concerne les marchandises, les poids lourds, les chauffeurs mais aussi les passagers. Le tout dans un contexte migratoire qui demeure tendu. La dématérialisation des procédures administratives pourrait être une solution mais ne pourra pas être suffisante pour compenser le rétablissement des déclarations et contrôles.
Des représentants de ports avec du trafic transmanche ont souligné: « Deux ans, c’est très court pour anticiper un rétablissement de contrôles, de formalités, de barrières pour des opérations de douane concernant les marchandises et les passagers. À l’export, ce ne sera pas facile. À l’import, c’est encore plus compliqué surtout pour des flux ponctuels. Il y aura certainement une hausse du temps de passage. Il va aussi falloir trouver de l’espace supplémentaire dans les enceintes portuaires. »