Déjà, avec Mærsk, nous devenions habitués au gigantisme des navires. Les autres armateurs ont suivi et n’en finissent pas de mener une course au plus grand navire. Des tailles qui parfois dépassent ce que le marché peut accepter. Comme si une course ne suffisait pas, depuis le début de l’année, les principaux opérateurs ont retrouvé le chemin de la consolidation. Après la reprise d’UASC par Hapag Lloyd, celle de Hamburg Süd et de NOL/APL par CMA CGM, c’est au tour de CoscoCS de reprendre OOCL. Et quand ces groupes aux dimensions impensables il y a quelques années se retrouvent dans des alliances, c’est tout un système en oligopole qui se créée et qui déstabilise une demande en panne. Les compagnies japonaises ne sont pas en reste avec la formation de ONE. Derrière ces consolidations, les effets sociaux et économiques pourraient avoir l’aspect d’un tsunami après un tremblement de terre. Il est certain que la rationalisation dans les agences maritimes entre les représentations des différents armateurs mais aussi le choix des terminaux va s’opérer dans les prochains mois. Ce qui est aussi flagrant dans ces dernières consolidations est que ce sont surtout les lignes est-ouest qui sont prises en compte. Le marché nord/sud semble parfois loin des préoccupations de ces regroupements. Or, si demain, pour être compétitif en est-ouest, ces nouveaux armateurs déploient leurs navires les plus grands sur les lignes nord/sud, le fragile équilibre de ce marché pourrait se défaire. Déjà, en alignant des 10 000 EVP sur ces marchés, le nombre de ports aptes à recevoir ces navires est réduit. C’est tout une nouvelle logique qui se met en place tant sur les lignes régulières que dans les terminaux. N’oublions pas que dans la reprise d’OOCL, CoscoCS a intégré le manutentionnaire de Shanghai, SIPG (Shanghai International Port Group). Ce dernier pourrait profiter de cette reprise des terminaux d’OOCL. Des rumeurs courent sur une probable fusion entre la filiale manutention de Cosco, Cosco Ports, et SIPG pour créer un des premiers opérateurs mondiaux en volume traité. Si ces sociétés sont cotées en bourse, le gouvernement de Pékin reste actionnaire de ces groupes. Alors, avec le projet de nouvelle route de la Soie mené par Pékin et ces mouvements capitalistiques, la Chine confirme sa place d’Empire du milieu dans le transport. Et pendant ce temps, Elizabeth Borne, ministre en charge des transports en France, parle de décarboner le transport maritime lors de son audition au Sénat. Quel ambitieux projet maritime et portuaire français face à la volonté politique chinoise!
Édito
MacLean est chinois
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