Une combinaison maritime-ferroviaire

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Du 13 au 15 mai, quelque 70 représentants d’États et d’organisations internationales se sont retrouvés à Pékin à l’occasion du premier forum de la nouvelle route de la soie. L’idée du président chinois Xi Jinping est d’associer le plus grand nombre d’États. « Il n’est pas question de former un groupe d’États qui serait une atteinte probable à la stabilité internationale. Ce que nous voulons créer est une grande famille de coexistence harmonieuse », a déclaré, lors de l’ouverture du sommet le président chinois. Le choix de cet acronyme, OBOR, est de compiler le passé avec les moyens d’aujourd’hui. One Belt (une ceinture), fait référence à la route de la soie créée par Marco Polo pour relier l’Europe et l’Asie. One Road est, pour sa part, le principe de liaison maritime entre les continents asiatique et européen. La voie terrestre part de Xian, au centre de la Chine, pour relier le Kazakhstan, le Kirgystan, l’Ouzbékistan, l’Iran, la Turquie, et entrer en Union européenne à travers l’Europe centrale jusqu’en Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne et Portugal. Ce tracé reste malgré tout sujet à modification. Lors du lancement de ce projet, Xi Jinping a dénombré 64 pays qui pourraient profiter de ce projet d’infrastructure. Au total, ces 64 pays et la Chine représentent 62 % de la population mondiale et 30 % de l’économie mondiale.

Un projet porté par la Chine

Si le projet est aujourd’hui porté par le gouvernement chinois comme un programme d’investissements d’envergure mondiale, à aucun moment les autorités de Pékin n’ont dévoilé une liste précise des travaux à entreprendre. Pour les analystes, l’idée de cette initiative est avant tout de se laisser une place pour de nouveaux projets d’infrastructures qui interviendraient en cours de route. Projet lancé par la Chine, OBOR est « trusté » par des compagnies de l’Empire du Milieu. Depuis 2013, quelque 50 compagnies chinoises ont d’ores et déjà investi dans certaines parties de ce projet. Toutes sont des sociétés détenues à plus de 50 % par l’État. Parmi ces projets figure, en tête de liste, le corridor qui relie l’ouest de la Chine au Pakistan et à Singapour au travers de la péninsule indochinoise. En 2016, le gouvernement chinois a annoncé une enveloppe de presque 500 Md$ qui s’étendent à des infrastructures de transport, d’énergie, de télécoms et de gaz.

Des sommes astronomiques que le gouvernement distribuera par trois voies. En premier lieu, le Silk Road Fund, officiellement mis en place en 2015, dispose de 40 Md$. Ensuite, deux banques chinoises, la China Development Bank et l’Exim Bank of China seront dotés de fonds pour financer ces projets. Parmi les autres investisseurs, on trouve l’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) et la New Development Bank de Shanghai. Lors du forum du mois de mai, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la banque centrale chinoise a aussi souligné la nécessité pour les banques privées de s’associer à ces projets en participant à leur financement.

Du pour et du contre

En voulant créer une plate-forme d’investissement qui s’adresse au plus grand nombre, la Chine reprend sa place d’Empire du Milieu. Une position que d’autres pays lui reprochent. Ainsi, lors du Forum de Pékin, au mois de mai, des parlementaires européens ont signé une pétition qui s’inquiète de ce projet. Ils ont accusé la Chine de vouloir « coloniser économiquement » le continent eurasiatique. Pour les partisans, cette opposition est avant tout politique, le but de ce projet étant de développer, pour les pays enclavés d’Asie centrale, un commerce avec les deux extrémités du continent. D’autres opposants placent leur argument sur le plan géostratégique. C’est notamment le cas de l’Inde qui voit dans le corridor entre Urumqi et Gwadar, port pakistanais, une façon d’encercler l’Inde et de prendre position en faveur du Pakistan dans le conflit qui oppose l’Inde et le Pakistan sur le Cachemire.

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