C’est au cours de l’automne 2013 que le Premier ministre chinois Xi Jinping a lancé le programme One Belt One Road Initiative, dont le but est de rouvrir les liens millénaires entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique. « Quatre ans après son lancement, Obor Initiative est devenu une réalité », a-t-il déclaré lors de son discours d’ouverture au premier forum de la One Belt One Road Initiative, le 15 mai, à Pékin. C’est à la vitesse d’un TGV que le projet s’est matérialisé. Des trains réguliers relient chaque semaine des villes du centre de la Chine à des plates-formes multimodales européennes. Chengdu est à 12 jours de Lodz, en Pologne. Deux jours plus tard, soit en 14 jours, les villes de Lyon, Paris, Munich ou Rome sont desservies par voie routière. D’autres opérateurs partent de Chine pour rejoindre le port de Riga ou encore Zeebrugge. Londres a aussi reçu son premier train direct depuis la Chine lequel a été recomposé sur le port allemand de Duisbourg. Les Chinois investissent pour que cette route est-ouest, qui présente de nombreux embranchements, devienne la colonne vertébrale d’un réseau qui disposerait de lignes capillaires avec les pays du Moyen-Orient, voire jusqu’en Afrique. Déjà, un corridor ferroviaire relie le port pakistanais de Gwadar avec le réseau principal. Une autre ligne va jusqu’en mer Rouge et, sur la rive sud, à Djibouti, la Chine investit dans le réseau ferroviaire vers l’Éthiopie, le Soudan et jusqu’au Mozambique. Au passage, l’Iran veut jouer un rôle dans la logistique.
Le projet chinois Obor doit malgré tout être relativisé, indiquent les opérateurs. Un train complet peut charger jusqu’à 140 EVP quand un navire dispose d’une capacité pouvant aller jusqu’à 20 000 EVP. Le train ne sera jamais un concurrent direct pour le maritime, mais interviendra comme une alternative, soit à l’aérien parce qu’il est moins cher, soit au maritime quand les ports souffrent de congestion.
Aujourd’hui, la liaison ferroviaire doit encore s’améliorer, même si la Chine a déjà financé des travaux pour défaire les « nœuds d’étranglement ». Pour l’Empire du Milieu, ce projet est avant tout perçu comme un lien entre les peuples d’Asie, un avis que ne semblent pas partager l’Europe et l’Inde: lors du forum de Pékin, certains membres du Parlement européen ont signé une pétition taxant la Chine de « colonialisme économique » envers l’Europe en voulant imposer son modèle. Pour l’Inde, l’affaire est sérieuse et se joue sur le terrain de la géopolitique. Le choix de la Chine de créer un corridor au Pakistan est interprété comme une prise de position qui oppose le Céleste Empire, l’Inde et le Pakistan sur les revendications du Cachemire. Pour le monde économique, cette initiative est avant tout une ouverture à de nouveaux marchés.