Selon le compte-rendu des 18e Journées de médecine maritime organisées en octobre à Paris, « l’histoire des maladies professionnelles montre que la nature des risques professionnels pour la santé des gens de mer est en perpétuelle évolution ». De 1970 à 1990, « une véritable épidémie de leucémie » a atteint les personnels mécaniciens. Son origine se trouve dans l’exposition aux vapeurs toxiques des produits pétroliers raffinés riches en benzène. Un changement dans les méthodes de chargement/déchargement de ces produits a permis d’atténuer fortement l’exposition des personnels.
Depuis 1990, les maladies professionnelles en relation avec les poussières d’amiante ont fortement progressé. Leur incidence décroît depuis 2007. Sur ce point, les associations d’aide aux marins alertent sur « l’amiante toujours présente à bord de nombreux navires. Les générations passées des marins ont été atteintes par l’amiante. Celles d’aujourd’hui et de demain y sont et y seront exposées si le désamiantage ne devient pas une réelle priorité pour les armateurs ».
Des gaz toxiques dans les conteneurs
En 2015, 220 maladies professionnelles ont été reconnues par l’Enim, soit trois de plus qu’en 2014, selon la synthèse annuelle réalisée par le Service de santé des gens de mer (SSGM). Les risques professionnels actuels pour les marins sont les TMS, qui représentent 55,5 % des maladies professionnelles reconnues. « Il s’agit de tout ce qui touche aux articulations, épaules, coudes, poignets, mains, genoux », explique Thierry Sauvage, chef du SSGM. Comme autres maladies professionnelles reconnues en 2015, il y a les affections chroniques du rachis lombaire, les lésions chroniques du ménisque, la surdité.
Les Journées de médecine maritime ont évoqué l’exposition aux allergènes, aux émissions de particules fines des appareils propulsifs comme des risques professionnels possibles. Il y a aussi les gaz toxiques dans les conteneurs maritimes. Certains peuvent être cancérogènes, être à l’origine d’intoxication grave, provoquer des troubles irréversibles et immédiats. Les marins, dockers, manutentionnaires peuvent être concernés par ces gaz.
Au-delà des risques professionnels passés, présents ou à venir, le sujet de la reconnaissance de la maladie professionnelle fait apparaître deux visions opposées. D’un côté, l’Enim met en avant son rôle et sa préoccupation constante de la santé des gens de mer. De l’autre, les marins et leurs conseils dénoncent la volonté de l’Enim de minimiser la reconnaissance des maladies professionnelles.
Les pathologies professionnelles constituent un coût social pour les personnels atteints pouvant aller jusqu’à l’impossibilité de continuer à exercer leur métier, la perte d’emploi, la désinsertion professionnelle. Elles constituent un coût financier pour les entreprises et la collectivité. La prévention apparaît déterminante en termes économiques et de santé.