Nous y voilà! Notre jeune président de la République, son gouvernement rajeuni et une Assemblée nationale renouvelée avec une moyenne d’âge en forte baisse, toute la classe politique française a fait peu neuve. Quand on est un quinqua, la nouvelle génération nous renvoie dans nos 22 mètres rapidement. Place aux jeunes! Sur ce point, aucun souci pour que ceux qui vivront la France et le monde de demain commencent aujourd’hui à bâtir les fondations de ce qu’ils veulent faire du pays, de l’Europe et de la planète. Me revendiquant de la génération précédente, il m’arrive parfois de regarder la politique actuelle comme un dessin animé de Walt Disney, et plus particulièrement celui de Pinocchio. Cette marionnette souhaitant s’émanciper de son créateur pour devenir un jeune garçon et entrer dans la vie d’adulte me fait penser à notre président voulant couper le cordon ombilical qui l’a relié à François Hollande. Il ne faut pas uniquement y voir le dessin animé, mais aussi l’œuvre originale écrite par Carlo Collodi qui, à la fin du xixe siècle, a tourné ce roman en une satire de la vie politique. Notre Pinocchio élyséen doit maintenant trouver son Jiminy Cricket maritime. Qui saura remettre dans le droit chemin de la conscience maritime le locataire de l’Élysée? Récemment, nous entendions que chaque directeur de port avait, parmi ses homologues, son propre Jiminy Cricket. Est-ce qu’un jour les nez du Président et du Premier ministre s’agrandiront à chaque fois qu’ils passent à côté d’une décision à prendre en matière portuaire ou maritime? Si, au cours des derniers quinquennats, cela s’était produit, l’Élysée et Matignon auraient pu ouvrir une oisellerie avec des nez aussi grands que des perchoirs. Et pour rester dans les lettres, plutôt que de voir leurs nez grandir il faudrait, comme l’a dit Edmond Rostand, y voir un cap mais sur une route sans vent. Pour en revenir à notre Pinocchio élyséen, lorsque dans le dessin animé la marionnette demande à la fée qui lui donne le libre arbitre s’il est devenu un homme, elle lui répond: « Non, Pinocchio. Il ne faudra compter que sur toi. » Monsieur le Président, les opérateurs portuaires et maritimes comptent sur vous mais aussi sur votre capacité à savoir les écouter et prendre en compte leurs desiderata sans faire de la politique maritime une donnée trop politicienne. Si Pinocchio s’est perdu sur les chemins du succès facile, il faudra que le gouvernement d’Édouard Philippe sache emprunter des routes parfois difficiles mais qui pourront être rapidement couronnées, s’il sait entendre son Jiminy Cricket.
Édito
Le Pinocchio de l’Élysée
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