Sur les trois ports des départements français d’Amérique, la manutention portuaire est assurée au travers de quatre groupes principaux. Chacun a sa vocation et son rôle. Ce « Yalta » de la manutention existe maintenant depuis plusieurs années et semble être ancré dans une stabilité.
En Guyane, sur le port de Degrad des Cannes, la manutention conteneurs se réalise par deux filiales des groupes qui assurent des liaisons conteneurisées avec le département: CMA CGM et Marfret. La CMA CGM réalise les opérations de manutention sur l’île au travers de sa filiale, la Somarig. Marfret, pour sa part, est présent à Degrad des Cannes avec la GLMP (Guyane logistique et manutention portuaire). Les deux sociétés ont souffert des mouvements sociaux qui se sont déroulés en mars et avril. « La tension a été palpable pendant ces quelques semaines », explique Patricia Boissard, directrice de la manutention de Marfret aux Antilles. En Guyane, ce sont deux mouvements consécutifs qui ont paralysé le travail sur le port. Après les mouvements sociaux qui ont empêché tous travaux sur le département, un mouvement social de la Somarig s’est étalé pendant neuf jours jusqu’au 20 mai. Depuis la fin des mouvements sociaux le travail a repris, mais tant pour Marfret que pour CMA CGM, ces mouvements laisseront des traces. « Des navires ont été détournés sur les ports voisins, et même si nous devons rapatrier des conteneurs, nous sommes entrés dans la phase de négociation annuelle obligatoire qu’il faut gérer tout en continuant le travail. » Pour Marfret, il faudra encore trois ou quatre mois pour que la situation liée à ces mouvements soit entièrement absorbée. Et selon un responsable portuaire, la situation est d’autant plus difficile que les promesses faites par le gouvernement précédent doivent maintenant se concrétiser si la Guyane veut continuer à travailler. Le principal syndicat local, l’UTG (Union des travailleurs guyanais), reste mobilisé. Et selon un opérateur portuaire, les dockers du groupement de main-d’œuvre, le Gemag, ont été payés pendant le mouvement social. Au total, Marfret a déchargé quelque 15 500 t de produits dans les ports voisins qu’il faut maintenant faire rapatrier sur le département. Et pour le directeur de la ligne entre l’Europe et la Guyane, quelques marchandises de produits agroalimentaires ont fini soit à la poubelle soit au zoo. Après ces mouvements, la direction du port reste confiante. « Nous pouvons récupérer l’ensemble des trafics et revenir à notre niveau des années précédentes si nous ne connaissons pas de nouveaux conflits », estime Rémy-Louis Budoc, président du directoire par intérim.
Des travaux nécessaires
En Martinique, la manutention portuaire se fait entre quatre sociétés. Somartrans réalise les opérations pour les lignes régulières conteneurisées de Marfret et les opérations de roulier pour Ferrymar (service assuré par le navire Le-Marin entre Guadeloupe et Martinique). Les navires de la CMA CGM sont assurés par la filiale du groupe, la GMM. Transcaraïbes, filiale du groupe Naxco, est pour sa part présent sur la manutention des navires de Geest Line, pour les opérations verticales. Il assure les manutentions horizontales de Mærsk Line, à savoir depuis sous portique jusqu’au terminal. Le groupe assure aussi toutes les opérations pour les navires rouliers de K Line et NYK Line. Les opérations de manutention pour Höegh Autoliner sont réalisées par SCT, filiale du groupe Aubéry. Sur le port de Fort-de-France, les travaux entrepris par la direction sont une nécessité pour les opérateurs portuaires. « En offrant de l’espace supplémentaire, nous disposons d’un peu plus d’espaces et surtout pour les vides sur le terminal », nous a confié Jacques poussier, directeur général de Transcaraïbes. Pour Xavier Aubéry, les travaux que réalise actuellement le port sur le terminal roulier permettront une meilleure sécurité pour les trafics rouliers que l’opérateur réalise. Malgré tout, le dirigeant estime que la situation reste fragile. Le poids des syndicats sur l’île reste important. Un poids pour amener de nouveaux opérateurs à faire du transbordement sur l’île? Pour certains, c’est un tout à regarder, il n’y a pas que la manutention qui pêche mais c’est une action de l’ensemble de la place portuaire qui doit permettre d’attirer de nouveaux opérateurs pour répondre à des demandes d’opérations de transbordement. Pour Patricia Boissard, directrice de la filiale Marfret sur la Martinique, la situation reste calme. « Nous avons connu des difficultés l’an passé avec la mise en place du nouveau système de gestion informatique du terminal, le TOS. » Et Jacques Poussier d’enfoncer le clou en soulignant que « ce sont les coûts de manutention et le sureffectif qui sont un frein au développement du transbordement sur l’île. À quelques heures de mer se trouvent des ports avec des coûts de main-d’œuvre bien inférieurs. Pour être compétitif, il faut être meilleur marché que ses concurrents directs et voisins », continue le responsable de Transcaraïbes.
Stisfaction du port
Enfin, en Guadeloupe, les mêmes groupes qu’en Martinique se retrouvent. Soguama assure la manutention des opérations pour Marfret, quand la filiale de CMA CGM, la GMG, est dédiée aux opérations sur les navires de CMA CGM. Transcaraïbes opère pour sa part les opérations de Seatrade, celles de Mærsk Line en manutention horizontale et les trafics automobiles de K Line. Quant au groupe Aubéry, il assure les manutentions pour Höegh Autoliner, Spliethoff par sa filiale SCT. Les trafics de Mistui sont assurés par la SGCM. Enfin, en Guadeloupe comme en Martinique, le groupe de Xavier Aubéry réalise l’ensemble des trafics de vracs solides. En Guadeloupe, le groupe traite les trafics de clinker, d’agrégats et de charbon à l’import et de sucre à l’export. Pour l’ensemble des opérateurs, l’unanimité se fait autour de la satisfaction du port. « Il est devenu fiable et nous n’avons pas eu à souffrir de mouvements sociaux ces dernières années », expliquent d’une même voix les manutentionnaires. Pour Xavier Aubéry, « la qualité, la productivité et la fiabilité progressent. Nous constatons que beaucoup de choses ont été faites ». Le même sentiment est de mise pour la structure de Marfret qui reconnaît ne pas avoir connu de problèmes majeurs sur l’île. Il reste que la situation du roulier doit encore être améliorée, selon Xavier Aubéry. Le port a diligenté une étude pour optimiser l’espace et satisfaire une demande d’une meilleure optimisation de l’espace pour travailler dans de meilleures conditions. Une demande qui se fait urgente pour l’opérateur. « Nous avons été questionnés pour un trafic de transbordement pour du roulier sur le port. Il faut que nous puissions opérer nos trafics dans les meilleures conditions pour attirer de nouvelles lignes », continue Xavier Aubéry.