En 2016, les pilotes de la Martinique ont réalisé 812 opérations pour le trafic port, soit une augmentation de 2 %. Une croissance qu’Emmanuel Lise, président de la station de pilotage de Fort-de-France, attribue à l’arrivée sur l’île de la nouvelle ligne Stream Lines. Au global une bonne opération pour les pilotes, quand le reste du trafic commercial de l’île s’est maintenu dans le même temps. « Nos recettes globales augmentent de 5 %, soit moins que l’an passé puisque nous avions réalisé une hausse de 6 %. En 2016, nous avons augmenté nos tarifs de 0,5 %. La réception de navires plus grands et les escales de Stream Lines nous ont permis d’augmenter nos recettes sur l’année », indique le président de la station. Cette hausse des recettes a dû faire face à des aléas économiques. Sur le poste pétro-minéralier, le nombre de navires opérés est en baisse. « Dans les années précédentes, nous recevions de huit à dix navires de brut. Aujourd’hui, la tendance est à la baisse avec sept à huit navires par an. Ce sont des unités de même tonnage qu’auparavant, à savoir 120 000 t environ. » Pour Emmanuel Lise, la reprise de la Sara par Rubis n’entre pas forcément en ligne de compte. L’importation plus massive de produits raffinés pourrait expliquer cette tendance. Sur le poste de Bellefontaine, au droit de la centrale électrique d’EDF, le nombre d’opérations accuse aussi un repli. La centrale a été rénovée et consomme moins de carburant aujourd’hui, ce qui explique la baisse du nombre d’opérations d’entrées de navires, « mais les navires qui sont destinés à ce poste sont de plus grande taille. L’un dans l’autre, cela signifie des recettes presque équivalentes entre 2015 et 2016, mais en régression de 40 % par rapport à 2014 ».
Des tarifs spécifiques
Un élément déterminant dans la croissance des recettes de la station de pilotage revient à l’augmentation de la taille des navires de croisière qui touchent le port de la Martinique. Les navires de MSC de dernière génération et de plus grande taille touchent le port. En outre, les pilotes jouent le jeu dans le développement commercial du port. « Nous proposons des tarifs spécifiques pour les navires de croisière pendant l’intersaison pour lisser les flux sur toute l’année. Cela n’a pas encore porté ses fruits, même si deux navires sont prévus bientôt. » En effet, cette année, c’est un navire de Disney Cruise et l’Adventure-of-the-Seas qui devraient escaler à la Martinique. Ils profitent de ces tarifs mais leur venue à la Martinique est une opération d’opportunité en raison des travaux de dragage à Sainte Lucie qui les empêchent de toucher cette île. De plus, dans l’anse du Marin, les pilotes réalisent des escales pour de plus petits navires de croisière, environ 13 en 2016, qui s’ajoutent aux trois escales de Dockwise pour le déchargement de yachts.
Se donner « un peu d’air »
Lors des travaux engagés par le port pour augmenter le linéaire de quai sur le terminal à conteneurs de la Pointe des Grives, les pilotes ont été consultés, « mais pas autant que nous aurions souhaité ». L’augmentation des 150 mètres linéaires de quai sur le terminal va permettre aux pilotes de se donner « un peu d’air » pour l’accostage de deux navires du type des derniers CMA CGM. « Cela ne résout pas les conditions d’accostage d’un troisième navire. Une situation qui survient une fois par semaine. Il aurait fallu prévoir un linéaire de quai plus grand pour nous donner la souplesse d’intervention », estime Emmanuel Lise. Une alternative à ce problème de surcapacité partielle des linéaires de quai pourrait aussi être résolue par un lissage des escales sur la semaine. « Sur les sept jours, le terminal à conteneurs est occupé à 50 % environ. Chaque semaine, pendant trois jours, du dimanche au mardi, le terminal est vide. Une meilleure répartition des escales permettrait une plus grande efficacité des rotations. » Des vides qui pourraient aussi permettre de placer le port comme un hub dans la région. « Devenir un véritable hub international signifie que nous devons avant tout être efficaces. Il faut être compétitif sur toutes les composantes du compte d’escale, et cela veut dire que chacun doit faire des efforts: les pilotes, mais aussi la manutention et les autres postes du compte d’escale, en tout cas sur le trafic non captif comme le transbordement. »