La performance de 2016 suspendue par les mouvements sociaux

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L’année 2016 s’est achevée sur une note positive. Avec un trafic en progression de 9,3 % à 805 100 t, le Grand port maritime de la Guyane, qui comprend le site de Degrad des Cannes et celui de Kourou, a renoué avec la croissance « sans pour autant atteindre les chiffres antérieurs à 2013 », précise Rémy-Louis Budoc, président du directoire par intérim. Et parce qu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, cette performance de 2016 s’est déclinée sur la majorité des courants. « La prospérité économique de notre territoire a largement participé à ce développement de nos trafics », continue Rémy-Louis Budoc. Les vracs liquides enregistrent une hausse de 8,9 % à 258 412 t. Composé d’hydrocarbures et de méthanol, ce poste démontre de l’activité économique croissante sur le territoire. Du côté des marchandises diverses, le roulier s’est envolé en 2016 avec une hausse de 25,7 % à 10 752 unités. « Nous sommes entrés dans un cycle de renouvellement du parc automobile », explique le président du directoire par intérim. Quant aux autres marchandises diverses, à savoir les conteneurs mais aussi le fret pour les armées et pour la base spatiale de Kourou, il progresse de 11,9 % à 467 737 t. La régularité des importations sur le site de Kourou permet d’assurer une continuité des approvisionnements en hydrocarbures mais aussi pour la base de vie. Dans ce courant des marchandises diverses, les conteneurs ont suivi le mouvement général et affichent une progression de 5,7 % à 56 953 EVP. « Ces chiffres de la conteneurisation sont un signe de la reprise économique. Certes, une partie de ces boîtes comprend du déménagement, mais nous constatons aussi un transfert de produits depuis les vracs vers ce mode de contenants. »

Il est un point qui, en 2016, s’est démarqué. Les vracs solides ont régressé en volume. Ils ont perdu 6,5 % à 68 200 t. Constitués principalement de clinker et de gypse, ces trafics ont perdu de leur teneur en raison de la phase de ralentissement des grands travaux. « Nous constatons une phase de fin des grands travaux, tout en voyant aussi une activité dans le BTP pour les particuliers se maintenir. Cette dynamique des chantiers privés et la relance de grands travaux dans les prochains mois sont des éléments positifs qui devraient relancer l’économie du BTP en Guyane. » En outre, cette baisse de trafics de vracs solides ne serait qu’un effet de transfert pour certains. Une partie des trafics de clinker et de gypse se ferait en conteneurs, ce qui expliquerait la baisse des volumes sur les trafics de vracs solides.

« Une situation tout à fait exceptionnelle »

Fort de cette année 2016, le Grand port maritime de la Guyane a entamé l’année 2017 sous les meilleurs auspices. Or, les mouvements sociaux qui se sont déclenchés dès le mois de février ont eu raison de la lancée entamée l’an passé. « Nous avons vécu durant le premier trimestre une situation tout à fait exceptionnelle », indique Rémy-Louis Budoc. Globalement, le trafic a perdu 11,1 % sur les trois premiers mois pour atteindre 188 712 t. Les courants qui progressaient se voient perdre de leur teneur. Les marchandises diverses, les vracs liquides et solides ont baissé. Seul courant à avoir « sauvé les meubles », le fret roulier qui conserve une progression de 9,3 % à 2 729 unités. « Ces mouvements ont pesé sur les trafics portuaires mais aussi sur toute l’organisation de la chaîne logistique. Il a fallu que les opérateurs trouvent des solutions alternatives pour les boîtes qui étaient chargées en Europe à destination du marché guyanais. » Une grande partie des conteneurs a été stockée dans les ports voisins de Trinidad et Tobago, ou au Surinam. Les mouvements sociaux en Guyane ont empêché le port de sortir les conteneurs pleins qui avaient pu être déchargés avant le mouvement, tout comme le retour des boîtes vides. « Dès la fin du mouvement, nous avons dû trouver avec les opérateurs des solutions pour que la situation redevienne normale. Néanmoins, cela a été encore plus compliqué quand nous avons connu un mouvement social au sein de la Somarig. » Cette société de manutention, filiale de CMA CGM, a connu un mouvement social du 15 au 22 mai. Une semaine de plus après la crise sociale de mars et avril a eu raison des trafics. Le 22 mai, l’activité est redevenue normale sur le terminal de Remire-Joly, mais avec un défi à relever: celui d’évacuer les conteneurs vides et de rapatrier ceux stockés dans les ports voisins. « Depuis lors, la situation se stabilise progressivement », assure Rémy-Louis Budoc. Et pour le port, il a fallu entrer dans une phase de négociation. « Lors du mouvement social guyanais qui a interrompu toutes les activités sur le territoire, nous avons accepté de ne pas faire payer de surestaries aux opérateurs pour les conteneurs. Les choses ont été différentes lors du mouvement de la Somarig. Étant donné qu’il s’agit d’un mouvement d’une entreprise, nous avons voulu inciter le retour au travail en maintenant nos délais de franchise. »

Au sortir de la crise, si le retour des conteneurs stockés dans les ports voisins de Trinidad ou du Surinam ont pris du temps, les conditions de sécurité de travail sur le terminal de Degrad des Cannes ont aussi été un problème. « Avec l’amoncellement de conteneurs sur le terminal, les premiers jours de travail ont été compliqués pour les dockers en raison d’un stockage désordonné de toutes les boîtes. Nous pensons que dans les prochains jours, la situation devrait revenir à la normale », rassure Rémy-Louis Budoc. « Sans nouveaux atermoiements sociaux, les trafics annuels devraient confirmer la prospérité de l’économie locale. »

Plusieurs projets dans les cartons

Le Grand port maritime de la Guyane ne désarme pas. Avec plusieurs projets dans les cartons, il fourbit ses armes pour améliorer sa compétitivité. Le parking pour les camions a été inauguré. Les travaux sur le quai continuent, ils devraient être terminés en février prochain. Le port a aussi déposé sur le bureau du préfet une demande pour l’extension du foncier, tant à Degrad des Cannes qu’à Kourou. Le GPM regarde plus loin et s’intéresse aussi à des terrains à l’embouchure du Maroni. « Le développement de l’activité minière le long du fleuve nécessite de pouvoir disposer d’un terminal énergétique sur la zone. Nous menons actuellement des relevés bathymétriques avant de nous lancer dans un projet concret. » Sur le plus long terme, le projet de Pomu (plate-forme offshore « multi user ») reste toujours d’actualité. Il s’agit de créer en mer un port flottant. « Ce projet est un peu une vision de l’avenir à la Jules Verne. Nous sommes dans une phase de recherche fondamentale aujourd’hui », continue Rémy-Louis Budoc. Le port cherche des partenaires pour mettre en place une dynamique sur le plan technique, juridique et social. « Il faut déjà répondre à ces questions avant de passer à l’étape suivante. »

Antilles-Guyane

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