La confiance des armateurs se confirme

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L’année 2015 s’est achevée sur une baisse de trafic. Les années se suivent et se calquent sur la même tendance. En 2016, le Grand port maritime de la Martinique (GPMLM) affiche une baisse de 8 % à 3,1 Mt. « Un trafic contrasté », ajoute Jean-Rémy Villageois, président du directoire du GPMLM. Le trafic des marchandises diverses, qui représente à lui seul la moitié des trafics, a enregistré une baisse. L’arrivée de Stream Lines, avec une escale hebdomadaire sur le port de Fort-de-France, n’a pas permis de relever ce courant. La démographie de l’île s’inscrit dans une tendance négative, et par voie de conséquence les trafics suivent la tendance. De plus, l’économie caribéenne enregistre depuis plusieurs mois des incidents économiques. La crise qui sévit au Venezuela, mais aussi le ralentissement économique du Brésil, ne plaident pas en faveur d’un retour des trafics. « Au global, les activités de transbordement que nous pourrions faire vers les autres pays de la région ne se sont pas réalisées », explique Jean-Rémy Villageois. Au global en 2016, le trafic conteneurisé de la Martinique a atteint 153 453 EVP, soit une baisse de 4 %. Et sur cette catégorie de trafic, les transbordements ont subi un sérieux revers. Ils ont perdu 43 % à 9 875 EVP. Cette baisse des trafics conteneurisés est partiellement comblée par la hausse des trafics de véhicules neufs. Il a gagné 6 % en 2016 pour atteindre 27 169 t. Le roulier, hors conteneurs, suit le mouvement avec une hausse de 5 % à 86 939 t. Le port constate depuis trois ou quatre ans un renouvellement du parc automobile local, tant pour les particuliers que pour les loueurs de voitures. Après avoir connu des années avec des hausses de 6 % à 7 %, cette croissance aurait plutôt tendance à se tasser en 2016.

Baisse des vracs

Quant aux vracs, ils perdent, tant les liquides que les solides, entre 9 % et 10 %. Les vracs liquides affichent une diminution de 10 % de leur volume. « Une baisse qu’il faut analyser sur plusieurs années. En 2015, nous avions réalisé une année exceptionnelle. En 2016, nous affichons une baisse de 10 % mais avec des trafics qui restent dans la moyenne de ce que nous avons pu connaître sur les cinq dernières années. » Ainsi, tant le brut destiné à la Sara que les produits raffinés sont en baisse de respectivement 12 % et 11 %. Quant aux vracs solides, leur baisse tient avant tout à l’activité économique sur l’île, et notamment pour la filière du BTP. Une grande partie des importations se fait sur le clinker, pour les cimentiers. La baisse de la demande se reporte directement sur le trafic portuaire de ce courant. Les céréales pour leur part restent stables avec une hausse de 1 % à 53 510 t, et les engrais progressent de 14 % à 23 053 t.

Après cette année contrastée, les quatre premiers mois de l’année s’inscrivent dans une logique de croissance. À fin avril, le port affiche une croissance de 0,1 % à 957 994 t. « Nous voyons notre démographie repartir et les trafics accompagnent le mouvement. Les transbordements repartent. » Cette reprise est avant tout menée par les marchandises diverses qui gagnent 4,4 % à 442 037 t. Les conteneurs pleins progressent avec une croissance de 1,5 % à 29 774 EVP, et en tonnage avec une hausse de 6,2 % à 297 597 t. La hausse de la consommation se traduit par une augmentation des importations de conteneurs pleins. Le transbordement a aussi repris de l’activité avec une augmentation de 112 % de ses volumes à 3 202 EVP. À l’inverse, les conteneurs pour la banane et les véhicules neufs régressent. Les premiers sont en retrait de 56 %. Les voitures accusent un repli de 7,4 % à 7 328 t. Le renouvellement du parc automobile du département arrivant peut être à son terme. Quant aux vracs, les liquides progressent de 1,8 % à 444 055 t avec une hausse notable des produits raffinés quand le brut perd 2 %. Les solides, pour leur part, perdent 26 %, ce qui représente 25 000 t. Un chiffre qui traduit le volume d’un lot de vrac qui se reporte d’un mois sur l’autre.

Le GPMLM se prépare pour son avenir

Dans ce contexte de relative stabilité des trafics, le GPMLM se prépare pour son avenir. « Globalement, d’une année sur l’autre les trafics se stabilisent, nous a confié un manutentionnaire. Entre une baisse de 3 % une année et une croissance identique l’année suivante, il n’existe pas de grands changements. » Néanmoins, avec l’arrivée en février 2016 de la nouvelle ligne Stream Lines et l’entrée en service dans les prochaines semaines des navires affectés à la ligne CMA CGM, dont la capacité augmente de 30 %, le port prépare ses installations pour recevoir ces conteneurs supplémentaires. « Nous constatons que les armateurs ont de plus en plus confiance en notre port. L’augmentation de la capacité des navires de CMA CGM, l’entrée en service de Stream Lines et le doublement des escales du Marin de Ferrymar en sont la preuve », confirme Jean-Rémy Villageois. Engagés depuis plusieurs années, les travaux d’agrandissement du port deviennent une réalité. La phase 1 a été livrée en fin d’année dernière. Il s’agissait de réaliser une extension du terre-plein de 3 ha, d’allonger le quai du terminal de la Pointe des Grives et de prévoir une extension foncière. L’objectif de cette première phase est de permettre aux trafics de se fluidifier et de libérer de l’espace pour faire du transbordement. « Dès la livraison, les manutentionnaires ont pris possession de ces nouveaux hectares. » Ce volet a été aussi l’objet de nombreuses discussions avec les associations écologiques qui souhaitaient que les remblais soient pris sur l’île et non pas en mer. « Nous avons relevé le défi en réalisant cette opération avec du remblai technique depuis les carrières locales, mais surtout dans le budget que nous avions évalué au démarrage des travaux », nous a confié le président du directoire. La deuxième phase de ce projet vise à allonger le quai pour le porter à 600 m et doter le terminal de 2 ha de terre-pleins supplémentaires. Un volet qui réclamera une enveloppe de 40 M€ et dont les premiers coups de pioche sont attendus pour la fin de l’année. « Ce projet d’extension du port doit se faire à pas mesurés. Nous avons découpé le programme en trois phases pour suivre le marché et maîtriser l’aspect financier. »

D’autant plus que le port est enserré dans un parc marin et qu’il doit respecter les exigences environnementales imposées. « Ces exigences environnementales, nous les associons à nos projets d’avenir. Nous intégrons dans notre réflexion l’empreinte que nous pouvons avoir sur la faune et la flore, mais tout en regardant l’avenir. Nous faisons du développement durable. » Parallèlement à ces contraintes, le GPMLM bénéficie d’avantages géographiques et nautiques. Port protégé dans une baie, il dispose d’un chenal d’accès suffisamment profond qui lui évite des opérations de dragage coûteuses. En offrant ces avantages, le GMPLM veut pouvoir profiter des effets de l’ouverture du nouveau jeu d’écluses du canal de Panama. Si, aujourd’hui, cet effet canal de Panama ne s’est pas fait sentir, le port se tient prêt. « Il y a eu une augmentation de la taille des navires, de nouvelles lignes se sont ouvertes ainsi qu’une tentative de développement des Caraïbes. Mais tout cela n’est qu’un résultat de cause à effet entre chaque élément. Néanmoins, les choses peuvent évoluer rapidement », note Jean-Rémy Villageois. Pour le président du directoire, les choses bougent sans que cela ne soit encore visible. « Cela peu aller très vite. Des zones de transbordement naissent. Il faut que nous soyons prêts. »

Antilles-Guyane

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