La particularité des deux îles des Antilles se retrouve dans leur système portuaire informatique. Sur les deux îles, la Guadeloupe et la Martinique, le CCS (Cargo Community System) AP+ a été implanté. La seule différence vient de leur partenariat avec la société qui l’a installé. En Guadeloupe, après la création de la Ceiba, la Soget et la société guadeloupéenne ont noué un partenariat et choisi de se doter du CCS AP+. En Martinique, c’est la société locale Port+ qui, pour sa part, s’est tournée vers la société marseillaise MGI.
Les deux sociétés métropolitaines ont participé à cette implantation mais en proposant à chacune des sociétés locales de s’adapter au monde économique portuaire local. Aujourd’hui, en Martinique, Port+ traite la totalité des trafics maritimes et aériens. « Pour le fret aérien, nous traitons les grandes compagnies aériennes qui opèrent du trafic international. Seules quelques compagnies locales n’utilisent pas notre système », indique Nicole Sully, directrice générale de Port+. Pour le maritime, Port+ traite non seulement les conteneurs mais aussi les trafics de vracs et des autres marchandises diverses. En Guadeloupe, la Ceiba se situe au même niveau. Elle traite les trafics maritimes et aériens.
Nouveau CCS
Pour les deux îles, le CCS actuel permet de répondre aux besoins de la communauté portuaire. Les deux sociétés métropolitaines ont entrepris depuis plusieurs années de développer un nouveau CCS qui offre de nouvelles technologies. « Nous pourrions encore travailler avec AP+, confie Christophe Foucault, directeur général de la Ceiba. Nous devons suivre les évolutions technologiques. » Alors, tant en Guadeloupe qu’en Martinique, les deux sociétés locales ont décidé de suivre les évolutions proposées par leurs partenaires. En Guadeloupe, la Ceiba annonce l’implémentation de S)One dans les prochains mois. Le passage d’un système à l’autre devrait se faire dans le courant de l’année prochaine. « Le passage d’un système à un autre mérite de vérifier que toutes les fonctionnalités se comportent sans problèmes. Quand la Soget a implanté son CCS S)One en Jamaïque, le port de Kingston n’avait aucun système. Il est plus rapide d’implanter un système quand nous partons de zéro. » En Martinique, le nouveau système de MGI, CI5, devrait être installé dans le courant du premier semestre, espère Nicole Sully, en mai ou juin. Pour la directrice générale de Port+, ce nouveau système présente avant tout une nouvelle ergonomie pour les utilisateurs. « Il sera aussi une nouvelle façon de travailler pour les opérateurs. Par ailleurs, il donnera une meilleure productivité aux opérateurs. » Un gain qui sera généré par la meilleure interface de CI5 avec les logiciels privatifs pour la facturation et le traitement des dossiers. Outre ces fonctionnalités, CI5 sera aussi à la pointe de la technologie. Le système sera décliné sous forme d’applications pour téléphone portable et tablette. Le système pourra devenir un outil commun à utiliser au plus près des opérations et en continu.
En implémentant S)One en Guadeloupe, la Ceiba offrira à ses utilisateurs de nouvelles fonctionnalités. Le CCS de la Soget permettra aux utilisateurs de disposer de statistiques plus fines pour aller davantage dans le détail. L’utilisateur pourra disposer de données sur le type de marchandises, le temps de passage, les temps d’attente de ses marchandises et leur suivi. « Auparavant, le détail du type de fret n’allait pas jusqu’à certains détails qui seront possibles avec S)One », nous a confié Christophe Foucault.
La question du coût
En changeant de CCS dans chaque port se pose la question financière. Il n’est pas prévu qu’une augmentation des coûts d’utilisation soit imposée. Tout au plus, confient les responsables des deux sociétés antillaises, un très léger surcoût sera appliqué, « qui sera minime », rassurent les deux dirigeants.
Les deux sociétés travaillent déjà à de nouveaux développements. En Martinique, Port+ et le cluster portuaire étudient de nouvelles fonctionnalités locales comme la mise en place de rendez-vous dans les terminaux portuaires et aéroportuaires pour les chauffeurs routiers, et peut-être à terme une bourse de fret. En Guadeloupe, la Ceiba a déjà commencé sa diversification. La société joue un rôle de relais local pour la Soget dans la région. Ainsi, le contrat de concession de guichet portuaire à la Jamaïque s’est gagné en partenariat avec la Ceiba. D’autres contacts dans la région sont en cours. « Nous avons répondu à des appels d’offres de ports de la région. La décision devrait être prise dans les prochaines semaines. Entre la concession et la réalisation de l’implantation du CCS, un laps de temps est à prévoir. C’est pour nous une diversification de notre activité », indique Christophe Foucault. Déjà, la Ceiba a mis sur pied une bourse de fret maritime. Au démarrage de ce projet, il s’agissait de créer un annuaire des compagnies maritimes qui desservent la région. Au fur et à mesure, la Ceiba a fait évoluer cet annuaire vers une bourse de fret. L’idée est d’offrir aux opérateurs de la chaîne logistique des capacités dans des navires ou des conteneurs. « Les conteneurs qui ne sont pas pleins peuvent ainsi optimiser leur voyage en offrant quelques mètres cubes à d’autres opérateurs. » Aux Caraïbes, les habitudes de consommation sont à l’inverse de celles de métropole. Les renseignements sur un produit à acheter se font d’abord sur Internet puis le consommateur va acheter son produit en magasin. En métropole, le consommateur se rend d’abord en magasin avant d’acheter sur Internet son produit. Cette habitude de consommation est un « frein » à l’utilisation de la bourse de fret. Au final, la bourse est aujourd’hui utilisée par des opérateurs d’autres continents plutôt que par les Caribéens. La bourse propose actuellement une gratuité de six mois avant de devenir payante. « Néanmoins, aujourd’hui, nous n’avons pas encore suffisamment de volumes pour qu’elle soit uniquement payante. Nous avons aussi besoin de régularité », indique Christophe Foucault.