Le Grand port maritime de la Guadeloupe (GPMG) a enregistré en 2016 un trafic de 3,6 Mt, soit une progression de 2,2 %. Il retrouve son trafic de 2013 mais surtout se rapproche de son record qui s’est établi en 2012 à 3,9 Mt. À quelques tonnes près, Guadeloupe Port Caraïbes rejoint son second meilleur score de 2013 qui s’établissait à 3,7 Mt. La reprise des trafics en Guadeloupe entamée en 2015 ne s’est pas essoufflée en 2016. « Les importations ont repris, indique Yves Salaün, président du directoire de Guadeloupe Port Caraïbes. C’est le signe d’une croissance de la consommation des ménages sur l’île ». Autre signe positif de l’économie guadeloupéenne, un frémissement sur l’activité du BTP qui a donné une nouvelle dynamique. « Tous les indicateurs évoluent positivement à l’exception des vracs liquides », continue le président du directoire. Sur les trafics de vracs, la hausse du charbon (+26,3 % à 255 516 t), du gypse (+5,6 % à 12 000 t) et des engrais (+24 % à 10 180 t) a compensé la baisse de produits comme les hydrocarbures, les céréales et les agrégats. Quant aux exportations de sucre, elles accusent une diminution de 34,9 % à 25 600 t en raison d’une campagne en deçà de celle de l’année précédente.
Croissance de la consommation des ménages
Du côté des conteneurs, le trafic a été dopé par la consommation des ménages qui reste en croissance. Au global, le trafic conteneurisé a augmenté de 4,6 % à 211 237 EVP. L’activité de transbordement sur le port guadeloupéen a enregistré une hausse moins importante que l’année précédente. En 2016, le GPMG a enregistré un trafic de 66 000 EVP transbordés. « Un record pour notre port », souligne Yves Salaün. Néanmoins, la croissance en 2016 a été de 4,7 % quand elle était de 28,5 % en 2015. Sur les premiers mois de 2017, la situation s’est inversée. « Nous avons démarré l’année avec des volumes en baisse en raison d’approvisionnements massifs en fin d’année dernière. Au fur et à mesure des semaines, le trafic est revenu », indique Yves Salaün. Quant au transbordement de véhicules, qui a connu en 2016 une forte croissance, il est aujourd’hui arrivé à un palier. « Nous consolidons nos résultats avec pour objectif une stabilité du trafic en 2017 », nous confie le président du directoire.
Après l’ouverture du nouveau jeu d’écluses du canal de Panama en juin 2016, le GPM Guadeloupe ne constate pas les effets sur son trafic. « Nous observons une montée en taille des navires qui traversent le canal et une réorganisation des services. D’autres lignes sur le transatlantique qui ne traversent pas le canal pourraient utiliser notre port comme hub. » Les arguments selon lesquels le port guadeloupéen est trop cher sont en partie désavoués. En effet, il a réussi à prendre des parts de marché sur ses voisins parce qu’il offre une fiabilité. Preuve en est, ces trafics ont été consacrés par la remise du prix de la performance et de la productivité portuaire de la Caribbean Shipping Association en octobre. Pour la direction du port, « cette nouvelle distinction met en exergue la performance, la productivité et la qualité de service fournies dans le traitement des activités, qu’il s’agisse des marchandises ou des passagers, au sein d’un environnement portuaire régional compétitif. Un prix qui couvre notre activité 2015. Nous confortons notre place de port attractif au cœur de la Caraïbe ».
Fort de ces trafics, le GPMG est engagé depuis quelques années dans un programme d’amélioration de ses infrastructures. Conscient de ses atouts et de sa position régionale, la Guadeloupe mène de nombreux travaux pour se placer dans un nouvel environnement créé par l’ouverture en juin 2016 du nouveau jeu d’écluses du canal de Panama. Si l’effet canal de Panama ne s’est pas encore fait sentir, le port se prépare pour les développements qui pourraient survenir rapidement. Avec un tirant d’eau de 11 m, il a d’abord fallu travailler sur l’accessibilité nautique des navires. « Le risque majeur pour le GPMG était de devenir un port secondaire, un port qui ne serait donc pas desservi en ligne directe et qui subirait alors la feederisation. En d’autres termes, la Guadeloupe deviendrait dépendante d’un autre port, aux infrastructures adéquates, ce qui entraînerait un surcoût pour l’économie guadeloupéenne estime? à 50 M€ par an, soit environ 500 € annuels par ménage », indique la direction du port. Le coût des travaux est estimé à 87,2 M€, pris en charge par le Grand port maritime, le Feder, l’État et la Région.
Un programme en deux phases
Le programme se réalise en deux phases. La première est en cours d’achèvement. Elle comprend les opérations de dragage qui ont permis de passer d’un chenal d’accès de 11 m à 16,2 m. Le balisage a été modifié. Dès les travaux finis, le groupe CMA CGM a profité de ces nouvelles capacités nautiques. Dès le mois de décembre, les premiers navires de la classe des « Pointe » de CMA CGM de 2 800 EVP ont réalisé leurs premières escales dans le port guadeloupéen. C’est une progression de 30 % de la capacité offerte par la CMA CGM sur le port. La première phase doit s’achever avec la construction de terre-pleins au sud du terminal de Jarry. Cette phase intermédiaire a pris du retard. Les enrochements nécessaires à la construction ont été extraits, mais il faut maintenant réaliser les travaux sur le site. Une situation qui retarde de quatre mois ces opérations. « Nous pensions financer les travaux sur 2017, mais avec ce retard, ce sera plutôt sur 2018 », continue le président du directoire. Dès le mois de juillet, les travaux d’agrandissement du terre-plein devraient commencer.
Quant à l’utilisation de ce nouvel espace, plusieurs éléments incitent le port à réfléchir à son avenir. Il a entrepris un audit de son organisation sur les interrelations entre le roulier et le conteneur. De plus, les AOT pour les pétroliers et EDF arrivent à échéance en 2020. Avec le programme pluriannuel de l’énergie pour l’île, le passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables pourrait être un élément entrant en ligne de compte. « Tous ces éléments devront être analysés pour que chaque trafic ait sa place dans le développement de l’île. » En outre, la progression du trafic conteneurs n’a pas suivi les schémas attendus de croissance. « Nous avons déposé auprès de la préfecture un dossier pour rallonger notre quai de 100 m, ce qui nous permettrait de satisfaire une demande intermédiaire avant de nous lancer dans la deuxième phase. » La phase 2 de ces travaux est attendue pour 2021. Parce que le port se situe dans un espace protégé, il a mis en place un observatoire pour éviter l’impact environnemental de ces travaux.