Les premiers chiffres de l’année ne sont guère encourageants sur la piraterie maritime internationale. Avec 43 incidents déclarés au cours de cette période, le premier trimestre de l’année vient démentir celui de 2016 qui avait enrayé la progression des années précédentes. Deux points chauds demeurent sur la planète, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique. En Asie du Sud-Est, notamment au Bangladesh et aux Philippines, les pirates attaquent les navires à l’ancre en attente devant les ports. En Afrique, ils optent plutôt pour des actes au cours de la navigation.
Le plus grand nombre d’attaques concerne, pour ce trimestre, les côtes des Philippines. L’IMB a enregistré neuf attaques au cours de ces trois premiers mois. Vient ensuite l’Indonésie qui a compté sept attaques. Enfin, le Bangladesh, après avoir réussi à éviter des attaques au cours du premier trimestre 2016, a vu le nombre d’actes de piraterie s’élever à quatre. Les trois sites les plus propices aux attaques en Asie sont Chittagong au Bangladesh, Batangas aux Philippines et Lubuk Gaung en Indonésie. En Afrique, la situation du Nigeria semblerait se calmer. Sept actes ont cependant été recensés, un chiffre en diminution par rapport à la même période de l’année précédente. Signes tout de même encourageants, sur les trois premiers mois de l’année, aucune attaque n’a été enregistrée en mer Rouge, et seulement deux cas ont été répertoriés en Somalie. La présence de la flotte Atalante produit ses effets.
Sur les 43 incidents déclarés auprès de l’IMB, 33 ont vu les pirates monter à bord des navires; deux unités ont été prises par les pirates au large de la Somalie; dans le même temps, huit tentatives d’attaques ont été recensées dont quatre ont généré l’utilisation d’armes à feu par les pirates. Sur le total des actes de piraterie recensés, 14 attaques, tentatives comprises, ont été réalisées avec des armes à feu et dix avec des armes blanches.
Attaques directes aux marins
Les personnels navigants ont fait les frais de ces nombreux actes de piraterie. L’IMB a dénombré 66 attaques directes à des marins. Parmi eux, deux sont décédés des suites de l’assaut. « Les eaux du sud des Philippines, y compris dans la mer de Sulu et dans le passage de Sibutu, voient les actes augmenter. Ce sont neuf cas déclarés sur ce trimestre contre deux l’année précédente. Deux marins ont été tués lors d’une attaque sur un navire conventionnel. Il faut percevoir ces décès comme une escalade de la violence dans la région, influencée probablement par des activités politiques plus que de piraterie », indique le rapport trimestriel de l’IMB. Du côté du golfe de Guinée, la « tradition » de la prise d’otage continue. Ce sont 17 marins qui ont été kidnappés pendant ce trimestre sur des navires en cours de navigation, et cela lors de trois attaques au large des côtes du Nigeria dans la région de Bonny Island. Sur la côte est-africaine, les pirates somaliens ne désarment pas complètement. Deux navires ont été attaqués dont un dhow et un caboteur pour le soutage. Sur ce dernier navire, 28 marins ont été capturés puis relâchés peu de temps après. Pour l’IMB, les deux navires ont tenté d’entrer dans les eaux somaliennes sans respecter les consignes de l’IMB. « Ces incidents montrent aussi la capacité des pirates somaliens à se mobiliser rapidement », continue le rapport.
Face à cette recrudescence, l’IMB appelle les marins à maintenir un niveau de vigilance élevé à l’approche des côtes. Pour assurer au commerce international une continuité, l’IMB a rappelé que l’accord passé avec la police maritime indonésienne sera prorogé de trois ans. Cet accord entre les deux organisations a commencé en janvier 2014 sur trois ans. Une opération qui a porté ses fruits. Au cours des précédentes années, le nombre d’actes de piraterie dans la zone couverte par cet accord s’est considérablement réduit. En 2014, sur les différents points d’ancrage des navires, 68 attaques ont été dénombrées. En 2016, ce ne sont que 27 actes d’enregistrés. Dans les ports de Belawan et de Nipah, en Indonésie, les actes de piraterie sont respectivement passés de 18 et 14 en 2013 à un et zéro en 2016.
Ils l’ont dit
« l’IMB continue d’encourager les navires transitant dans les eaux somaliennes à suivre les préconisations des Best Practices Management. Les récentes attaques doivent servir d’alerte contre une relâche des navigants. Les Somaliens sont toujours en capacité de renouer avec la piraterie. La présence de marines qui patrouillent dans les eaux internationales est une force de dissuasion et aide à sécuriser une des plus importantes voies du commerce international. »
Climat: le surcoût du réchauffement pour Santos
Une étude menée par le gouvernement fédéral brésilien s’est penchée sur les conséquences du réchauffement climatique sur le port de Santos. D’après cette projection, l’océan devrait engloutir une bonne partie des mangroves de la région. Or, cette végétation joue un rôle stratégique pour retenir les sédiments et les empêcher d’affluer, en cas de pluie, vers Santos. Le volume de ces sédiments pourrait augmenter de 19 % à l’horizon 2050 et engendrer un surcoût en termes de dragage. Par ailleurs, la distance séparant le niveau du quai de celui de la mer devrait être comprise entre 0,72 m et 1,12 m en 2050, contre une fourchette oscillant entre 1,18 m et 1,58 m actuellement. Conséquence, une détérioration accrue des infrastructures d’accostage, plus exposées aux marées. Les inondations plus fréquentes devraient également affecter l’arrière-port ainsi que les accès routiers et ferroviaires. De nombreuses interventions seront dès lors nécessaires: relocalisation des mangroves, élévation des infrastructures portuaires, redimensionnement des systèmes de drainage, construction de quais brise-lames, implantation de barrières mobiles au niveau des estuaires… Leur coût est estimé à 4,66 milliards de réals, soit 1,34 Md€, d’ici à 2050.