Fin avril, l’Union européenne (UE) a fait savoir que le grand port de la Hanse était le seul port retenu, avec Venise, pour devenir une zone test exclusive de la 5G, le nouveau standard de communication pour la téléphonie mobile. Celui-ci va permettre des vitesses de transmission de 10 à 100 fois plus rapides que l’actuelle 4G. « C’est un grand pas pour notre développement numérique, qui souligne une fois de plus que le port de Hambourg joue un rôle pionnier dans le développement des technologies les plus modernes », s’est réjoui le directeur général de la Hamburg Port Authority (HPA) Jens Meier. Pendant que Venise sera chargée de tester les utilisations « touristiques » de la 5G, Hambourg jouera les cobayes pour la partie industrielle et recevra pour cela une dotation de 7,7 M€. Pour l’économie, l’intérêt de la 5G réside avant tout dans le volume des données transmises qui devrait atteindre jusqu’à 10 Gigabits/seconde. La phase test se déroulera entre juin 2017 et juin 2019 et sera pilotée par un consortium regroupant HPA, Deutsche Telekom et Nokia. L’introduction sur le marché est prévue aux alentours de 2020.
Pour Hambourg, qui avec les différents acteurs du port multiplie les projets numériques, l’arrivée de la 5G est bien sûr la cerise sur le gâteau. Mais Jens Meier recense déjà une bonne trentaine de projets destinés à transformer le port de Hambourg en véritable « Smart Port ». Dès 2013, le port a ainsi commencé à démonter ses vieux panneaux routiers pour les remplacer par un système de lettres et de chiffres qui accompagne la mise en place du projet Smart Port Logistics (SPL), un système numérique de gestion des flux de camions. Développé en partenariat avec SAP et Deutsche Telekom, le SPL intègre le système EVE de visualisation du trafic ainsi que le système Diva d’informations aux conducteurs et aux entreprises. Il doit permettre de limiter un nombre de déplacements de camions évalué entre 30 000 et 40 000 par jour sur les 140 km de routes du port. Pour réduire encore un peu plus la circulation et rationaliser la logistique des conteneurs vides, HPA soutient également, depuis mars 2016, la création d’un « dépôt virtuel » de conteneurs vides. Ce dépôt n’est autre qu’une « bourse Internet » où les participants, soit la plupart des entreprises de transport enregistrées et au moins dix armateurs, regroupent et optimisent leurs transports.
Mise en place de capteurs
Le processus de numérisation touche évidemment bien d’autres domaines que la gestion des flux. Dans le domaine des infrastructures et de la maintenance, on retiendra par exemple la mise en place d’un ensemble de capteurs installés sur une partie des 880 aiguillages du réseau ferroviaire du port. Ceci afin d’améliorer la surveillance des niveaux d’usure d’un réseau qui accueille près de 200 trains par jour. Une autre innovation numérique, annoncée le 11 avril, est le tout nouveau système de surveillance automatisé des conteneurs frigorifiques, dont vient de s’équiper le manutentionnaire C. Steinweg (Süd-West Terminal). Grâce une surveillance et un échange de données permanents, le CTAS Reefer-System (Identec Solutions) doit permettre de repérer immédiatement tout problème lié à une coupure de courant ou à un système de réfrigération défectueux. Enfin, parmi d’autres projets, on relèvera la mise en place d’un PortMonitor, qui recueille et transmet sur une tablette les données de l’ensemble du trafic fluvial en temps réel. Ce système a été doublé de l’application PORTprotect, qui prévoit et informe sur les marées, crues et inondations, et permet même des simulations. Dans les mois et les années qui viennent, le nombre de projets numériques en tout genres est ainsi appelé à grimper rapidement et dans des directions variées, comme le montre par exemple la récente rencontre sur le sujet qui a eu lieu entre les experts portuaires de Hambourg et de Saint-Petersbourg. Bien sûr, le fait que le ministre des Transports Alexander Dobrindt ait annoncé, lors de la 10e conférence nationale maritime du 4 avril, que le gouvernement fédéral allait soutenir la mise en réseau des ports allemands avec la fibre optique à hauteur de 350 M€, ne devrait pas gâcher la fête.