Dès le 7 mai au soir, les paris sur le nom du Premier ministre ont largement circulé. Quand l’annonce de la nomination d’Édouard Philippe a eu lieu, les opérateurs portuaires et maritimes ont salué ce choix. Qu’espérer de mieux que le maire du premier port conteneurisé français comme Premier ministre? La suite a été plus décevante. Avec « une équipe gouvernementale resserrée avec des intitulés sobres », comme l’a expliqué Édouard Philippe dans un entretien à Paris Normandie le 24 mai, la mer est englobée dans un grand ministère de la Transition écologique. Celui-ci a été confié à Nicolas Hulot. Officiellement, armateurs et portuaires se disent satisfaits, mais, dans les coulisses, la crainte de voir un ministère s’atteler à imposer des mesures environnementales encore plus contraignantes est de mise. Il faut voir le gouvernement actuel comme une formule physique de poids et contrepoids. D’un côté, un Premier ministre bien au fait des questions portuaires et maritimes mais avec un ministère qui aura tendance à tirer en sens inverse par moments, si nous en croyons les premières réflexions. En fait, qu’il s’agisse de la mer ou de tout autre politique, ce gouvernement est fait d’un pouvoir et d’un contre-pouvoir qui s’affronteront. Et comme en physique tout effort est annulé par un travail opposé, le résultat sera nul. Pas de quoi se réjouir pour un secteur d’activité qui a été zappé par les gouvernements des trois dernières décennies. Pour certains, ce gouvernement n’a de durée de vie que jusqu’aux législatives. Il n’en demeure pas moins que si la mer semble avoir été quelque peu rangée dans les abysses du gouvernement, le fluvial a tiré son épingle du jeu. En nommant Marc Papinutti comme directeur de cabinet, les professionnels du fluvial sont mieux lotis. Les nominations connues, il appartient aux opérateurs de continuer. La fatalité semble avoir pris le dessus sur les désillusions. Il est loin le temps où un ministère pouvait imposer ses choix et faire en sorte que les opérateurs gagnent en trafic selon la personnalité du ministre. « Ce n’est pas un ministre qui apporte du trafic, mais il peut, par des mesures inopportunes, nous handicaper sur la scène internationale », nous ont confié des opérateurs. Il faudrait pour cela que nous disposions dans les plus hautes instances de notre pays des décideurs politiques qui prennent en compte toutes les opinions avant de vouloir prendre des décisions. Les derniers chiffres des armateurs et les premiers résultats portuaires montrent un retour vers la croissance. Évitez de mettre votre grain de sel dans une machine qui est enfin revenue En Marche!
Édito
Poids et contrepoids
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