Des solutions à court et long terme au dumping social

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À bord des bateaux de croisière fluviale, deux mondes se côtoient. D’un côté, tout l’équipage doit sourire aux passagers venus là pour passer un séjour agréable. L’envers du décor pour certains membres de l’équipage, c’est une longue saison parfois jusqu’à neuf mois consécutif et 16 h de travail par jour, des conditions de travail proches de l’exploitation, l’absence de salaire minimum, une incertitude même sur le versement du salaire voire une rémunération au noir, indique la section « voies navigables » de l’ETF.

Pour alerter sur cette situation, cette Fédération a lancé le 5 avril une opération pour sensibiliser les passagers par le biais d’une lettre ouverte. Tout au long de la saison 2017, la section voies navigables de l’ETF prévoit d’organiser des visites de bateaux de manière concertée par des organisations syndicales dans différentes villes de Belgique, des Pays-Bas, de France, d’Allemagne, de Suisse, de République tchèque et de Bulgarie pour rencontrer les membres de l’équipage et les informer de leurs droits.

Construire un rapport de force

Pour Carl Kraijenoord, secrétaire national de Nautilus International, l’un des moyens pour améliorer les conditions de travail à court terme est de renforcer la solidarité entre les travailleurs, la mobilisation et le pouvoir syndical à bord de chaque bateau. Ce n’est pas toujours une tâche aisée car, en fonction du pays d’origine du travailleur, se tourner vers un syndicat ne constitue pas une solution évidente. Une fois atteint une taille critique pour le rapport de force à bord, les organisations syndicales peuvent entamer une discussion avec la direction de la compagnie afin d’obtenir un accord adapté.

À long terme, une solution globale passe par le dialogue social au niveau européen avec comme objectif une modification des textes concernant les conditions et le temps de travail des personnels de la navigation intérieure, explique Carl Kraijenoord. Pour y parvenir, il faudra lutter contrer « l’absence de volonté politique pour changer la situation. À chaque fois que nous parlons des conditions de travail dans le secteur de la croisière fluviale, les représentants des gouvernements, de l’Union européenne et les partenaires sociaux côté employeurs semblent toujours redécouvrir le sujet et font part de leur surprise », souligne Nick Bramley. Il faudra aussi tenir compte de l’absence d’un marché du travail harmonisé en Europe.

Obtenir davantage de contrôles

Un autre domaine d’action pour ETF concerne les contrôles sur les aspects sociaux qui devraient être réalisés à bord des bateaux, selon la réglementation européenne. Dans certains pays européens, Allemagne et Pays-Bas par exemple, de tels contrôles sont effectués aussi bien sur les aspects de sécurité de la navigation que de conditions de vie et de travail à bord. Il en va différemment en France où des contrôles sur les aspects sociaux à bord des bateaux ne sont jamais effectués, selon la représentante Valérie Latron de la FGTE-CFDT à la section voies navigables d’ETF. Il existe pourtant plusieurs textes réglementaires dont le décret n° 2016-418 du 7 avril 2016 qui s’applique aux deux modes terrestres routier et fluvial. Ce texte pourrait donner lieu à de tels contrôles sur les bateaux de croisière fluviale en France, ce qui pourrait montrer la réalité des conditions de vie et de travail à bord pour les équipages et le non-respect de certaines règles du droit du travail et de la protection sociale.

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