Dans son analyse de marché publiée le 7 mars, le Bimco (Baltic International Maritime Council) se veut prudent. « Les récentes augmentations des taux de fret sont positives pour le marché, mais il reste encore du travail à fournir sur l’offre dans ce marché », indique Peter Sand, analyste du Bimco. Il est certain qu’au cours des premiers jours de mars, les indices des taux de fret du Baltic Dry Index ont enregistré des hausses. Un phénomène inattendu puisqu’en février 2016, ces indices ont affiché des niveaux jamais atteint au cours de la décennie, quand ils ont été au plus haut en mars. Peter Sand estime que si la flotte ne croît pas en 2017, des secteurs comme celui des Handymax pourraient être bénéficiaires dès 2018. Pour les autres segments du marché, le retour à la profitabilité est prévu en 2019. Pour que le marché confirme sa reprise, l’analyste du Bimco pose au moins deux conditions: il est important que le programme de démolition entrepris les dernières années se confirme en 2017 et que les commandes de nouveaux navires soient reportées. Le premier trimestre de l’année apparaît toujours comme le pire de l’année avec l’entrée en service de nombreux navires. En janvier, le Bimco a observé une croissance de 2,8 % de la flotte. « Tant que la progression de la flotte demeurera au-delà de 2 %, le retour à la profitabilité du secteur sera incertain », souligne Peter Sand. Néanmoins, avec un programme évalué à 19 Mtpl de démolition et moins de navires à entrer en service, l’analyste du Bimco estime que la croissance de la flotte globale des vraquiers ne devrait pas être supérieure à 1,7 %.
Cercle vertueux
La demande devrait aussi connaître un meilleur sort cette année. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis pourrait relancer une politique des grands travaux dans les infrastructures. Une promesse électorale que les pourvoyeurs de matières premières regardent avec attention. Donald Trump a par ailleurs insisté lors de sa campagne sur la nécessité de produire l’acier nécessaire sur le sol américain. Selon une dépêche de Bloomberg, la confiance des ménages se redresse ces dernières semaines aux États-Unis. Un cercle vertueux qui pourrait entraîner les autres économies de l’hémisphère occidental. En Europe, les élections en France et en Allemagne laissent peser malgré tout des incertitudes. La victoire aux Pays-Bas du parti libéral face à la droite radicale rassure quelque peu les investisseurs. Pour sa part, la Banque centrale européenne a annoncé vouloir maintenir sa politique monétaire sur les prochains mois. Quant à l’Asie, les deux économies chinoise et indienne sont en pleine croissance. La hausse de la consommation devrait aussi jouer en faveur d’un prolongement des taux de fret. Enfin, il apparaît que le charbon pourrait encore jouer un rôle important notamment pour les pays en voie de développement. Dans un entretien publié par la World Coal Association (WCA), Benjamin Sporton, son directeur général, explique que le charbon est une ressource nécessaire pour accompagner les pays en développement. Il permet de fournir de l’électricité mais est aussi à la source de la fabrication de ciment et d’acier, produits indispensables pour la construction d’infrastructures et d’habitations.
Tous ces facteurs expliquent que le monde des vracs secs pourrait revenir rapidement dans une période de croissance avec malgré tout des conditions à respecter, et surtout éviter de retourner dans les chantiers pour construire de nouveaux navires qui ramèneraient une surcapacité.
800 Mtpl
C’est la capacité totale de la flotte de vraquiers dans le monde, selon le Bimco, en janvier. Une flotte qui a progressé de 1,6 % en un an.
Cette augmentation est liée à une activité de démolition moitié moindre durant le mois de janvier. La plus forte hausse revient au secteur des Panamax quand la baisse la plus importante a été sur le secteur des Handymax qui ont vu leur flotte baisser de 7,2 %.
Algoma et nova forment une co-entreprise
Les deux armements Algoma Central Corporation, basé au Canada, et Nova Marine Carriers, du Luxembourg, ont annoncé le 2 mars la création d’une co-entreprise. En réunissant leurs flottes, les deux armements créent ainsi une structure de plus grande importance dédiée aux trafics de ciment. Cette nouvelle société prend le nom de Nacc (Nova Algoma Cement Carriers). La demande en navires cimentiers modernes s’accroît ces dernières années, assure la direction des deux armements, tant pour les marchés émergents que pour les pays développés qui revoient leurs infrastructures. Cette union est aussi une façon de faire face à la consolidation dans la filière cimentière.