La société West Sea a obtenu la sous-concession des chantiers en 2014 à l’abri d’un partenariat public-privé qui a permis à l’État, jusqu’alors propriétaire des ENVC, de garantir la survie de la construction navale dans le port de Viana. En particulier par la signature d’un contrat de construction de deux patrouilleurs océaniques pour la Marine portugaise: le NRP-Sines et le NRP-Setubal. S elon la direction de West Sea, la construction des deux navires a permis de garantir l’exécution de 25 % à 30 % du carnet de commandes. La livraison des deux patrouilleurs est imminente. La société West Sea a également construit deux navires-hôtels destinés au tourisme fluvial sur le Douro (nord du Portugal). Les chantiers navals disposent aussi d’un contrat de construction de deux dragueurs arctiques. Parallèlement, les activités de réparation, considérées comme très lucratives, se poursuivent sur les chantiers navals.
Des aménagements nécessaires
Le gouvernement vient de s’engager à réaménager le chenal d’accès aux chantiers, afin de permettre des interventions sur des navires de plus grand tonnage. L’investissement est de 15 M€ et sera complété par un investissement privé de 11 M€, par le groupe Martifer, destiné à construire une nouvelle cale sèche pour ces mêmes navires. À cela s’ajouteront quelque 10 M€ de taxe d’exploitation, qui seront couverts par l’APDL, l’Administration des ports du Douro, Leixões et Viana. C’est l’APDL qui sera chargée d’assurer le financement des projets. Enfin, le dispositif comprendra aussi un nouvel accès routier de 9 km vers le port de Viana afin de désengorger le trafic notamment de poids-lourds entre les villes de Porto et de Viana do Castelo (liaison routière port/autoroute A28). L’investissement (partenariat APDL/municipalité de Viana) est de 9,5 M€. La fin des travaux est prévue en 2019. Le ministère de la Mer souhaite une avancée rapide des travaux afin de garantir la compétitivité du port de Viana, situé entre Porto et la Galice. Ce port a été intégré à l’Administration de Leixões le 1er janvier 2015 afin de favoriser une gestion commune et améliorer l’efficacité commerciale aussi bien pour Leixões (port de Porto) que pour Viana. Actuellement, le trafic de marchandises au port de Viana est de 500 000 t par an, soit la moitié de sa capacité opérationnelle actuelle. Il est impératif pour l’APDL de dégager une partie du trafic de Leixões vers le port de Viana en raison d’une quasi-saturation des capacités du grand port (2 700 navires et 18 Mt/an).
Le contrat de sous-concession signé avec West Sea/Martifer prévoyait la réintégration des travailleurs des anciens chantiers navals, les ENVC, démantelés en 2013. Actuellement, West Sea donne du travail à 240 de ces ouvriers hautement qualifiés, et s’engage à en embaucher autant d’ici à la fin de 2018. Les représentants des travailleurs des ENVC négocient actuellement la réintégration à court terme d’une cinquantaine d’ouvriers en situation précaire, car trop jeunes pour prétendre à un départ anticipé à la retraite. Au-delà, ce sont des compétences pointues et historiques qui risquent de disparaître. Mais la spécificité du travail de construction navale semble bien prise en compte par les autorités nationales et locales. Ainsi, les pouvoirs publics ont décidé de relancer Metalorep, une entreprise privée de construction et réparation commerciale et touristique, située dans l’enceinte du parc industriel de Viana. Les investissements porteront sur le développement d’une cale sèche existante pour l’adapter aux besoins des yachts de standing (et de grande dimension). Metalorep est la seule entreprise de ce genre à opérer au Portugal.
20 000
C’est la capacité en tonnage que le chantier de Viana Do Castelo peut produire chaque année.
En disposant d’une surface de 250 000 m2, les chantiers situés au nord du Portugal peuvent accueillir des navires jusqu’à 37 000 tpl, d’une longueur de 190 m et d’une largeur de 29 m.
La Chine se lance dans le paquebot
Pour la première fois, un chantier naval chinois va construire des navires de croisières. Il s’agit du Shanghai Waigaoqiao Shipbuilding Co, propriété du groupe China State Shipbuilding Corp (CSSC) qui a formé un joint-venture à 60/40 avec l’Italien Fincantieri pour s’implanter sur ce créneau. Selon un mémorandum d’accord signé le 22 février, concrétisant un préaccord conclu en septembre, les deux partenaires vont construire deux navires d’un montant total de 1,5 Md$ livrables à partir de 2023, avec option pour quatre unités supplémentaires. Ils sont destinés à un joint-venture regroupant le croisiériste américain Carnival, de nouveau CSSC et le fond souverain chinois CIC (China Investment Corporation). Cette entité, qui bénéficiera de l’expertise et des conseils de Carnival, exploitera ces navires ainsi que des paquebots d’occasion, aujourd’hui sous pavillon Carnival, sous une marque propre au marché chinois dont le nom n’a pas encore été dévoilé. Réalisés grâce à la concession de licences et de transferts de technologie de Fincantieri, ces navires d’environ 130 000 t et d’une capacité de 4 000 à 5 000 passagers seront basés sur les modèles Vista-class actuellement construits par l’entreprise italienne pour Carnival, mais aménagés et adaptés aux goûts et spécificités de la clientèle chinoise.