Les lubrifiants marins sont indispensables à bord des navires

Article réservé aux abonnés

« Depuis 2008, le marché des lubrifiants marins a connu des évolutions de fonds qui sont la conséquence de deux facteurs: une élévation des prix des soutes et un renforcement de la réglementation environnementale concernant les émissions des navires et des moteurs marins », précise Serge Dal Farra, directeur marketing de Total Lubmarine, filiale du groupe français Total, troisième compagnie mondiale pétrolière et gazière.

La hausse des coûts de soutage liée à l’envolée des cours du brut jusqu’en juin 2015 a conduit les armateurs à rechercher une meilleure efficacité énergétique pour leurs navires. La chute des cours du brut depuis près de deux ans n’a pas entraîné de recul, les investissements réalisés sont pérennes. La réglementation environnementale mise en place par l’Organisation maritime internationale entend réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), de dioxyde de carbone (CO2) ou de protoxyde d’azote (NO2), mais aussi les émissions de polluants comme les oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) rejetés par les moteurs marins qui fonctionnent dans leur grande majorité avec du fioul lourd. Ces nouvelles dispositions réglementaires ont de nombreuses implications sur les moteurs, les carburants marins et leur composition, et donc sur les lubrifiants. Ceux-ci permettent de limiter l’usure due aux frottements entre les pièces métalliques, de nettoyer les dépôts de combustion, de garantir l’étanchéité des systèmes, de limiter l’oxydation et de neutraliser les productions d’acides liées à la combustion.

Pour répondre aux demandes des armateurs, les motoristes ont modifié les moteurs deux-temps au niveau des réglages et ont pu réduire la consommation en augmentant la course de la hauteur du mouvement du piston, poursuit Serge Dal Farra. La conséquence sur les moteurs est qu’ils restent plus froids en partie basse, un effet renforcé par la pratique généralisée du slow-steaming avec lequel les moteurs tournent moins rapidement. Combinées avec le soufre présent à hauteur de 3,5 % dans le HFO, ces modifications entraînent la formation d’acide sulfurique et un risque de « cold corrosion » pour le moteur. Pour combattre cette acidité, il faut fournir au moteur une base qui est apportée par le lubrifiant. « Nous avons mis au point un lubrifiant adapté à cette acidité des moteurs, le BN 100, qui a complété notre gamme de produits qui comptait déjà le BN 70 », précise Serge Dal Farra.

Essentiel mais méconnu

Total Lubmarine a aussi mis au point un nouveau lubrifiant suite à l’entrée en vigueur au 1er janvier 2015 de la norme de 0,10 % m/m pour la teneur en soufre de tout fioul utilisé à bord des navires naviguant dans les zones de contrôle des émissions de soufre (ZCES ou Ecas). Il s’agit du BN25, disponible depuis cette date. « En fonction des zones de navigation, à bord du navire, il faut potentiellement disposer de trois lubrifiants correspondants aux différents types de fioul et à leur teneur en soufre respective. La question se pose toutefois principalement en entrée et sortie de ZCES. » Aussi, Total Lubmarine a travaillé sur une « chimie flexible » (single oil) qui a abouti à l’élaboration d’un lubrifiant (Talusia Optima) pouvant être utilisé avec des fiouls dont la teneur en soufre varie de 0 % à 3,5 %.

Le marché des lubrifiants doit également s’adapter au Vessel General Permit (VGP), réglementation de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis datant de 2008 et modifiée en 2013. Selon le VGP, tout navire se trouvant dans les eaux américaines doit utiliser un lubrifiant écologiquement acceptable (EAL).

« À bord, le lubrifiant constitue un composant essentiel et parfois méconnu. Nous sommes là pour proposer aux armateurs le bon lubrifiant pour le système de propulsion principal et pour tous les équipements auxiliaires, souligne Serge Dal Farra. Mais nous devons aussi prendre en compte leurs contraintes de coûts. Nous proposons donc un ensemble de services pour optimiser la consommation des produits, éviter la surlubrification comme la sous-lubrification afin de préserver la longévité de vie des moteurs et des équipements des navires. »

Le point de vue

« Depuis ma prise de fonction en janvier, j’ai rencontré un grand nombre d’armateurs de tous les continents. J’en retire deux enseignements. Les armateurs sont inquiets, surtout outre-Atlantique, devant un possible regain du protectionnisme et ses impacts sur les échanges mondiaux. Dans les relations d’affaires, ils mettent en avant la nécessité d’un contact humain avec leurs fournisseurs.

Le H to H (Human to Human) prend le pas sur le B to B. »

Une dynamique maritime chez total

Au sein du groupe Total, une dynamique se met en place en direction de l’industrie du transport maritime. Le 1er février, Total Marine Fuels, filiale spécialisée dans la fourniture de carburants marins, est devenue Total Marine Fuels Global. Cette nouvelle structure entend devenir un acteur majeur du marché du GNL soute. Le même jour, un accord entre Total et CMA CGM a été annoncé pour la fourniture d’une gamme de solutions multi-énergies et un travail d’expertise commun pour réduire l’empreinte environnementale du transport maritime.

Total est présent de longue date dans les lubrifiants marins avec la marque Lubmarine. En 2016, il a pris une participation majoritaire dans la société Saft, premier fabricant mondial de batteries à base de nickel et de lithium primaire, notamment compris pour le transport maritime.

Technique

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15