« Demain ne sera pas un retour au modèle d’hier », a commencé par expliquer Jacques de Chateauvieux, président-directeur général de Groupe Bourbon, lors de la présentation des comptes de la société le 16 mars. Opérant des navires de servitude pour l’industrie offshore, le groupe Bourbon a subi les effets de la baisse drastique du prix du baril de Brent. « L’industrie des services maritimes traverse la crise la plus aiguë de ces 40 dernières années du fait du fort ralentissement de l’activité pétrolière offshore. Il s’agit d’avoir la volonté de s’adapter pour y faire face, mais aussi de mettre en œuvre la transformation nécessaire de l’entreprise. » Dans ce contexte, le groupe affiche une baisse de 23,3 % de son chiffre d’affaires à 1,1 Md€. La variation à taux de change constants est quasiment identique avec une baisse de 23,2 %. L’Ebitda ajusté suit cette tendance avec une diminution de 47,9 % à 193,3 M€. Enfin, le résultat net reste en négatif pour la seconde année consécutive à 263 M€. La perte a été multipliée par six en un an.
L’activité des services maritimes à l’offshore se décompose en trois types d’activité. Les services apportés à l’offshore profond ont vu leur chiffre d’affaires se réduire de 21,9 % à 337 M€. L’Ebitda s’inscrit dans la même tendance avec une baisse de 56,9 % à 47,4 M€. Le nombre de navires en équivalent temps plein (ETP) a augmenté de 8,5 % à 88,8, mais le taux d’utilisation a baissé de 14,7 points à 68,4 % avec un tarif journalier de 16 524 $/jour, soit une diminution de 16,6 %.
Des chiffres que le groupe explique par la baisse importante du forage et la surcapacité de la flotte. « La réduction des coûts et le désarmement proactif de navires ont permis de limiter la baisse de la marge », assure-t-il.
Réduction des activités de forage
L’activité dédiée à l’offshore continental n’a guère mieux performée. Les activités de forage se sont fortement réduites. Alors, le nombre de navires employés en ETP baisse de 2,6 % à 133 unités avec un taux d’utilisation de 57,9 % (-20,8 points) et un tarif journalier qui perd 17,4 % à 10 848 $/jour. Dans ces conditions, l’Ebitda s’enfonce aussi avec une diminution de 73,9 % à 25,6 M€.
Troisième segment d’activité du groupe, les « crew boats », qui transportent les personnels depuis les bases logistiques jusqu’aux plates-formes, ont connu une meilleure année même si les résultats ne sont pas au rendez-vous. En fait, « les taux d’utilisation moyens et les tarifs journaliers ne sont respectivement en baisse que de 8,7 points et 6,5 % », note Groupe Bourbon.
Enfin, l’activité Subsea suit la tendance générale du groupe. Le chiffre d’affaires a enregistré une baisse de 13,9 % à 217,2 M€ pour un Ebitda en diminution de 39,8 % à 42,4 M€. Le nombre de navires augmente de 5,5 % à 22 unités ETP utilisées pendant l’année. Quant au tarif journalier moyen, il perd 20,1 % à 38 624 $/jour. Sur ce segment, une lueur d’espoir est née au cours du second semestre avec une activité raffermie par rapport à la première moitié; le résultat d’une activité spot plus intense et d’une diversification des zones géographiques en Asie et au Moyen-Orient, note Groupe Bourbon.
Parmi les autres activités du groupe, dont le chiffre d’affaires est en hausse de 17,9 % à 21,3 M€, se retrouvent notamment toutes les activités de logistique du cimentier Endeavor et de la gestion de navires.
70 %
C’est la diminution du prix du baril de Brent entre le mois de mai 2014 et le mois de janvier 2016.
Il est passé de 112 $ à 26 $ au cours de cette période. En 2016, il a légèrement progressé pour s’établir le 20 février à 112 $. Entre mai 2008 et septembre 2009, le prix du baril a été divisé par trois.
450 navires à livrer
Selon une étude menée par VesselsValue, publiée le 7 mars, il est prévu que 450 navires de servitude pour l’offshore entrent en flotte au cours de l’année. Dans une filière étouffée par la surcapacité, l’annonce de cette perspective devrait être plutôt mal vécue par les opérateurs. « De nombreuses faillites dans le secteur sont annoncées pour 2017 », continuent les analystes de VesselsValue. Tout a commencé avec la baisse du prix du pétrole et le gel des projets dans l’industrie pétrolière et gazière. Les deux principaux armements à avoir pris d’assaut les chantiers navals sont malais. La société Nam Cheong International a commandé 56 unités pour une valeur de 746 M$. Au final, la société disposera de 74 navires. La seconde société, Coastal Contracts, d’origine malaisienne, a commandé 58 navires pour une valeur de 322 M$. Avec ces commandes, Edison Chouest Offshore conservera son rôle de premier avec une flotte de 156 navires après réception des dix unités commandées.