Face à la fin annoncée du passeport européen, les compagnies organisent dès à présent l’après-Brexit. « Notre première option était de continuer avec un accès au marché unique et le passeport européen, et nous continuons d’apporter en ce sens notre soutien au gouvernement britannique, résume Guy-Antoine de la Rochefoucauld, directeur général du Lloyd’s en France. La deuxième option était de négocier, dans chacun des pays européens, un agrément pour une succursale en tant qu’assureur non européen. La troisième option, celle qui a finalement été retenue, était de créer une filiale dans un pays membre de l’Union européenne. »
Des surcoûts non négligeables
Le Lloyd’s a déjà dû passer par l’installation d’une filiale pour se développer en Chine. « Ce n’est pas inédit pour nous », insiste-t-il. Toutefois, l’installation d’une filiale implique des surcoûts non négligeables puisqu’il est alors nécessaire de mobiliser des fonds propres, contrairement à une succursale qui travaille avec les fonds de la maison mère et selon le régime réglementaire de celle-ci. « Mais nous sommes habitués à gérer des surcoûts liés aux évolutions réglementaires, rétorque Guy-Antoine de la Rochefoucauld. À titre d’exemple, la mise en place de la directive Solvabilité II nous a coûté plus de 300 M£. » Partenaire privilégié du Lloyd’s en tant que fondateur de l’agence de souscription WeSpecialty, Patrick de la Morinerie anticipe de son côté une adaptation des procédés opérationnels du Lloyd’s « pour que ceux-ci soient encore plus lisses, plus efficaces et donc moins coûteux ». Mais le marché des Lloyd’s n’est pas le seul à déclencher un plan de secours pour ne pas perdre en compétitivité sur un marché très concurrentiel. AIG a ainsi annoncé l’ouverture d’une filiale à Luxembourg, juste après l’annonce de Beazley à Dublin. « Et il ne faut pas oublier que les assureurs qui n’ont pas de filiale au Royaume-Uni vont devoir également créer une filiale pour accéder à ce marché », souligne Guy-Antoine de la Rochefoucauld.