L’assurance face aux incertitudes du Brexit

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Après avoir un temps envisagé que le Brexit puisse déboucher sur l’intégration du Royaume-Uni dans l’Espace économique européen (EEE), comme la Norvège, l’Islande ou le Lichtenstein, l’industrie de l’assurance a commencé à se faire à l’idée de la fin du marché unique entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Theresa May, premier ministre britannique, l’a clairement souligné le 17 janvier. Ce serait donc la fin du passeport européen qui permet aux assureurs britanniques depuis 65 ans de commercialiser leurs services dans l’Espace économique européen sans qu’aucune autorisation ne soit nécessaire. Deux cent vingt assureurs travaillent depuis Londres sur le marché européen, selon une note transmise à la Chambre des communes en août. Pour conserver les avantages du droit de passeport, les compagnies qui ont leur siège ou celui de leur filiale à Londres envisagent donc l’installation d’une nouvelle filiale au sein de l’Union.

Deux solutions pour opérer depuis un pays membre

« Au sein de l’Union européenne, il y a deux solutions pour opérer depuis un pays membre: la création d’une succursale, ce qui implique de travailler avec les fonds propres de la maison mère, elle-même située dans l’Union européenne, et selon le régime réglementaire de celle-ci. Ou l’ouverture d’une filiale, avec, donc, un impératif de fonds propres dédiés », précise Patrick de la Morinerie, fondateur de WeSpecialty, agence de souscription opérant pour le compte des Lloyd’s et basée à Paris. Ce qui signifie la mobilisation de fonds propres supplémentaires. Le marché de Londres est incontournable sur les « couvertures d’assurance les plus exposées comme le terrorisme, la guerre, le risque politique ou encore les plus volatiles comme le maritime », poursuit Patrick de la Morinerie. Londres assure 23,1 % des corps de navires dans le monde, 13,3 % des marchandises transportées et concentre jusqu’à 72 % des 4,5 milliards de primes émises pour l’assurance des énergies offshore. Toutefois, le règne de l’incertitude devrait durer au moins jusqu’en mars 2019, le temps des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Est-il vraiment nécessaire de s’inquiéter dès à présent des effets du Brexit? « Peut-être que ces questions se trouveront sans fondement au bout du compte, admet Frédéric Denefle, directeur assurance au Cesam. Mais lorsqu’on dirige une institution financière aussi réglementée que l’assurance, l’incertitude entrave toute vision stratégique. » Il cite alors la crainte d’une radicalisation des acteurs d’un côté et de l’autre de la table. « Et si le fait qu’une règle puisse changer pour un pays remettait potentiellement en question toutes les autres règles? » Puis il rappelle que même si l’assurance maritime, internationale par principe, ne devrait pas être la branche la plus touchée, « un assureur est rarement spécialisé sur le seul risque maritime ». C’est donc tout un effet de bord, avec d’ores et déjà les premières annonces de délocalisation, que la branche maritime cherche à anticiper.

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