Il fallait s’y attendre, bien que le marché n’en ait pas véritablement besoin actuellement, mais le premier navire de plus de 20 000 EVP est sorti des chantiers. Le Mol-Triumph sera affecté entre l’Asie et l’Europe. L’entrée en service de ce navire pose de nombreuses questions, mais surtout incite à s’interroger sur la volonté des armateurs. Ne sont-ils pas tombés dans une sorte de delirium tremens voire de fantasme au mépris de toute réalité économique? Les économies d’échelle que peuvent attendre les armateurs avec un 20 000 EVP ne sont guère meilleures que celles réalisées avec des navires de taille moindre. En outre, continuer à commander des navires de ce gabarit, c’est oublié un peu vite la flotte actuellement à l’ancre qui a atteint 1 MEVP fin février. De plus, les armateurs semblent zapper une tendance grandissante dans de nombreuses parties du monde qui tend à consommer au plus proche. Certes, le glas de la mondialisation n’a pas encore sonné, mais les croissances à deux chiffres sur les relations intercontinentales ne referont pas surface. Demain ne sera pas comme hier. L’effet cascading de ces nouveaux navires a des limites. Les ports ne sont pas toujours dimensionnés pour recevoir des navires plus grands sans entreprendre des travaux de grande envergure. C’est toute la chaîne logistique qui doit être concernée par l’entrée en service de ces navires. Or, les commandes se sont faites sans aucune concertation, voire au mépris de toute réalité économique actuelle et à venir. Vouloir grandir encore et toujours ne doit pas se faire seul. Il faut privilégier une concertation avec tous les maillons de la chaîne. Les manutentionnaires, dans les conditions actuelles en Europe, ne pourront pas suivre ces évolutions sans un minimum de concertation avec leurs clients. Et que dire des ports qui ne pourront pas accueillir ces navires? Ils vont se trouver exclus des grands flux mondiaux alors qu’ils sont ceux qui ont le plus besoin de s’intégrer dans la mondialisation, à l’image de l’Afrique. Mc Lean, réveille-toi, tes enfants sont devenus fous.
Édito
Delirium très gros
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