Sous ce qu’il considère comme son seuil d’équilibre à 30 Mt, le port de Nantes-Saint Nazaire poursuit néanmoins ses investissements. Après 30 M€ en 2016, la modernisation des infrastructures mobilise 40 M€ cette année. Pour constituer le hub logistique voué aux énergies marines renouvelables, un boulevard de Saint-Nazaire sera déplacé pour faire place au trafic de colis lourds, sous-stations électriques et éléments d’éoliennes de la filière des énergies marines. Une mise en service partielle est prévue à l’automne.
A Montoir, l’extension de 350 m de quais du terminal à conteneurs lancé en septembre 2015 doit être livrée à l’automne 2017, portant le linéaire à 600 m de potentialités d’accostage permettant l’accueil de porte-conteneurs de 330 m, de 6 000 à 8 000 EVP, trois fois plus qu’actuellement. Délaissé depuis l’abandon d’un projet de centrale nucléaire en 1997, le site du Carnet modernise ses quais, offrant 160 m de linéaire d’accostage voué à la réparation navale. Le dock flottant sort de 6 mois de travaux: une jouvence pour cet équipement utilisé en maintenance et réparation navales. À Saint-Nazaire, le bateau-porte de la forme de radoub n° 1 a été en travaux de décembre dernier à fin février.
Le port consacrant 25 % de ses recettes au dragage, la motorisation au gaz naturel d’ici 2020 de la drague Samuel-de-Champlain mise moins sur la transition énergétique que sur la prolongation de la durée de vie et une baisse des coûts d’usage de la drague en service toute l’année dans l’estuaire. Enfin, le port cible toujours l’Asie avec des missions commerciales en Chine et un site internet en langue chinoise.
Un petit mieux, faute de mieux
Après cinq ans de baisse des trafics, Nantes-Saint-Nazaire inverse la courbe et affiche une mince progression de 0,3 %, avec 25,4 Mt traités en 2016. Loin du record des 37,2 Mt enregistré en 2007. « Trente millions reste le point mort pour absorber nos coûts de fonctionnement et bien valoriser le foncier, note Francis Bertolotti, président du conseil de surveillance. Le retour des énergies fossiles est un “aléa positif” qui nous fait espérer le retour aux 30 Mt d’ici trois ans, dans une logique de croissance ».
Les trafics énergétiques représentent toujours 70 % des recettes et volumes du port et restent tributaires des marchés mondiaux. On se réjouit du net regain de GNL qui avait perdu 80 % ces dernières années: son volume a doublé entre 2015 et 2016, franchissant à nouveau la barre des 2 Mt. Le détournement du gaz vers l’Asie s’estompe, la demande chinoise baisse, tout comme la consommation au Japon qui relance peu à peu ses centrales nucléaires. Les prix du gaz se rééquilibrent entre Europe et Asie. Cumulés, les vracs liquides – pétrole brut et raffiné, gaz – gagnent 7 % à 16,8 Mt. Le charbon recule de 30 %.
Avec 1,7 Mt, l’alimentation du bétail et les oléagineux perdent 17,2 %. Les céréales plongent de 32 %, ne traitant que 1,2 Mt en 2016. « Les céréales nous ont fait beaucoup de mal, ajoutés aux mouvements contre la loi Travail », relève le président du directoire, Jean-Pierre Chalus. Le sable de mer s’alourdit un peu, de 3,6 % avec 1,1 Mt traitées. Les conteneurs, dont le poids parle toujours moins que la valeur ajoutée, perdent 1,8 % à 1,7 Mt.
N. D. L. C.