La performance est devenue l’objectif premier à attendre dans toutes les industries. Qu’il s’agisse d’un industriel ou d’un prestataire de service, il faut démontrer sa performance au travers d’indicateurs mis en place. Dans ce contexte, la performance se mesure à l’aune de plusieurs critères et chaque port retient celui ou ceux qui le flatte le plus. Peu importe, depuis l’inscription de ces indicateurs de performance, plus communément appelés KPI (acronyme anglais qui signifie Key Performance Indicator), les chargeurs peuvent constater les promesses faites pour le transit de sa marchandise.
L’exercice de ces KPI est d’ores et déjà en place dans plusieurs ports et sur différents trafics. En France, les deux principaux ports à conteneurs jouent le jeu. Haropa et Marseille-Fos publient chaque année une série d’indicateurs de performance.
En Normandie, Haropa, regroupant Le Havre, Rouen et Paris, détaille ses performances dans trois chapitres: maritimes, passage de la marchandise à l’import, passage de la marchandise à l’export, le terrestre et les procédures douanières et sanitaires. Au sud, au Grand port maritime de Marseille-Fos, les indicateurs de performance sont sensiblement rangés dans les mêmes catégories. Ils sont regroupés selon trois critères.: Les performances maritimes, les performances terrestres et les performances à la marchandise. A priori, les deux ports peuvent se comparer aisément.
Des temps d’attente des navires réduits
Les performances maritimes regroupent, au port du Havre plusieurs critères dont le nombre d’escales de porte-conteneurs de plus de 10 000 EVP, le taux de satisfaction d’escale, selon une enquête menée auprès des agents maritimes, le respect des horaires des remorqueurs et des lamaneurs, le nombre d’EVP traités par jour ou encore le temps moyen d’accès à quai. À Marseille-Fos, les indicateurs maritimes reposent sur le nombre d’EVP traité par escale, le volume moyen par jour, la fluidité de l’escale avec le nombre de navires qui atteint un poste à quai sans attente et la productivité des équipements de manutention portuaire. Pour comparer les deux ports, nous prendrons les critères identiques. Ainsi, le nombre de conteneurs traités par jour est de 7 040 au Havre, un chiffre en hausse et de 3 290 EVP à Marseille. Quant au temps d’attente, Le Havre affiche 85,3 % de porte-conteneurs qui attendent moins d’une heure sur rade quand Marseille en déclare 93 %. Marseille ajoute que les terminaux du port traitent 793 EVP par escale en moyenne. La progression de 4 % du volume en 2015 a aussi permis de maintenir la productivité des outils de manutention à 29 mouvements par heure. « La productivité de manutention se maintient avec des outillages pouvant atteindre jusqu’à 45 mouvements Les programmes de modernisation des outils portuaires seront des facteurs d’amélioration pour les prochaines années », précise la direction du port. Au Havre, la performance maritime passe aussi par la connectivité avec les liaisons maritimes régulières. Le port normand en affiche 577 soit 19 de plus qu’en 2014. La performance terrestre vise, pour sa part, à calculer le temps de passage d’une boîte depuis le navire sur un mode. Les deux ports français examinent leur part de mode massifié. Au Havre, le ferroviaire souffre et ne représente que 4,4 % en 2015. Le fluvial est passé de 9,9 % à 8 %. À Marseille, la part des modes massifiés est globalisée. Ferroviaire et fluvial ensemble représentent 18 %. Le port annonce une progression de 13 % pour le fer et de 4 % pour le fleuve entre 2014 et 2015. Pour la route, le temps de passage moyen d’un camion est de 29 minutes, soit trois minutes de plus qu’en 2014. Au Havre, la situation est aussi à la hausse. Les temps des rotations locales, régionales ou nationales augmentent. Cette progression varie entre 5 minutes pour les locales, 31 secondes pour les régionales et 4 secondes pour les nationales. Néanmoins, l’amélioration du temps de passage des camions depuis la mise en place par Soget du système de rendez-vous pour les camions passe de 23 % à 25,8 % de satisfaits.
Entre 4 et 5 minutes pour dédouaner un conteneur
Enfin, le troisième point concerne les performances de passage des marchandises à l’import et à l’export. Il ressort pour le port du Havre que les différents critères enregistrent des baisses de temps, ce qui s’avère positif. En moyenne l’envoi du manifeste se fait 3,5 jours avant l’arrivée du navire, l’obtention du Bon à sortir est de 1,91 jour, soit mieux que les 2,1 jours en 2014 et le temps moyen de stationnement d’un conteneur sur le terminal se stabilise à 3,6 jours. À Marseille, le temps de délivrance du Bon à sortir est de 2 jours. Le délai entre l’obtention du bon à sortir et l’enlèvement du conteneur est de 2 jours, soit stable.
Les conteneurs à l’export, qui restent malgré tout moins nombreux, restent 5,75 jours sur le terminal depuis leur entrée jusqu’au « vu à bord ». Sur le port de Marseille-Fos cette procédure prend quatre jours.
Pour les deux ports, disposant de Port Community System, les déclarations douanières sont réalisées dans des délais rapides. Au Havre, le temps moyen de dédouanment se fait en 5 minutes. À Marseille, 90 % des conteneurs sont traités en moins de 5 minutes.
L’exercice a le mérite d’exister et permet de donner aux chargeurs et aux opérateurs portuaires une estimation de la qualité qu’ils peuvent attendre. L’étape suivante sera d’harmoniser ou de normer les critères pour faire du benchmarking en Europe voire avec les ports des autres continents.