Du nord au sud en passant par l’ouest, l’Afrique devient un véritable eldorado pour les opérateurs conteneurs. À comparer avec l’Asie, les volumes ne sont pas du même tonneau, mais les chiffres de croissance sont plutôt encourageants. Il ressort aussi des chiffres de l’an passé une augmentation du nombre de ports millionnaires. Le continent a eu du mal à entrer dans ce cercle mais les croissances économiques et démographiques ont poussé les trafics vers le haut. En gain net, le nombre de millionnaires en Afrique est de un port. En 2014, sur l’ensemble du continent quatre ports ont affiché un trafic supérieur à 1 MEVP. Ils sont cinq en 2015. Au chapitre des nouveaux entrants, le complexe portuaire de Lagos fait son entrée dans ce cercle ainsi que Mombasa. Du côté obscur, c’est à Alexandrie que le port, en perdant 50 %, se retrouve déclassé hors des millionnaires.
Sur la côte septentrionale de l’Afrique, Tanger Med, à l’ouest, et Port Saïd, à l’est, conservent leur place de hub avec des trafics compris entre 3,4 MEVP et 2,9 MEVP. Le port égyptien conserve sa première place mais a enregistré une baisse de 17 % de son volume.
En attendant le second terminal de Casablanca
Dans la partie orientale de la Méditerranée, les hubs se font et se défont au gré des choix stratégiques des armements. Hier hub, Port Saïd a perdu une partie de ses volumes au profit de ports comme Constanta en mer Noire que les armateurs touchent directement depuis l’Asie avec des navires plus grands. Les investissements réalisés par DP World dans le port roumain ont permis d’améliorer l’attractivité et d’éviter un transbordement en Méditerranée. Au Maroc, si Tanger Med a réussi sa conversion vers le statut de hub, avec une gouvernance différente des autres ports du royaume chérifien, le port de Casablanca maintien sa progression sur les dernières années. L’entrée en service du second terminal à conteneurs dans les prochains semestres devrait certainement le faire entrer dans le cercle des millionnaire. Quant à Agadir, dans la partie centrale du Maroc, le développement des trafics de produits frais se confirme chaque année. Il devient le second pôle conteneurs du Royaume chérifien.
La bataille des hubs de l’ouest
Sur la partie occidentale de l’Afrique, le complexe portuaire de Lagos ne cesse de grossir. Avec une démographie galopante et une classe moyenne qui s’accroît d’années en années, le Nigeria réussi à s’imposer comme la locomotive économique de la région. Seule épée de Damoclès au-dessus de ce pays, les prix du baril du pétrole. En effet, en Afrique de l’ouest, de nombreux pays comme le Nigeria, l’Angola ou le Gabon ont assis leurs économies sur les ressources pétrolières. Tant que le prix du baril dépassait les 100 $, l’économie pouvait croître. Mais, avec la chute à des niveaux inférieurs à 50$/baril, c’est toute l’économie qui est ébranlée et qui souffre. Ainsi, en Angola, si les chiffres réels ne sont pas encore communiqués, les trafics de Luanda sont estimés au mieux à 910 000 EVP au pire à 850 000 EVP. D’autres pays de la sous région ont su profiter de nouveaux investissements dans leur port. Lomé, avec son nouveau terminal à conteneurs a vu ses trafics tripler au cours de l’année. L’arrivée de MSC est pour le port une aubaine. Jouant sur ses capacités nautiques naturelles, Lomé mène une campagne depuis quelques années pour devenir le hub régional. Il se trouve dans cette compétition face à Pointe Noire et demain Kribi au Cameroun.
Port Réunion se rapproche de Port Louis
Il faudra aussi compter avec Abidjan et son futur second terminal à conteneurs. Quant à Dakar, le terminal de DP World fonctionne à plein et le futur terminal doit offrir de nouvelles capacités pour le port sénégalais, d’autant plus qu’il joue sur un atout de taille: le port occidental le plus proche du canal de Panama.
À l’est et dans le sud, Mombasa a fait son entrée dans le cercle des millionnaires. Le port kényan a gagné presque 20 % de son trafic pour franchir le cap du million d’EVP. Il est suivi de près par Djibouti dont China Merchants, l’actionnaire du terminal à conteneurs, veut faire une plate-forme de transbordement dans la région. En Afrique du sud, Durban continue sa croissance et confirme sa place de premier port conteneurisé de la sous-région. Il distance de loin les autres places sud-africaines. La question de la privatisation des ports sud-africains est toujours sur le devant de la scène mais sans que les appels d’offre ne sortent sur la place publique. Transnet n’est pas encore décidé à voir entrer la concurrence sur son territoire. Quant à La Réunion, son nouveau statut de hub dans l’océan Indien pour le groupe CMA CGM lui a permis de gagner 17,2 % à 149 663 EVP. Il se rapproche de son concurrent direct, Port Louis à Maurice à grands pas. L’écart est passé de 170 000 EVP à 110 000 EVP en un an.