Après avoir été la première puissance maritime européenne au XVIIe siècle, les Pays-Bas disposent aujourd’hui de la plus grande flotte fluviale du Vieux Continent. Fort de quelque 8 400 bateaux commerciaux en exploitation sur un réseau fluvial comportant 400 ports intérieurs, dont 150 de grande importance, le royaume détient un record: plus d’un tiers des transports de marchandises sur le territoire intérieur s’effectue par les fleuves. Un trafic qui a porté sur 365 Mt de marchandises en 2014. Preuve du rôle primordial de ce trafic intérieur, le réseau fluvial assure 80 % des acheminements de marchandises en vrac sur le territoire national. En outre, plus d’un conteneur sur trois circulant aux Pays-Bas est transporté par voie fluviale (35 %) pour un trafic annuel de 4,5 MEVP. De fait, la diversité de la flotte permet d’acheminer toutes sortes de marchandises. Les plus petits porteurs peuvent transporter jusqu’à 350 t et les plus grands jusqu’à 16 000 t. Sans surprise, ce dynamisme provient du pouvoir d’attraction du port de Rotterdam, première porte de circulation de marchandises en Europe. Au total, quelque 110 000 bateaux par an transbordent des marchandises à Rotterdam. Partant de là, le secteur fluvial joue un rôle de transporteur de premier rang grâce à un judicieux quadrillage des moyens logistiques sur le territoire. Pour les marchandises en vrac, quelque 36 dépôts dotés d’équipements hors pair, permettent des transbordements fluviaux. Pour le trafic conteneurisé, 25 terminaux dédiés regroupés dans l’alliance professionnelle Inlandlinks, assurent le ravitaillement ou le délestage de conteneurs à destination ou en provenance de Rotterdam. Au sein d’Inlandlinks, un système de planification informatisé permet aussi d’assurer des connections entre liaisons maritimes, fluviales ou ferroviaires en un temps record. Sans compter que 96 autres terminaux pour conteneurs situés hinterland sont reliés à cette alliance, dont une trentaine en Allemagne.
Des complexes fluviaux multifonctionnels
Sur le terrain des échanges intermodaux de conteneurs, les installations portuaires d’Utrecht et celles de Nimègue agrandies depuis l’année dernière, représenteraient un état de l’art en la matière. D’autres complexes fluviaux multifonctionnels comme Bergen op Zoom, Delfzijl et Hengelo ont aussi un rôle de premier plan. Sur le plan des équipements ferroviaires, Rotterdam se targue d’un réseau comptant 250 liaisons par train à partir de ses installations portuaires. Mais l’épine dorsale du transport ferroviaire s’avère être la Betuwelijn, la ligne de fret 160 kilomètres reliant Rotterdam à la Ruhr. À l’heure actuelle, le trafic hebdomadaire porte sur une circulation de 5 509 trains pour la plupart chargés de conteneurs. Le coup d’envoi à la construction d’un troisième tronçon de 70 km a récemment été donné. Mais la circulation des trains sur cette partie de la ligne située en territoire allemand, ne démarrera qu’en 2022. En termes de prévisions, « une croissance faible à modérée est attendue jusqu’en 2020 dans le transport fluvial », estime une analyse sectorielle du cabinet Ecorys réalisée pour le compte du ministère néerlandais de la Circulation et de la gestion des voies d’eau. Pour les marchandises en vrac, les acheminements de biomasse, de biodiesel, de déchets recyclables et de métaux sont promis à étoffer l’activité de la branche dans les prochaines années, détaille l’étude. Pour le secteur conteneurisé, plusieurs vecteurs de croissance sont attendus. L’accroissement de la production de biens en Asie et en Europe de l’Est devrait se révéler l’un des moteurs de croissance. « La part des transports fluviaux hinterland devrait grossir grâce à l’impulsion attendue de la mise ne exploitation des nouveaux terminaux de Maasvlakte 2 à Rotterdam et de l’ouverture de plates-formes multimodales », selon le cabinet Ecorys. De son côté, la société d’exploitation du port de Rotterdam fait du développement de la branche du transport fluviale une de ses priorités. Des termes même de son directeur général, Allard Castelein: « Un de nos objectifs stratégiques est d’accroître l’efficacité des transports et des connections hinterland. »