Dans leur rapport publié le 14 octobre, la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) et le CENIDH (Centre nicaraguayen des droits de l’Homme) appellent le gouvernement du Nicaragua à mettre un terme à son projet. Il causerait de « graves dégâts », indique les deux organisations pour lesquelles le canal du Nicaragua « présente de nombreuses violations des droits humains ». De plus, l’étude démontre que le régime de concession octroyé à la société chinoise HKND (Hong Kong Nicaragua Developpement) est exceptionnel. « Un régime dans lequel les garanties constitutionnelles et légales prévues par le droit nicaraguayen ne sont pas respectées, tout particulièrement en ce qui concerne les droits à la propriété, à un logement adapté, à l’eau, à l’alimentation, le droit de vivre dans un environnement sain et le droit à des consultations préalables, libres et informées. » Par ailleurs, le cadre légal des expropriations ne prévoit aucun recours. Quelque 30 000 à 120 000 paysans seraient sans domicile suite à ce projet.
L’État s’accapare les terres et l’eau
Pour les organisations de défense des droits de l’Homme, l’État nicaraguayen s’accapare les terres et l’eau. « Le gouvernement a qualifié les leaders qui s’opposent à la concession du canal d’ennemies du développement. Cette rhétorique est insupportable. Personne ici n’est contre le développement. Nous voulons simplement un développement durable, responsable, respectueux des lois et des êtres humains », a indiqué Vilma Nuñez, présidente du CENIDH. Pour enfoncer le clou, le président du Panama, Juan Carlos Varela, a souligné le risque financier à construire ce canal, lors d’une conférence de presse à Berlin. « Un nouveau canal, au Nicaragua par exemple, ne sera pas économiquement viable. Le Nicaragua a bien sûr le droit de construire ce canal et les entrepreneurs chinois qui s’y intéressent aussi, mais je pense qu’il s’agit plus de spéculations que d’une réalité. »
Octroyée en 2013 au groupe chinois HKND, ce projet de canal a inauguré les travaux en décembre 2014. En décembre 2015, le concessionnaire a annoncé suspendre pour un an les travaux. Ils doivent reprendre fin 2016. Après ces attaques, les autorités nicaraguayennes n’ont pas souhaité commenter ces nouveaux développements à l’AFP.