Une réforme douanière pour accélérer les flux

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La Colombie déploie tous ses efforts pour que ses ports jouent un rôle majeur sur les deux océans, Atlantique et Pacifique. Elle multiplie les accords d’échanges avec les grandes puissances mondiales et s’est dotée d’une nouvelle réglementation depuis le mois de mars, appelée le Statut douanier. Ce Statut reprend à son compte les principes de l’Organisation mondiale des douanes ainsi que les recommandations de la Communauté andine et celles de l’Organisation pour la coopération et le développement économique. Cela se traduit notamment par des investissements, publics comme privés, pour améliorer la sécurité, réduire les temps et le coût des démarches douanières et rendre ces services plus compétitifs.

Ces démarches prenaient jusque-là quelque 130 heures, selon une étude de l’USAID (Agence américaine pour le développement international). Les nouveaux équipements – et notamment les scanners mis en place ces dernières semaines pour les conteneurs, les palettes et les colis dans les ports de Buenaventura à l’ouest, Carthagène, Barranquilla et Santa Marta au nord – doivent permettre de les faire descendre à moins de 48 heures. Carthagène, tout premier port du pays, a même obtenu une première certification par la Container Security Iniciative sur les règles de contrôle qui y sont désormais appliquées. Ainsi, l’inspection d’un conteneur par les autorités nécessite désormais 15 minutes quand il fallait auparavant 24 heures.

Lutte contre la contrebande

Ces nouvelles règles donnent une meilleure traçabilité aux marchandises qui quittent le pays. Elles sont suivies depuis la Colombie jusqu’à leur arrivée aux États-Unis où, grâce aux nouvelles modalités mises en place, les contrôles sont désormais allégés. Pour celles qui ne font que transiter la procédure est très allégée, avec un enregistrement électronique et la fin de la garantie exigée jusque-là pour les marchandises temporairement stockées sur le lieu de déchargement.

La réforme douanière a aussi des répercussions sur l’organisation des flux. Les centres de distribution logistique internationale dans les ports sont renforcés. Ce qui va permettre d’amplifier les opérations qui peuvent y être réalisées. De plus, les ports vont être décongestionnés grâce à la mise en place de zones de contrôle communes à plusieurs d’entre eux et où seront installés les autorités douanières, et ce notamment pour les ports de la côte Caraïbe.

Enfin, le Statut douanier doit permettre aussi de mieux lutter contre la contrebande, véritable fléau en Colombie. Douanes et justice pénale sont désormais mieux armées, avec des peines plus sévères prévues à l’encontre des délinquants. Les profits de la contrebande en Colombie sont estimés à 6 Md$, qui échappent évidemment au système économique traditionnel et à l’État.

Carthagène prête aux post-Panamax

Le port sur lequel mise la Colombie reste bien sûr Carthagène. Au cours des 20 dernières années, il a multiplié par sept le nombre des conteneurs qu’il traite. Au cours des deux dernières années, il a construit de nouveaux hangars de stockage, monté cinq nouvelles grues destinées aux post-Panamax et qui viennent compléter les douze déjà présentes, a fait creuser ses accès pour qu’ils atteignent 20,5 m et a sérieusement accru sa productivité. Ses huit quais cumulent plus de 1 600 mètres linéaires. Le plan stratégique établi pour Carthagène prévoit des investissements de 1,2 Md$, dont plus de la moitié a déjà été réalisée. Deux cents autres millions de dollars sont également investis par le terminal Compas qui s’allie à APM Terminals, toujours dans le but d’adapter les manutentions aux navires post-Panamax.

Ces atouts lui ont permis l’an dernier de mieux résister à la baisse du trafic conteneurs qu’ont connue ses voisins d’Amérique centrale, et notamment les deux ports, côté Atlantique et Pacifique, du Panama. Avec 2,6 MEVP traités en 2015, il est aujourd’hui à la quatrième place des ports latino-américains, derrière Balboa et Colón au Panama, et Santos au Brésil. Il compte même atteindre cette année les 5 MEVP et, à court terme, obtenir la deuxième place au palmarès.

Son trafic global représente environ 50 Mt et devrait doubler dans les prochaines années. À condition cependant que l’accès au port, niché au fond d’une baie, reste fluide. La concurrence est rude en effet et la crainte des dirigeants du port est que les compagnies délaissent Carthagène pour d’autres ports des Caraïbes. Afin de maintenir sa position, un deuxième chenal d’accès de 15 m de profondeur va être creusé.

Un nouveau port près de Panama

Il s’appelle aujourd’hui Puerto de Turbo et son principal trafic porte surtout sur les bananes massivement produites dans la région qui l’entoure, en bordure du golfe d’Uraba. Mais des investisseurs privés ont décidé d’apporter 600 M$ dans un projet autrement plus ambitieux qui deviendra Puerto Antioquia. Le but est en particulier d’assurer un débouché maritime à toute la production du centre de la Colombie, et notamment de la région de Medellin, la deuxième région industrielle du pays derrière Bogota. Le port est aussi idéalement placé et sera le plus proche du canal de Panama. Le nouveau port, qui devrait voir ses travaux d’aménagement débuter en 2017, est prévu pour un trafic de 7 Mt, dont 1,2 Mt par conteneurs et conteneurs réfrigérés, et concernera aussi les véhicules et les vracs. Faute de quais et du fait du peu de fonds, le trafic actuel se fait avec des navires à l’ancre dont les marchandises sont acheminées par barges jusqu’à la terre. Les promoteurs du projet rappellent que le déchargement d’un navire de 200 EVP prend actuellement deux jours, quand il faut trois à quatre heures pour un navire à quai. Puerto Antioquia sera donc doté d’une plate-forme en mer de 550 m sur 115 m avec une souille de 14 m, elle-même reliée à la terre par un viaduc de 4,2 km de long. À terre, la zone portuaire s’étendra sur 40 ha.

Les compagnies maritimes pourraient être aussi séduites par le moindre coût que permettra le nouvel outil grâce aux escales plus courtes. Enfin, la holding qui mène le projet, PIO SAS (Ports, Investissements et Ouvrages), gère déjà deux terminaux à Buenaventura et un troisième au Costa Rica.

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