L’Amérique du Sud souffre depuis trois ans

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L’Amérique latine n’a pas échappé aux conséquences du ralentissement économique mondial au cours des dernières années. Selon une étude de la Cepal (Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine) réalisée en octobre 2015, l’économie sud-américaine a souffert cette année-là pour la troisième année consécutive. La conjoncture au cours des derniers mois avec la baisse de la croissance chinoise, l’endettement croissant des pays et la surcapacité de l’offre des matières premières pèse sur l’économie mondiale mais aussi l’Amérique du Sud. « L’Amérique latine n’échappe pas à ce cadre international de récession, indique l’étude de la Cepal. Pour la troisième année consécutive, le PIB diminuera et les exportations suivront le mouvement. Une situation que le continent n’a pas connue depuis la Grande Dépression des années 1930. La fin du cycle de la hausse des prix des matières premières, la décélération de l’économie chinoise et la croissance faible de la zone Euro ont plongé l’Amérique du Sud dans cette situation. »

L’Amérique du Sud a en effet connu un essor rapide depuis le début des années 2000 grâce à sa production minière. Vale, parmi les cinq premiers miniers de la planète, joue un rôle majeur dans les exportations de minerais de fer et de manganèse au départ du Brésil. Le Pérou et le Chili avec les exportations de cuivre, d’argent, de fer mais aussi de matières premières agricoles comme le maïs, le sucre ou encore le café participent activement au développement du continent. Quant à l’Argentine, ses capacités d’exportation pour les céréales (blé, maïs et soja) mais aussi les produits réfrigérés comme la viande en font un partenaire économique non négligeable de l’Europe. Enfin, si l’Amérique du Sud connaît aujourd’hui quelques difficultés économiques, c’est aussi en lien avec les pays producteurs de pétrole. Le Venezuela, qui se classe dans les trois premiers pays producteurs de pétrole, subit de plein fouet la crise du prix de l’or noir. La baisse de ses revenus liés à cette activité a plongé depuis le début de l’année le pays dans un chaos économique sans précédent.

Diversifier l’économie pour l’export

Continent producteur de matières premières, l’Amérique du Sud conserve ses réserves pour des lendemains plus chantants. Le redémarrage de la production d’acier en Chine sera pour les pays sud-américains le signe d’un nouveau rebond économique. « Les difficultés économiques actuelles freinent les gouvernements dans leur volonté d’implanter une politique industrielle, en raison d’un contexte de croissance ralentie. Le développement de nouveaux secteurs avec une capacité d’export devient plus que jamais nécessaire pour le continent », continue l’étude de la Cepal. Dans une situation de crise comme il en existe aujourd’hui en Amérique latine, renforcer la politique industrielle et technologique pour diversifier l’économie, augmenter la productivité et intégrer une plus grande formation n’est plus seulement impératif mais devient un élément fondamental de la stabilité sociale. À regarder les chiffres des trafics conteneurisés, l’Amérique du Sud apparaît comme le parent pauvre. Avec 14,5 MEVP en 2015, l’Amérique latine (intégrant le continent sud-américain depuis le Mexique jusqu’au Cap Horn en passant par les Caraïbes) pèse 14,6 % des échanges mondiaux de conteneurs (chiffres publiés par le consultant néerlandais Dynamar). Des trafics relativement équilibrés, surtout lorsqu’ils sont comparés aux échanges des autres continents. L’Amérique latine exporte 6,1 MEVP quand elle en importe 8,3. Des chiffres qui datent de 2015 et qui sont restés stablesdepuis cinq ans. En 2011, le déséquilibre des flux d’Amérique latine a été de 2,5 MEVP. Cinq ans plus tard il s’établit à 2,2 MEVP. Au cours de ces années, le déséquilibre des flux conteneurisés s’est aggravé en 2009 et 2010 avant de revenir à son niveau antérieur. Quant aux échanges entre l’Europe et l’Amérique latine, ils ont pesé pour 3,3 MEVP en 2015. Un chiffre en constante croissance depuis cinq ans. En 2011, les trafics conteneurisés entre les deux continents ont représenté 2,8 MEVP. En 2015, ils entrent pour 3,3 MEVP, soit 15,5 % de plus. Globalement, l’Amérique latine se situe dans la même catégorie que l’Afrique en termes d’échanges conteneurisés. Le déséquilibre de flux entre les importations et les exportations se situe aux environs de 200 000 EVP en faveur des exportations sud-américaines, à savoir que les conteneurs exportés d’Amérique du Sud vers l’Europe sont plus nombreux que dans le sens inverse. La nécessité de mettre en place une politique industrielle plus diversifiée sur des produits à valeur ajoutée et de la technologie serait pour les pays sud-américains une façon de peser plus lourdement dans les relations commerciales avec l’Europe. Aujourd’hui, les conteneurs en exportation des pays sud américains sont avant tout des produits non transformés dont une grande partie concerne des produits sous température dirigée.

Tirer profit du canal de Panama

Pour ce faire, l’ouverture du nouveau jeu d’écluses du canal de Panama, le 26 juin, pourrait jouer un rôle. Des pays comme la Colombie tentent de s’imposer comme une place de groupage et dégroupage en sortie du canal. Le port de Buenaventura mène une stratégie dans ce sens. L’ouverture de cette infrastructure devrait jouer un rôle pour les pays sur les grandes routes commerciales. Les pays plus au sud du canal ne devraient pas en tirer de profit dans l’immédiat. Plus globalement, l’ouverture de ce canal présente un avantage considérable pour le continent. En pouvant accueillir des unités de 13 000 EVP mais aussi des vraquiers super Panamax, il est au centre des réflexions des armateurs sur une redistribution des grandes routes commerciales. Les gains de coûts pourraient voir des lignes ou des services emprunter cette route plutôt que d’utiliser celle du canal de Suez. Dans les Caraïbes, les ports ont compris le rôle qu’ils pouvaient jouer pour la desserte de l’Amérique du Nord et du Sud. Kingston, Mariel à Cuba, Buenaventura mais aussi les ports panaméens s’organisent dans cette optique. Ils investissent lourdement dans de nouveaux quais ou des entrepôts pour jouer ce rôle.

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