Callao reste le premier port du Pérou et concentre à lui seul 75 % de son trafic maritime. Adossé à la capitale, Lima, il est en effet le débouché naturel de la principale région de production du pays et son premier lien d’approvisionnement en provenance de l’extérieur. En concurrence avec les ports des autres pays andins, Colombie, Équateur et Chili, il souhaite devenir, comme plusieurs d’entre eux, et en particulier Buenaventura et Guyaquil, le hub du Pacifique pour les marchandises en provenance d’Asie. Avec 772 000 EVP, il a vu passer l’an dernier le tiers du trafic conteneurs de la Communauté andine. Un chiffre en progression de 2,3 % alors que les ports équatoriens et boliviens enregistraient quant à eux une baisse.
Pour ce faire, les accès ont été creusés et atteignent désormais une profondeur de 16,5 m. Les deux principaux terminaux, opérés par DP World et APM Terminals, poursuivent leurs investissements et s’équipent des grues nécessaires au déchargement des post-Panamax.
Problème de sécurité
Cependant, ces bons résultats sont tempérés par les critiques de la Chambre de commerce de Lima. À la suite d’une étude rendue publique en septembre, elle regrette que le déchargement et le stockage d’un conteneur, hors passage par la douane, coûtent autour de 1 500 $ à Callao, quand ce coût tourne habituellement entre 300 $ et 500 $ dans les pays voisins.
Toujours selon la Chambre de commerce, ce surcoût est dû notamment au manque d’infrastructures et d’équipements. Elle liste ainsi l’absence de routes et d’espaces de transit spécifiquement dédiés aux camions qui entrent et sortent du port, et le manque de systèmes de sécurité.
Le message semble avoir été entendu par le ministère des Transports qui a annoncé fin septembre la création de corridors logistiques afin d’optimiser le transit, décongestionner la circulation à Callao et Lima et surtout réduire le coût logistique le plus élevé d’Amérique latine. Ces corridors, réservés aux camions et plus facilement contrôlables, devraient aussi permettre de lutter contre le trafic de drogue et le crime organisé. Le port de Callao connaît en effet un autre handicap lié cette fois au trafic de la cocaïne, dont il est le principal débouché du pays. Avec les conséquences qui en découlent: corruption de policiers et douaniers, implication des dockers dans les trafics, violences avec une moyenne d’un meurtre tous les deux jours dans les rues de la ville de Callao.
Deux ports en projet
Callao, tout comme Paita, le second port du pays, restent limités tous les deux dans leur développement par leur enclavement dans des villes. Le pays mène donc de front plusieurs projets de ports pour développer ses échanges maritimes et compléter ses outils pour la réception de marchandises en provenance d’Asie avant leur passage par le canal de Panama.
Le port de Chancay viendra en appoint de celui de Callao, 70 km plus au sud. Les travaux d’aménagement ont débuté en mai. Ils représentent un investissement d’1,8 Md$ et portent sur l’extension d’un terminal existant pour en porter la surface à 96 ha. Il sera doté de 10 quais dédiés à terme au trafic de conteneurs. Un autre important ouvrage du projet est la construction d’un tunnel qui permettra de relier le complexe portuaire à la route Pan-Américaine en passant sous la ville de Chancay.
Autre projet ambitieux, celui de Puerto Eten, au nord. Il vise lui aussi les grands porte-conteneurs, pour redistribuer ensuite leur chargement sur les pays voisins, et notamment l’Équateur. Il devrait représenter un investissement de 575 M$, qui pourrait provenir majoritairement, voire intégralement, de fonds privés. Il concerne à la fois un projet portuaire en eaux profondes, une zone franche et une zone industrielle ainsi qu’un aéroport et les voies d’accès à l’ensemble des sites. Il a déjà fait l’objet de propositions d’un groupe italo-colombien d’une part, et du gouvernement chinois d’autre part. La première est en cours d’examen. Fin septembre, c’était au tour d’un groupe français, dont le nom n’a pas été dévoilé, d’annoncer son souhait de présenter une Initiative privée autofinancée.