En juin 2015, la présidente du Brésil Dilma Rousseff a annoncé un vaste programme d’investissements dédiés aux infrastructures, véritable talon d’Achille du pays. Insuffisantes et souvent en mauvais état, ces dernières entravent en effet le développement du commerce international et la compétitivité du pays, générant le fameux « coût Brésil ».
Plus d’un tiers des investissements globaux devaient être prévus d’ici à 2018, et, à terme, 37 Md€ consacrés aux seules infrastructures portuaires. Parmi les projets évoqués figuraient 50 nouvelles concessions, 63 nouveaux terminaux d’usage privatif (TUP) et le renouvellement anticipé de 24 concessions. Selon Brasilia, le premier bloc de concessions portuaires devait concerner 29 terminaux, démarrer dès 2015 et se dérouler en deux phases, pour un investissement total estimé à 4,7 milliards de réals (1,3 Md€). La première étape devait porter sur les concessions de cinq terminaux céréaliers au Pará et trois terminaux à Santos (un pour les céréales et deux pour le transport de cellulose). La seconde étape devait être dédiée aux concessions de terminaux de céréales (deux au Pará et quatre à Santos), de terminaux de marchandises générales et de conteneurs (un au Pará et deux à Santos), et de douze terminaux pour les carburants et le GPL au Pará. Le second bloc de concessions, programmé pour le premier semestre 2016, aurait dû porter sur 21 terminaux (céréales, conteneurs, vracs liquides, cellulose ou marchandises générales), répartis entre Suape (État du Pernambouc), Aratu (Bahia), Rio de Janeiro, São Sebastião et Santos (Sao Paulo), Paranaguá (Paraná), São Francisco do Sul (Santa Catarina), Manaus (Amazonas), Santana (Amapá) et Itaqui (Maranhão).
Un ambitieux programme qui s’est vite enlisé
Mais cet ambitieux programme s’est vite enlisé. Seuls quelques contrats de concessions anticipées ont été signés. Trois appels d’offres effectifs ont été lancés fin 2015 sur la zone de Santos, tandis que les six aires portuaires concernées dans l’État du Pará ont vu leurs appels d’offres ajournés, puis annulés, les scandales politico-financiers et la récession ayant eu raison de l’intérêt des investisseurs privés.
Après la destitution de Dilma Rousseff, le nouveau gouvernement brésilien a finalement lancé en septembre un programme de privatisations pour relancer l’investissement dans un pays en pleine débâcle économique. Brasilia a notamment prévu de céder au privé d’ici au mois de mars 2017 des licences d’exploitation pour deux terminaux de carburant dans le port de Santarem (en Amazonie) et un terminal pour le blé à Rio de Janeiro. Est aussi évoqué le renouvellement de deux concessions pour le terminal de fertilisants de Paranaguá et le terminal de conteneurs de Salvador (Bahia). Parallèlement à ce « projet croissance », le gouvernement espère doper l’intérêt du secteur privé en modifiant la législation. Les taux de rentabilité des projets ne seront plus limités. Pour faciliter les investissements à long terme, les pouvoirs publics vont mettre à disposition des éventuels candidats 30 milliards de réals de financement (environ 8 Md€). Prudent, le nouveau gouvernement n’a toutefois pas voulu chiffrer le montant des investissements espérés.