Bataille rangée sur l’accès à la mer

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Les démêlés entre la Bolivie et le Chili sur l’accès à la mer de la première se poursuivent. La Bolivie a été privée de cet accès à la fin du xixe siècle suite à sa défaite dans la guerre du Chaco. Le sujet est toujours douloureux aujourd’hui et a pris une nouvelle dimension il y a une quinzaine d’années avec la découverte en Bolivie de colossaux gisements de gaz, les quatrièmes de la planète par leur ampleur avec 60 Mm3 extraits par an. Même si le pays souhaite utiliser ce gaz en priorité pour son propre développement, les réserves sont telles qu’il compte aussi les exporter.

Actuellement, près de 50 Mm3 de gaz bolivien trouvent chaque année leurs débouchés par gazoducs dans des ports d’Argentine et du Brésil. Mais la logique voudrait qu’ils puissent aussi sortir vers l’Asie par le Pacifique. Côté Chili, ses ports les plus au nord – à savoir Antofagasta, Mejillones, Iquique et surtout Arica – sont déjà très utilisés par l’économie bolivienne. C’est là où le bât blesse: ses ports et toute la région qui les abrite, le désert d’Atacama, étaient précisément boliviens avant le traité signé en 1895. La Bolivie ne va pas jusqu’à en demander la rétrocession. Mais elle souhaite obtenir un corridor de tout juste quelques kilomètres de large qui lui rendrait enfin son accès souverain à la mer.

Accès facilité aux ports chiliens

Évidemment, le Chili ne l’entend pas de cette oreille et tous ses dirigeants depuis la fin de la dictature de Pinochet font front commun pour rejeter la demande de leur voisin. Ils s’appuient sur le respect des traités internationaux et voient dans la demande bolivienne d’un morceau de territoire une menace pour l’équilibre des relations internationales. En contrepartie de son refus, le pays a mis en place des mesures très favorables à la Bolivie pour l’accès à ses ports du Nord, avec des zones franches qui lui sont spécialement dédiées, des accords de libre transit et des tarifs préférentiels. Mais rien encore de spécifique pour réceptionner le gaz et l’expédier, puisque la Bolivie refuse de s’engager dans la proposition chilienne d’aménager en conséquence le port de Mejillones, le plus proche à vol d’oiseau des gisements de gaz. En effet, cette offre ne suffit pas à la Bolivie qui, en 2012, a appelé l’ONU à soutenir sa revendication puis, l’année suivante, a finalement porté l’affaire devant la Cour internationale de Justice de La Haye. L’an dernier, celle-ci s’est déclaré compétente et la procédure est actuellement en cours d’instruction.

Plainte au nom des droits de l’Homme

La controverse se poursuit d’année en année devant l’assemblée générale des Nations unies, que le président bolivien Evo Morales a désormais pris l’habitude d’utiliser comme tribune pour la revendication maritime de son pays. Il vient aussi de déposer une plainte, en septembre, devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève concernant l’atteinte à ces droits pour les transporteurs boliviens sur le territoire chilien, notamment dans les ports, et le traitement discriminatoire dont ils seraient l’objet. Le Chili vient à son tour de lancer une offensive fin septembre en déposant une protestation contre la plainte de la Bolivie. Qui a aussitôt riposté en évoquant la possibilité de faire vérifier le bien-fondé de sa plainte par des organismes internationaux indépendants.

Les deux pays sont à couteaux tirés et les relations diplomatiques, rompues depuis des années, ne risquent pas de reprendre de sitôt.

En attendant la décision de la Cour de La Haye, la Bolivie affiche ses nombreux soutiens à travers le monde: des pays comme l’Iran ou la Pologne, des Prix Nobel de la paix comme la Guatémaltèque Rigoberta Menchu ou l’Argentin Adolfo Pérez Esquivel, d’anciens dirigeants comme Fidel Castro et Jimmy Carter, ou encore le pape François et le footballeur Maradona.

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